Cest gentil comme animal ? J'en veux 1 - Topic Qui a un lapin ici ? du 27-02-2018 08:35:44 sur les forums de jeuxvideo.com
Le fait que les lapins sautent n'est pas un fait nouveau et tout le monde le sait. Rien qu'en observant la morphologie du lapin, on peut dĂ©duire que cet animal doit ĂȘtre un grand sauteur. L'Ă©volution de cette espĂšce et sa gĂ©nĂ©tique ont conduit cet animal dans cette voie. Les membres postĂ©rieurs solides et forts des lapins ainsi que leurs membres antĂ©rieurs plus petits, en plus de la lĂ©gĂšretĂ© gĂ©nĂ©rale de leur poids, les ont transformĂ© en des animaux trĂšs athlĂ©tiques en cet article de PlanĂšteAnimal, "Lapin qui saute - Causes et solutions", nous essaierons de comprendre pourquoi les lapins sautent partout, en l'expliquant de deux points de vue possibles le point de vue physique ou organique et le point de vue comportemental. Restez avec nous jusqu'Ă la fin ! Index Pourquoi les lapins sauvages sautent-ils ? Mon lapin saute comme un fou - Causes Comment rendre votre lapin plus heureux ? Lapin qui saute partout - Un problĂšme de santĂ© ? Pourquoi les lapins sauvages sautent-ils ? Physiquement, les lapins sautent parce qu'ils possĂšdent une structure ostĂ©o-musculaire adaptĂ©e et prĂ©parĂ©e pour avancer en vitesse par les sauts afin d'Ă©chapper rapidement Ă une situation dangereuse. Ainsi, les lapins sauvages sautent pour les raisons suivantes Pour Ă©chapper Ă un prĂ©dateurLes lapins, par nature, sautent principalement pour Ă©chapper aux prĂ©dateurs. Le fait d'avoir de grands membres postĂ©rieurs leur permet aussi de changer rapidement de direction et avec agilitĂ© dans la course, une aptitude trĂšs utile pour Ă©viter d'ĂȘtre chassĂ© par un prĂ©dateur. Avec une lĂ©gĂšre modification de la position de leurs pattes lorsqu'ils touchent le sol, les lapins sont capables de sauter dans une autre surmonter les obstaclesD'autre part, cette capacitĂ© de sauter en avant leur permet Ă©galement de contourner diffĂ©rents obstacles sur leur chemin, tels que des puits ou des herbes avantage adaptatif est essentiel pour les animaux appartenant Ă ce genre de proie comme le lapin. Quand on ajoute Ă tout cet arsenal dĂ©fensif le fait que la couleur de leur pelage dĂ©pend beaucoup de l'endroit oĂč vivent les diffĂ©rentes variĂ©tĂ©s de lapins qui existent, on comprend le succĂšs que les lapins ont obtenu en tant qu'espĂšce. Mon lapin saute comme un fou - Causes D'un point de vue comportemental, les lapins sautent pour diverses raisons. Dans une maison, les lapins domestiques n'ont gĂ©nĂ©ralement pas de prĂ©dateurs sauf en cas de cohabitation avec un chien ou un chat qui leur fait peur, ils sautent donc souvent pour s'amuser. Ce saut est caractĂ©risĂ© par un lĂ©ger dĂ©hanchement dans l'air qui nous rappelle une sorte de danse. Voici, en gĂ©nĂ©ral, les principales raisons pour lesquelles les lapins sautent Il est heureux ou joyeuxVous ĂȘtes tranquillement dans le salon lorsque vous voyez votre lapin sauter partout. Rassurez-vous, vous n'avez pas adoptĂ© un lapin fou ! L'une des principales raisons pour lesquelles les lapins sautent est qu'ils sont heureux ou contents. Cela se produit par exemple lorsque vous lui offrez une rĂ©compense ou une friandise qu'il apprĂ©cie ou lorsque vous lui permettez l'accĂšs Ă une partie de la maison oĂč il peut circuler librement. Donc, si vous vous demandez pourquoi votre lapin court et saute comme un fou, c'est probablement parce que c'est ainsi qu'il manifeste son bonheur et sa joie !Il est en train de jouerLes lapins aiment beaucoup s'amuser et jouer, et pour cela ils aiment sauter et courir trĂšs vite. De la mĂȘme façon, nous pouvons voir notre lapin dans cette situation lorsque nous jouons avec lui. D'autre part, il peut aussi ĂȘtre surexcitĂ© pour diverses raisons. Si vous voulez en savoir plus sur les jeux avec le lapin, nous vous invitons Ă lire cet article sur comment jouer avec un veut attirer votre attentionLe lapin qui saute le fait aussi pour attirer votre attention, soit pour recevoir une friandise, une caresse ou tout simplement parce qu'il veut que vous soyez lĂ pour lui. Cela se produit gĂ©nĂ©ralement lorsque le lapin s'aperçoit que son tuteur le rĂ©compense d'une façon ou d'une autre pour ce comportement, ce qui le pousse Ă le faire par habitude. Vous trouverez dans cet article sur "comment savoir si mon lapin m'aime ?" les diffĂ©rentes autres façons utilisĂ©es par le lapin pour attirer votre attentionIl dĂ©pense de l'Ă©nergieLorsque le lapin passe une grande partie de la journĂ©e sans se dĂ©penser physiquement, ce "jeu" lui permet de canaliser son Ă©nergie et de l'intĂ©grer comme une activitĂ© de plus dans sa routine d'exercice vous voulez en savoir plus, voici un article sur le comportement des lapins. Comment rendre votre lapin plus heureux ? Beaucoup de personnes pensent Ă tort qu'adopter un lapin ne nĂ©cessite pas de temps et des efforts, mais ce n'est pas le cas. En effet, les lapins sont des animaux sociaux qui crĂ©ent des liens avec les individus avec lesquels ils vivent. De ce fait, pour maintenir et Ă©tablir des liens positifs avec votre lapin, il est important d'interagir avec lui rĂ©guliĂšrement, de façon agrĂ©able et non effrayante. C'est avec ces liens que le lapin est susceptible de manifester des comportements positifs et ludiques comme le fait de sauter ou de permettre des contacts physiques avec son part, les lapins ont besoin Ă la fois de repos et d'activitĂ© physique. Un lapin avec peu de stimulation mentale et physique fera de moins en moins d'efforts et d'exercice, ce qui nuira non seulement Ă sa musculature mais aussi Ă son humeur. Une idĂ©e pour stimuler ses fonctions cognitives et physiques est de fabriquer des jouets faits rĂ©sumĂ©, un lapin qui bĂ©nĂ©ficie de ses besoins sociaux, de repos, de jeu et d'activitĂ© aura une meilleure qualitĂ© de vie, une meilleure santĂ© et sĂ»rement une longue vie. Ainsi, vous pourrez de votre cĂŽtĂ©, profitez de votre ami Ă fourrure pendant plus longtemps !Pour plus d'informations, ne manquez pas cette vidĂ©o ci-dessous sur la façon de bien prendre soin de son lapin. Lapin qui saute partout - Un problĂšme de santĂ© ? Comme dit plus haut, un lapin qui saute est gĂ©nĂ©ralement un signe positif, cela signifie que le lapin est heureux. Toutefois, si ce comportement devient trop rĂ©pĂ©titif et qu'il est couplĂ© Ă d'autres comportements lapin qui tape du pied, cri du lapin et bruit du lapin, lapin qui tremble..., il est trĂšs probable que le lapin souffre d'un problĂšme de santĂ©. Vous devez alors l'emmener sans faute chez votre vĂ©tĂ©rinaire de confiance pour Ă©tablir un diagnostic fiable. Pour en savoir plus, consultez notre article "Maladie du lapin - 14 maladies courantes du lapin", mais veillez surtout Ă faire examiner votre lapin par Vous ĂȘtes arrivĂ© Ă la fin de cet article ! Nous espĂ©rons vous avoir informĂ© un peu plus sur le comportement du lapin ainsi que sur sa santĂ©. Ă bientĂŽt sur PlanĂšteAnimal ! Si vous souhaitez lire plus d'articles semblables Ă Lapin qui saute - Causes et solution, nous vous recommandons de consulter la section CuriositĂ©s du monde animal. VidĂ©os en lien avec Lapin qui saute - Causes et solution VidĂ©os en lien avec Lapin qui saute - Causes et solution
Pourquoimon lapin court comme un fou ? Le lapin domestique fait de mĂȘme, quand il flaire un danger ou une prĂ©sence insolite. Des bonds en lâair et des pirouettes, parfois en remuant la tĂȘte, sont les manifestations dâune grande joie. Quand il court autour des jambes de son maĂźtre, cela veut dire « Je suis trĂšs content de te voirReconnaĂźtreun coup de folie. Le chat court comme un fou, fait parfois demi-tour sur le mur, pousse des cris effrayants, ou parfois nous guette pour nous sauter dessus et repart aussitĂŽt en courant, dĂ©rapant dans les virages, les oreilles sur le dos et les pupilles dilatĂ©es. Il semble trĂšs excitĂ© par la situation et s'amuse comme un fou
ForumAnimaux7 rĂ©ponses /Dernier post 03/07/2007 Ă 0333Aan0N_472178999z19/06/2007 Ă 1837Bonjour,VoilĂ , j'ai un lapin qui a 3 ans et demi qui est en libertĂ© quand on est lĂ et dans sa cage quand il n'y a personne Ă la maison. Je sais pas si c'est arrivĂ© Ă quelqu'un mon lapin fait des parcours en courant autour de la table, dans le Salon, dans la Cuisine avec un bout de papier dans la bouche oui, il a un vieux catalogue et il lui arrache les pages. En plus, il fait des bruits il grogne quand il court ...Ca nous fait rire mais on se demandait s'il faisait ça parce qu'il est content d'ĂȘtre avec nous. On a l'impression qu'il nous fait la fĂȘte car quelques fois il nous tourne aussi aussi, je voulais savoir si quelqu'un avait un lapin qui se lançait sur le dos et se roulait dans sa cage les 4 pattes en l'air ? Le mien le fait souvent. Il doit ĂȘtre un peu dĂ©rangĂ© ... Votre navigateur ne peut pas afficher ce tag vidĂ©o. Lluba_138800519/06/2007 Ă 1840Bonjour,Alors rassurez vous, c'est le comportement d'un lapin joueur et heureux de vivre parmi vous! A bientĂŽt! Rrojat_162453523/06/2007 Ă 0317Lapin heureuxJe le confirme ce que tu racontes lĂ c'est simplement le bonheur de ton mien il fait tout se roule sur le cotĂ©,se laisse tomber en faisant un bruit d'enfer et il s'Ă©tire de tout son long et dans toutes les positions il soupire d'aise et il pose sa tĂȘte sur le sol comme un petit nous tourne aussi autour et court je ne crois pas du tout qu'il soit dĂ©rangĂ© et qu'il est parfaitement heureux avec Ă 2212En rĂ©ponse Ă rojat_1624535Lapin heureuxJe le confirme ce que tu racontes lĂ c'est simplement le bonheur de ton mien il fait tout se roule sur le cotĂ©,se laisse tomber en faisant un bruit d'enfer et il s'Ă©tire de tout son long et dans toutes les positions il soupire d'aise et il pose sa tĂȘte sur le sol comme un petit nous tourne aussi autour et court je ne crois pas du tout qu'il soit dĂ©rangĂ© et qu'il est parfaitement heureux avec vous.tout tout pareil Ccladie_161339728/06/2007 Ă 1249LolJ'ai jamais vu ca !t'es sure que c'est pas une petit chien que tu as???lolPublicitĂ©, continuez en dessousTthyda_164122401/07/2007 Ă 1659Mes lapins ressemblaient au tienJ'ai sauvĂ© un lapin de clapier d'une mort certaine il y a quelques annĂ©es il nous a quittĂ©s Ă l'Ăąge de 6 ans, le 6 janvier 2004 et il faisait exactement la mĂȘme chose que le le laissions courir dans la maison et il allait chercher les vieux journaux endessous de la cheminĂ©e, il arrachait les pages et courait autour de la piĂšce en poussant des grognements comme des petits ronflements. AprĂšs sa course, il s'Ă©talait de tout son long sur la moquette ou sautait dans le canapĂ©, avons eu de bonnes parties de plaisir Ă le regarder JJennifer7655334403/07/2007 Ă 0333Pareil pour moi ^^C'est le signe qu'il est heureux et en bonne santĂ© alors rĂ©jouis toi ; Les miens aussi adoraient jouer, ils couraient aprĂšs mes pieds en grognant et en se jetant dessus mais uniquement quand j'avais mes gros chaussons en forme de nounours lol Une fois qu'ils avaient rĂ©ussi Ă "l'attraper" ils me lĂ©chaient Ă tout va !C'est vraiment super les lapins ;Vous ne trouvez pas de rĂ©ponse ? Cest une guerre de factions. Chaque groupe est terrĂ© dans son quartier gĂ©nĂ©ral, se fait des ennemis comme des alliĂ©s. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Ătre seul est suicidaire. A vous de choisir. La guerre est imminente chaque camp s'organise avec cette mĂȘme certitude pour la bataille. Liens rapides. account_balanceRĂšgles local_libraryContextePour toute demande d'informations adoption / parrainage Pour dĂ©poser une demande d'adoption formulaire d'adoption NĂ© le 21 dĂ©cembre 2020 Poids 3,2 kg StĂ©rilisation 15 juin 2021 Vaccination fĂ©vrier 2021 Antiparasitaire mars 2021 Conditions d'adoption Covoiturage acceptĂ© dans toute la France. Adoption pour vie en libertĂ© totale ou en semi-libertĂ© enclos avec sorties quotidiennes. Happy sera d'abord placĂ© en famille d'accueil en vue d'adoption. Son histoire Happy est jeune lapin issus d'un surplus de reproduction; il n'a donc pas Ă©tĂ© utilisĂ© pour des expĂ©riences en laboratoire. Il a Ă©tĂ© pris en charge par l'association mi-fĂ©vrier 2021 et vit en famille d'accueil dans le 41, chez Audrey. Son alimentation Les repas d'Happy sont composĂ©s de 30g de granulĂ©s JR Farm, de foin et de 125g de lĂ©gumes variĂ©s mĂąche, endive, cĂ©leri, persil, fenouil, coriandre, pissenlit.... Son caractĂšre Happy est un grand amateur de cĂąlins. Il a tendance Ă mordiller un peu pour rĂ©clamer de l'attention, dont il est trĂšs friand. Les moments cĂąlins ou jeu le mettent en joie et il se met Ă courir avant de revenir vers sa famille d'accueil en faisant des binkies. C'est un lapin propre. TrĂšs curieux, il flaire toutes les portes ouvertes, se prĂ©cipite vers les placards pour vĂ©rifier s'ils sont bien fermĂ©s et fouine partout oĂč il le peut. Il aime courir et jouer avec ses balles. Il grignote parfois ce qui est Ă sa portĂ©e en particulier les tissus, mais comprend le non.Dun coup, il s'est mis Ă courir comme un fou. Il avait l'air content. Il Ă©tait tout seul. Pas d'inquiĂ©tude, ce comportement est une FRAP D'un coup, il s'est mis Ă courir comme un fou. Il avait l'air content. Il Ă©tait tout seul. Pas d'inquiĂ©tude, ce comportement est une FRAP Ăducateur Comportementaliste canin Ăducation canine Ă domicile sur Caen et ses environs.
Les aventures d'un animal inconnu relativement proche du lapin qui tient absolument Ă dĂ©couvrir les plaisirs de la chair. Format Ă lâitalienne LapinsZzzwĂŒk conte l'histoire d'un animal bizarroĂŻde, ressemblant furieusement Ă un lapin, nĂ© et vivant sur une planĂšte tout aussi spĂ©ciale. Il dĂ©couvre trĂšs rapidement qu'il possĂšde un organe entre les jambes qui pourrait lui procurer bien du plaisir. S'ensuivent toute une sĂ©rie d'histoires de quelques pages oĂč notre jeune ami va vivre de bien folles aventures... ScĂ©nariste James Dessinateur Mirroir Boris Coloriste Mirroir Boris Editeur ExpĂ© Editions Genre / Public / Type Humour / Ados - Adultes / BD Date de parution 03 DĂ©cembre 2008 Statut histoire One shot 1 tome paru © ExpĂ© Editions 2008 Les avis
Monlapin nain Yuzu Ă©tait trop territorial avant dâĂȘtre castrĂ©. Sa castration a permis de le calmer un peu et maintenant il ne fait plus pipi partout. Bravo champion !đ . RĂ©sumĂ© des caractĂ©ristiques : Voici un rĂ©sumĂ© des caractĂ©ristiques du lapin belier : Taille et poids : Le poids du lapin bĂ©lier nain et petit bĂ©lier est compris entre 1 et 3 kg et la taille est dâenviron 30
LittĂ©rature jeunesse, Coups de coeur 10 Mai 2017 RĂ©digĂ© par Velidhu et publiĂ© depuis Overblog La colĂšre, ça fait vivre. Quand t'es plus en colĂšre, t'es foutu. AprĂšs "Mon chat boudin", Christine Roussey nous offre "Mon lapin patate". Un album sur la colĂšre et les apparences. Une jolie histoire ou un lapin pas trĂšs beau rend le sourire Ă un petit lapin Patate, il est topUn petit garçon rĂȘve d'avoir un lapin rien qu'Ă lui et quand son oncle lui en offre un pour ses 6 ans, il est fou de joie. Seulement voilĂ , il avait rĂȘvĂ© d'un magnifique petit lapin qu'il pourrait emmener partout. Un lapin qui serait son amis et qui saurait tout faire, surtout des cĂąlins. En ouvrant la boĂźte, il dĂ©couvre un Ă©norme lapin tout moche, une grosse patate avec des yeux qui partent dans tous les il rentre dans une colĂšre noire... NON, ce n'est pas à ça que devait ressembler mon lapin !!! AprĂšs avoir pleurĂ© toutes les larmes de son corps, il sent une petite boule toute chaude tout contre lui, c'est Patate qui le console. Soudain, tout va mieux et dĂ©bute alors une belle amitiĂ©. Comme pour "Mon chat boudin", j'ai totalement craquĂ© pour "Mon lapin Patate". L'histoire de ce petit garçon qui s'imaginait un lapin parfait et qui reçoit une boule de poils si Ă©loignĂ©e de son idĂ©al est juste trop touchante. On y voit comment les enfants gĂšre leur colĂšre en hurlant et dĂ©molissant tout sur leur passage, juste pour Ă©vacuer la frustration. Puis, on y dĂ©couvre leur attachement naturel aux animaux, quels qu'ils soient. Tu vois, ma colĂšre c'est comme une tempĂȘte, ça gronde, ça explose, et puis, ça s'en va. Ma colĂšre, c'est quand je voudrais ĂȘtre grand et que je me sens petit. Ma colĂšre ça me fait pleurer fort, aprĂšs ça passe. Patate est un lapin drĂŽle, gentil et qui se demande pourquoi son petit maĂźtre pleure alors que lui voudrait tant jouer. Alors il patiente, se fait discret puis remue le museau et fait fondre le cĆur de son nouveau copain. Patate, il a tout pour lui, sauf le poil brillant et le style lapin de salon, mais Patate, c'est un vrai pote, et finalement, il n'y a que ça qui une fois j'ai adorĂ© les illustrations trĂšs simples et trĂšs colorĂ©es. Patate est juste incroyablement expressif et on aurait presque envie de l'avoir rien que pour soi. Ce livre c'est aussi une jolie façon de montrer qu'un enfant et un animal, c'est un couple qui fonctionne toujours. A condition de bien choisir l'animal Ă©videmment. Mais l'animal de compagnie est un confident pour l'enfant qui apprend aussi Ă se responsabiliser. Etre plus calme, plus doux, prendre soin d'un ĂȘtre vivant, sont autant de choses que les petits apprennent aux contact d'un animal. Un album Didier Jeunesse Ă vraiment dĂ©couvrir. Mon lapin patate de Christine RousseyParu le 5 janvier 20173-6 ansISBN Partager cet article Pour ĂȘtre informĂ© des derniers articles, inscrivez vousBonjour! et bien mon lapin (gros pinou) voyage tous les 2 mois env en train pendant 4h (3h de train + bu, mĂ©tro) il court avant et devient tout fou parce que je lui mets son harnet, puis je le mets dans son panier de transport. il se met ds un coin (mĂȘme si câest tout petit) et il ne bouge plus, mais il Ă©coute ce quâil se passe autour de lui.
LiĂšvre et lapin sont des animaux lunaires. Que ce soit aux AmĂ©riques, en Europe, en Asie, en Afrique, partout dans le monde, ils sont associĂ©s Ă la lune. On les voit dans les taches sombres que prĂ©sente lâastre de la nuit. En tĂ©moigne la comptine de notre enfance Jâai vu dans la lune Trois petits lapins Qui mangeaient des prunes En buvant du vin. NĂ©anmoins, ce lapin de la lune est aussi reliĂ© Ă la DĂ©esse Terre et au monde souterrain car creuseur de galeries, il vit dans des terriers. Dans nos cimetiĂšres ruraux oĂč il Ă©lit frĂ©quemment domicile, il nâest pas rare de le voir surgir dâune vieille tombe. Sa facultĂ© de procrĂ©ation en fait un symbole de fĂ©conditĂ© associĂ© Ă la lune et Ă sa puissance fĂ©condante qui rĂ©git la vĂ©gĂ©tation, les eaux et le cycle menstruel des femmes [1]. Son nom latin, cuniculus, est peut-ĂȘtre dâorigine ibĂ©rique. LâEspagne, 1000 ans avant notre Ăšre, pullulait de lapins. Les PhĂ©niciens lâappelaient I-Saphan-Im, littĂ©ralement le pays des damans, petits mammifĂšres qui ressemblent aux lapins et quâils ont cru reconnaitre. I-Saphan-Im devint avec les Romains Hispania [2]. Varron 116-27 av. donne cette Ă©tymologie Les lapins, cuniculi, ont pris leur nom au fait quâils ont coutume de creuser eux-mĂȘmes des souterrains, cuniculos, pour se cacher dans les champs. » [3] Pour Isidore de SĂ©ville VIIe s., cuniculus serait une dĂ©formation de caniculus, le petit chien. Il faut effectivement des chiens de petite taille pour dĂ©busquer les lapins dans leurs terriers. Lepus, le liĂšvre, aurait pour origine le mot grec leporis. Naturellement craintif, le liĂšvre est associĂ© Ă la peur. Lâexpression dĂ©taler comme un liĂšvre ou un lapin Ă©voque cette peur, mais ĂȘtre fou comme un lapin fait allusion Ă la lubricitĂ© de lâanimal. La patte de lapin est connue pour ĂȘtre un puissant porte-bonheur. Mythologies et religions Le liĂšvre semble avoir Ă©tĂ© lâanimal prĂ©fĂ©rĂ© dâAphrodite VĂ©nus. On pouvait, selon une ancienne croyance, acquĂ©rir sa beautĂ© et sa grĂące si lâon mangeait du liĂšvre sept jours de suite [4]. Il Ă©tait un symbole de la Grande DĂ©esse chez les Celtes et les Scandinaves [5]. ArtĂ©mis Diane raffolait du sang des liĂšvres quâelle chassait [6]. Elle Ă©tait la compagne du chasseur Orion dont lâimage, Ă sa mort, fut placĂ©e dans les Ă©toiles. La constellation du LiĂšvre se trouve Ă ses pieds. Câest HermĂšs qui lây aurait mise. En Egypte, Osiris est, sous sa forme animale, reprĂ©sentĂ© par un liĂšvre. TuĂ© par son frĂšre Seth, il est dĂ©membrĂ© en quatorze morceaux â 14, la moitiĂ© dâun mois lunaire â Isis, son Ă©pouse dĂ©esse de la lune, le remembre en vingt-sept jours. Le vingt-huitiĂšme jour, elle confectionne le phallus qui remplace le pĂ©nis perdu 7. Osiris a retrouvĂ© son intĂ©gritĂ©. Il est un dieu complet et peut Ă nouveau procrĂ©er. La plĂ©nitude du mois lunaire aboutit Ă Isis en personne. Enceinte du dieu-liĂšvre, elle mettra au monde Horus. En Islam, Ali, le descendant du ProphĂšte, se prĂ©sente sous lâapparence dâun liĂšvre symbolisant le fils sacrifiĂ© [8]. LâidĂ©e du sacrifice divin symbolisĂ©e par la mort du liĂšvre est Ă©galement prĂ©sente dans le bouddhisme. Le boddhisattva prend lâapparence dâun liĂšvre pour se jeter dans les flammes. De mĂȘme, un liĂšvre sâimmole par le feu pour nourrir Bouddha affamĂ© [9]. Le Lapin de PĂąques Nous lâavons vu avec le mythe dâOsiris, le liĂšvre est liĂ© au sacrifice, Ă la mort et Ă la rĂ©surrection, de mĂȘme que son cousin le lapin, habitant de nos cimetiĂšres et manifestation de la lune qui fĂ©conde la DĂ©esse-Terre dans laquelle nous retournons lorsque nous nous Ă©teignons. En Europe, Ă la fĂȘte de PĂąques, les enfants cherchent dans les jardins des Ćufs et des lapins en chocolats. Cette tradition est une rĂ©surgence du culte de la dĂ©esse de la Nature dont les symboles ont Ă©tĂ© absorbĂ©s par le christianisme. Ăstara en pays germaniques, Easter chez les Anglo-Saxons, est une dĂ©esse de fĂ©conditĂ© qui se fĂȘte Ă lâĂ©quinoxe de printemps, moment oĂč le jour et la nuit sont dâĂ©gale longueur, et qui annonce la germination â en dâautres termes, la rĂ©surrection â. Son animal symbolique est le liĂšvre. Ăstara et Easter sont Ă rapprocher dâAstartĂ© / Ishtar / Aphrodite / VĂ©nus. En temps quâimage liĂ©e Ă la DĂ©esse, le liĂšvre a longtemps symbolisĂ© le paganisme dans la chrĂ©tientĂ©. Sa capture par un chasseur Ă©tait autrefois une mĂ©taphore du paganisme vaincu. Mais parce quâil est lunaire et donc de nature changeante et ambivalente, il reprĂ©sente aussi le Fils divin sacrifiĂ© [10] et ressuscitĂ©, le Christ. En outre, dans lâiconographie chrĂ©tienne, trois liĂšvres dans un cercle et unis par les oreilles est un symbole de la trinitĂ© [11]. Ils peuvent rappeler aussi les trois phases de la lune montante, pleine, descendante. Un liĂšvre blanc couchĂ© aux pieds de Marie Notre-Dame incarne la victoire sur la tentation de la chair » [12]. Le Christ au liĂšvre Dans la petite Ă©glise paroissiale de Rennes-les-Bains Aude, on peut mĂ©diter sur un tableau, une piĂ©ta, que le folklore local dĂ©signe sous le nom de Christ au liĂšvre. La peinture prĂ©sente subjectivement, dans les jeux dâombres des muscles et des tendons, lâimage dâun liĂšvre tapi sur la cuisse gauche du Christ mort. Cependant, certains chercheurs voient une tĂȘte de liĂšvre sur le genou droit du Christ et ignorent le liĂšvre couchĂ© de la cuisse gauche. Y aurait-il deux liĂšvres ? La scĂšne de la piĂ©ta se dĂ©roule dans une grotte. Le liĂšvre, nous lâavons vu, est un symbole du Christ. Ils sont tous deux tapis sous terre, au tombeau. Lever ou soulever un liĂšvre, est une expression qui a pour origine la chasse mais qui signifie dĂ©tecter une anomalie avant les autres ou dĂ©couvrir quelque chose d'important. Au premier degrĂ©, elle fait allusion au chasseur qui dĂ©busque lâanimal de son terrier. Le liĂšvre, jusque lĂ tapi dans son gĂźte, immobile, ses longues oreilles couchĂ©es sur son dos il fait le mort, surgit tout Ă coup et se met Ă courir. Ne serait-ce pas le message que nous souffle lâauteur de la piĂ©ta ? Lever » le liĂšvre ? Soulever » le mort ? En grec ancien, le verbe ressusciter nâexiste pas. Il est remplacĂ© dans la Septante Ancien Testament en langue grecque et dans le Nouveau Testament entiĂšrement Ă©crit dans cette langue par lâexpression se relever des morts ». Lever ou soulever un liĂšvre serait donc une mĂ©taphore de la rĂ©surrection. LâabbĂ© Henri Boudet qui fut prĂȘtre de la paroisse de Rennes-les-Bains pendant de nombreuses annĂ©es publia en 1886 un curieux ouvrage intitulĂ© La Vraie Langue celtique et le Cromlech de Rennes-les-Bains. Ce livre est la clĂ© de lâĂ©nigme et de Rennes-les-Bains, et de Rennes-le-ChĂąteau. A la derniĂšre page de son avant-propos, Boudet Ă©crit Câest ainsi que le Cromleck de Rennes-les-Bains se trouve intimement liĂ© Ă la rĂ©surrection, ou, si lâon veut, au rĂ©veil inattendu de la langue celtique. » [13] On retrouve la mĂȘme idĂ©e dans un livre attribuĂ© aussi faussement ? Ă lâabbĂ© Boudet, et au titre rĂ©vĂ©lateur Lazare, Veni Foras ! » paroles quâaurait prononcĂ©es JĂ©sus lors de la rĂ©surrection de Lazare. Alchimie Dans les mythes amĂ©rindiens, le liĂšvre est un hĂ©ros culturel, rusĂ©, malin, capable de vaincre plus fort que lui ours, buffles tenant Ă la fois de Robin des bois, de Peter Pan et du Trickster farceur, ce Fripon divin dont lâuniversalitĂ© a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© par C. G. Jung, se rapproche symboliquement de Mercure, dieu des voleurs et des tricheurs, des chenapans espiĂšgles, lui-mĂȘme symbole du premier stade du Mercure des alchimistes. Tout comme lâenfant-Mercure qui deviendra HermĂšs, le messager des dieux, le liĂšvre lunaire amĂ©rindien peut se transcender en grand lapin » ou en grand liĂšvre », Ă©galement intercesseur entre les hommes et le principe divin le Grand Manitou [14]. Folklore de France Paul SĂ©billot rapporte quâon utilisait couramment la cervelle de liĂšvre comme remĂšde en France. On en frottait les gencives des bĂ©bĂ©s qui faisaient leurs dents » afin que celles-ci percent sans douleur. Au XVIe siĂšcle, on la faisait bouillir au prĂ©alable [15]. La cervelle de liĂšvre avait dâautres vertus mangĂ©e, elle Ă©tait censĂ©e guĂ©rir de la crainte et des tremblements, ainsi que des frayeurs nocturnes des nourrissons. Dans les Vosges, on soulageait lâincontinence urinaire en dĂ©layant une cervelle de liĂšvre crue dans un verre de vin bu Ă jeun [16]. ExtrĂȘme Orient Le liĂšvre est le quatriĂšme signe du zodiaque chinois. Dans la mythologie, la lune est habitĂ©e par un liĂšvre de Jade trĂšs occupĂ© Ă prĂ©parer un Ă©lixir dâImmortalitĂ©. Il est un symbole de longue vie. Il reprĂ©sente le renouvellement cyclique et perpĂ©tuel de la vie et de la nature. Les Chinois prĂȘtent Ă lâanimal des qualitĂ©s de luciditĂ© et de clairvoyance. Le liĂšvre naĂźt, en effet, avec les yeux ouvert [17]. RĂȘves Dans les rĂȘves, lapin et liĂšvre sont distinguĂ©s. Le lapin, associĂ© Ă la luxure Ă cause de sa sexualitĂ© dĂ©bridĂ© et de sa prolifĂ©ration, peut signifier un dĂ©bordement de la libido mais aussi une prolifĂ©ration quelconque nâayant aucun lien apparent avec la sexualitĂ©. Le liĂšvre, quant Ă lui, est associĂ© Ă la vitesse, la course, la rapiditĂ©. Il peut symboliser le dynamisme, lâagilitĂ©, les rĂ©flexes et lâintelligence instinctive du rĂȘveur [18]. Notes et rĂ©fĂ©rences ____________________ [1] Nadia Julien, Dictionnaire des symboles, Marabout Belgique, 1989. [2] Jean-Claude Belfiore, Croyances et symboles de lâAntiquitĂ©, Larousse, Paris, 2010, p. 609. [3] Varron, Economie rurale III, 12, 6. [4] Jean-Claude Belfiore, Croyances et symboles de lâAntiquitĂ©, Larousse, Paris, 2010, p. 609. [5] Jean-Paul Rouecker, Le symbolisme animal, Dangles, 1994 p. 279. [6] Jean-Claude Belfiore, op. cit. p. 609. [7] Michel Cazenave, EncyclopĂ©die des symboles, Librairie GĂ©nĂ©rale Française, 1996. [8] Ibidem. [9] Ibid. [10] Ibid. [11] Ibid. [12] Ibid. [13] Henri Boudet, La Vraie Langue celtique et le Cromleck de Rennes-les-Bains, Carcassonne, 1886. [14] Cazenave, op. cit. [15] Paul SĂ©billot, Le folklore de France La Faune, Imago, Paris, 1984, p. 64. [16] Ibid. p. 65. [17] Didier Colin, Le dictionnaire des symboles, des mythes et des lĂ©gendes, Marabout, 2000. [18] Ibid. Lapinheureux Je le confirme ce que tu racontes lĂ c'est simplement le bonheur de ton lapin.Le mien il fait tout pareil.Il se roule sur le cotĂ©,se laisse tomber en faisant un bruit d'enfer et il s'Ă©tire de tout son long et dans toutes les positions possibles.AprĂšs il soupire d'aise et il pose sa tĂȘte sur le sol comme un petit chien.Il nous tourne aussi autour et courtSociĂ©tĂ© VIDĂO. Le lapin du mĂ©tro, qui invite les enfants Ă faire attention Ă leurs doigts lorsque les portes du mĂ©tro s'ouvrent et se referment, adopte un style plus moderne. Le nouveau Serge le lapin de la RATP. © RATP "Attention ! Ne mets pas tes mains sur la porte tu risques de te faire pincer trĂšs fort." Enfant, vous avez peut-ĂȘtre Ă©tĂ© marquĂ© par ce message, et avant tout par le charmant lapin rose qui illustrait le message et se faisait pincer les doigts dans la partir de ce lundi, Serge, c'est son nom, change de look. Au revoir, la tenue jaune, bonjour le jean et le tee-shirt. Serge garde le poil rose, mais adopte des baskets - il Ă©tait pattes nues jusque-lĂ . Et Serge n'est pas le seul Ă changer de look la rame du mĂ©tro reprĂ©sentĂ©e est plus nouveau lapin conseillera Ă©galement aux enfants de ne pas monter dans la rame aprĂšs le signal sonore. Au risque de se faire, comme Serge, coincer entre les deux portes...Le lapin "court partout sans faire attention"Ă l'origine, Serge portait une salopette rouge et le poil jaune. Il est nĂ© en 1977, relate la RATP dans son communiquĂ©, et si sa dessinatrice, Anne Le Lagadec, a choisi le lapin, c'est parce que c'est un animal qui "dĂ©gage Ă la fois de la fragilitĂ© et de la douceur,... et court partout sans faire attention". Le lapin actuel, qui s'apprĂȘte Ă disparaĂźtre, s'affiche sur les portes des RER et des rames de mĂ©tro depuis 1986. Créé par Serge Maury, qui lui lĂ©gua son prĂ©nom, il conservait alors "une allure de doudou afin que les petits se l'approprient et comprennent le message". Le nouveau Serge devrait apparaĂźtre prioritairement sur les lignes 1 et 14. Pour l'heure, il est dĂ©jĂ sur Twitter et sur Facebook, pour un jeu concours. Je m'abonne Tous les contenus du Point en illimitĂ© Vous lisez actuellement Serge, le lapin de la RATP, change de look 8 Commentaires Commenter Vous ne pouvez plus rĂ©agir aux articles suite Ă la soumission de contributions ne rĂ©pondant pas Ă la charte de modĂ©ration du Point. Vous ne pouvez plus rĂ©agir aux articles suite Ă la soumission de contributions ne rĂ©pondant pas Ă la charte de modĂ©ration du Point.
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Fou comme un lapin Par Joy Sorman On longe un imposant mur dâenceinte, une barriĂšre se lĂšve, on passe une grille, puis câest un sas vitrĂ©, on est maintenant dans un parc que dĂ©limitent des rangĂ©es de platanes, des allĂ©es bitumĂ©es, on marche encore, des silhouettes fument sur un banc, un lointain crachin sonore sâĂ©chappe dâun portable, on laisse derriĂšre soi le salon de coiffure, la blanchisserie, la cafĂ©tĂ©ria, lâaumĂŽnerie, la salle de sport, le local syndical, lâatelier dâergothĂ©rapie, et tout au bout se dresse le pavillon 4B, son jardinet, sa clĂŽture, ses doubles fenĂȘtres occultĂ©es et sa lourde porte mĂ©tallique qui ouvre sur un couloir dâhĂŽpital. Une porte et un couloir, ces deux Ă©lĂ©ments signalent immĂ©diatement lâinstitution. Je comprendrai plus tard leur importance dans le couloir, dâabord, on fait les cent pas, on racle le sol, des allers-retours pour desserrer lâĂ©tau de la maladie, on sâimmobilise aussi, on stagne, on squatte. Pendant que dâautres, dans ce mĂȘme couloir, surveillent, font des rondes. Puis la porte, quâon ferme Ă clĂ©, quâon claque, devant laquelle on patiente, contre laquelle on sâacharne, on tambourine, on cogne, avec son poing ou sa tĂȘte, quâon veut Ă tout prix ouvrir, Ă tout prix fermer. Qui Ă la fois protĂšge et enferme â certains Ă©touffent de la voir close, dâautres paniquent de la voir ouverte, sur lâhostilitĂ© du monde extĂ©rieur. Ici, ce qui frappe dâemblĂ©e quand on y entre pour la premiĂšre fois câest lâodeur, elle flotte en nappes Ă©paisses, une odeur de collectivitĂ© et de macĂ©ration, de chou bouilli et de dĂ©tergent, de sauce refroidie et dâinquiĂ©tude, Ăącre, insistante â une odeur dâenfermement. La chaleur aussi, Ă©touffante, peut-ĂȘtre parce que ceux qui vivent lĂ se tiennent quasi immobiles, alors on pousse les radiateurs Ă fond, on tĂąche de maintenir la tempĂ©rature des corps ankylosĂ©s Ă 37 degrĂ©s. Maintenant le regard panote et sâarrĂȘte sur une enfilade de portes aux lucarnes opaques, un faux plafond rĂ©sistant Ă lâincendie, des spots encastrĂ©s, une lumiĂšre sans contrastes, une plante verte qui a lâair fausse, on ne sait pas. Je reconnais une mĂ©lodie de Bob Marley, elle vient du fond du corridor, la derniĂšre porte est entrouverte, je vois bientĂŽt dĂ©passer un pied nu et potelĂ© de femme, qui nâira pas plus loin, et dont la fixitĂ© mâimpressionne â un pied menaçant, rĂ©probateur, ironique ; je nâimaginais pas quâun pied puisse ĂȘtre aussi expressif. Plus loin, un homme en survĂȘtement marine floquĂ© du logo de lâhĂŽpital tourne lentement en rond, ne rend ni bonjour ni sourire ; il dĂ©ambule, est-ce que dĂ©ambuler apaise ou ralentit la folle activitĂ© de son cerveau ? VoilĂ une premiĂšre impression. La seconde ce sont des figures enrayĂ©es, aux gestes suspendus ou hachĂ©s, des chaussons qui glissent, des voix pĂąteuses, des Ă©locutions empĂȘchĂ©es, des mots heurtĂ©s, des ventres Ă la proue ou creusĂ©s, des bouches abĂźmĂ©es, salivantes, des corps trop secs ou trop lourds, voĂ»tĂ©s, Ă©paissis par les mĂ©dicaments, des regards fuyants, torves ou plantĂ©s comme des flĂšches empoisonnĂ©es, des faciĂšs figĂ©s par la chimie, des mains mangĂ©es, et une infirmiĂšre qui arrache les mauvaises herbes du jardin, soigne les trois roses et lâunique tulipe. Il y aura dâabord lâimpossibilitĂ© de voir autre chose, puis il y aura une multitude dâimpressions, plus contrastĂ©es, plus subtiles, plus riches, encore plus sinistres et beaucoup plus joyeuses. Et surtout il y aura Franck. Franck est bien connu au pavillon 4B, il y fait des sĂ©jours rĂ©guliers depuis plus de 20 ans, de lâappartement de sa mĂšre au centre de crise, de lâhĂŽpital de jour au foyer dâaccueil mĂ©dicalisĂ©, puis retour Ă la case dĂ©part, en service fermĂ©. Il a 40 ans, on me dit quâil est schizophrĂšne chronique et la premiĂšre fois que je le rencontre il vient de passer un mois en chambre dâisolement, il en est sorti une heure plus tĂŽt. Jâaime immĂ©diatement son allure christique â cheveux aux Ă©paules, bras Ă©cartĂ©s pour saluer, pieds nus, ongles dĂ©mesurĂ©ment longs, regard franc qui enveloppe les choses et les hommes dans une mĂȘme douceur, gestes ralentis sous lâeffet des mĂ©dicaments, de lâisolement et de la contention, et peut-ĂȘtre aussi dâune infinie prĂ©caution. On ne lui a pas rendu ses chaussures de peur quâil sâenfuie, et il porte encore son pyjama anti-suicide de papier bleu. Je suis frappĂ©e par ce vĂȘtement qui nâen est pas un, qui nâhabille aucun corps, couvre Ă peine â Franck est comme nu, câest ainsi que je le vois. Jâapprendrai bientĂŽt que le pyjama est un rouage essentiel de lâhĂŽpital psychiatrique. On est internĂ© Ă la demande dâun tiers ou sur dĂ©cision du reprĂ©sentant de lâĂtat, on est rĂ©calcitrant, on proteste alors on est dĂ©shabillĂ©, dĂ©pouillĂ© de sa vie dâavant, de sa vie dehors, de son enveloppe, et mis en pyjama, couvert de la tenue de lâinstitution, livrĂ© Ă elle. Le pyjama signale une rupture, signale la maladie, signale ou plus souvent impose le consentement au soin, lâentrĂ©e dans la psychiatrie, signale que tout change Ă cet instant oĂč lâon enfile le vĂȘtement bleu ciel anonyme, le mĂȘme pour tous, signale le lit, la position allongĂ©e, le sommeil et aussi lâinsomnie, la faiblesse, lâabandon, la rĂ©gression. AprĂšs le pyjama il y aura le survĂȘtement de lâhĂŽpital, pratique, ample, qui marque une Ă©volution, un progrĂšs, un petit pas vers la rĂ©appropriation de son apparence, un pas de la nuit vers le jour, de lâapathie vers lâactivitĂ©. Puis un matin on vous dit que vous allez mieux, vous rĂ©cupĂ©rez vos vĂȘtements, vous vous habillez, la sortie est peut-ĂȘtre proche. Mais certains ne veulent pas quitter lâiconique pyjama, on leur rend leur jean, leur chemise, et ils veulent rester en pyjama, de peur quâon les chasse ou quâon les transfĂšre, ils se sentent bien trop friables, bien trop inquiets pour sortir, il nây a rien pour eux dehors, cela leur va dâĂȘtre ici, ils se sont habituĂ©s Ă la nourriture et prendraient trĂšs mal quâon veuille se dĂ©barrasser dâeux. Les paroles rassurantes et les promesses nây font rien, alors parfois ils lacĂšrent, dĂ©chirent ou souillent leurs vĂȘtements afin quâon leur rende le fameux pyjama Ă boutons pression, ou la chemise de nuit Ă fleurs mauves et jaunes, pour les femmes que le bleu douteux de lâhĂŽpital rebute. Franck, lui, a hĂąte de rĂ©cupĂ©rer son sweat Ă tĂȘte de loup, son jean blanc trouĂ© aux genoux et ses pendentifs tribaux. Franck a enfilĂ© une polaire sur le pyjama en papier crĂ©pon, une paire de claquettes de piscine, propose de sâasseoir dans la salle tĂ©lĂ©, et raconte volontiers en iso, la premiĂšre semaine on croit quâon va mourir, et puis on sâhabitue, ça va. Et comment on occupe ces longues journĂ©es enfermĂ©es ? Je me fais des dĂ©lires cosmiques, vous savez je suis schizo et parano au dernier stade. Câest quoi le dernier stade ? Est-ce quâil nây a pas toujours un stade au dessus, quâon nâimaginait mĂȘme pas ? Le stade encore au-dessus, le stade ultime, câest moi en objet cĂ©leste aspirĂ©, englouti et dissous dans un trou noir. Puis Franck raconte une vie de peine et de violence sur un ton Ă©quanime petit jâĂ©tais dyslexique et mon pĂšre me tabassait ; comme il Ă©tait mĂ©decin, il savait exactement oĂč taper pour que cela laisse le moins de traces possibles. Il me cognait pour un oui ou pour un non, parce que jâavais utilisĂ© trop de papier toilette. Ma mĂšre buvait, deux bouteilles de porto par jour, ça peut vous paraĂźtre beaucoup mais dans son village câĂ©tait la norme, la dose habituelle, tout le monde buvait ça. La derniĂšre fois que mon pĂšre mâa frappĂ© jâavais 13 ans et câĂ©tait un 14 juillet, le sang a giclĂ©, je me suis rebellĂ©, jâĂ©tais devenu grand et fort, jâai eu le dessus. Mais je nâai jamais dĂ©noncĂ© mon pĂšre, jâai toujours gardĂ© ça pour moi, je ne voulais pas quâon mâenvoie Ă la Ddass. Dâailleurs, je ne lui en veux pas, jâai juste parfois un peu de rancĆur, il vient me voir Ă lâhĂŽpital, il mâapporte des clopes ; jâaime mes parents câest comme ça, on ne peut pas mâenlever cet amour. VoilĂ , aprĂšs cette mauvaise pĂ©riode, jâai passĂ© un CAP paysagiste jardinier, jâĂ©tais trĂšs bon en taille dâifs, jâai travaillĂ© quelque temps au service espaces verts et ça mâa lassĂ©, alors je me suis dit pourquoi pas chasseur alpin, mais la semaine prĂ©cĂ©dant lâexamen je ne dormais pas, je fumais du shit en regardant la tĂ©lĂ©, jâai pĂ©tĂ© les plombs et tout ça sâest terminĂ© Ă lâHP, jâavais 19 ans, câĂ©tait mon premier sĂ©jour. Jây suis restĂ© deux ans. Quand je suis sorti jâai rencontrĂ© une fille, je ne travaillais pas, jâĂ©tais asocial de toutes façons, alors je me suis installĂ© chez elle. On Ă©tait bien, je lui cuisinais des pĂątes Ă la carbonara, des cuisses de grenouille et du rosbif, et on est mĂȘme descendus Ă Cannes en vacances. Ma copine Ă©tait nympho mais je mâen foutais. Ăa a tenu comme ça plusieurs annĂ©es et un jour, Ă nouveau, jâai fumĂ© trop de shit, mes yeux sont partis Ă lâarriĂšre de ma tĂȘte, ils se sont collĂ©s au fond de mon crĂąne et ils me regardaient, ils me surveillaient, câĂ©tait insupportable. Jâavais trop de dĂ©lires en moi, et aussi le cadavre dâun jumeau que jâavais avalĂ© dans le ventre de ma mĂšre parce que jâĂ©tais le plus fort des deux, le plus volontaire. Trop de dĂ©lires en moi et des morceaux de moi qui sâĂ©parpillaient, mon estomac qui disparaissait, mon ventre qui devenait creux, trouĂ©. Il va mieux maintenant, touche, regarde comme il est bien bombĂ©. Trop de dĂ©lires en moi et un ectoplasme qui mâespionnait, me suivait partout en silence, glissait sur les murs, le plafond, le sol. Tellement de dĂ©lires en moi quâil paraĂźt que jâai agressĂ© un patient en arrivant, parce quâil marchait avec mes jambes, il mâavait volĂ© mes jambes ce bĂątard. Franck marque une pause, rapproche sa chaise qui racle le carrelage, vĂ©rifie dâun coup dâĆil que personne ne nous Ă©pie, se penche Ă mon oreille, me le rĂ©vĂšle comme le plus prĂ©cieux des secrets, et je le reçois comme une grĂące tu sais, Ă un moment jâĂ©tais tellement pur que je mâallonge dans lâherbe et plein de marguerites se mettent Ă pousser autour de moi. Franck a les yeux luisants, jâai peur quâil se mette Ă pleurer, câest quâil a vu la beautĂ© de trĂšs prĂšs. Plus tard il me confiera un autre merveilleux secret, une dĂ©couverte jamais rĂ©vĂ©lĂ©e tant elle bouleverserait lâordre du monde, lâordre des sexes ; il mâapprend quâon a dĂ©couvert la premiĂšre sirĂšne mĂąle Ă©chouĂ©e sur une cĂŽte californienne. Sait-il seulement que les sirĂšnes sont la folie des marins ? Que leurs chants seraient aujourdâhui qualifiĂ©s dâhallucinations intrapsychiques ou acoustico-verbales ? Lors dâune prĂ©cĂ©dente hospitalisation Franck a trouvĂ© un hĂ©risson dans le parc de lâhĂŽpital, sous un banc, en boule au milieu dâun amas de canettes Ă©crasĂ©es et de mĂ©gots. Il avait lâair mal en point, Franck lâa dĂ©posĂ© dans le creux de sa main, a serrĂ© jusquâĂ saigner, a glissĂ© lâanimal dans la poche de son blouson et lâa ramenĂ© au pavillon 4B. Il le nourrira des reliquats de ses dĂ©jeuners en barquette, le cachera dans le faux plafond de sa chambre, lâutilisera pour ses cĂ©rĂ©monies vaudou. Quand Franck le contemplatif nâest pas Ă lâhĂŽpital, ni chez sa mĂšre, ni chez une fille, il est au zoo ; il y a trouvĂ© demeure, parmi les grands singes, les fĂ©lins et les serpents, il y a trouvĂ© protection et apaisement, matiĂšre Ă rĂȘverie, Ă dĂ©lires mystiques sâil a un peu fumĂ©, il y a trouvĂ© de quoi sâoublier et devenir animal, se fondre dans les bĂȘtes, surtout quand les humains sont trop effrayants avec leurs mots dâordre, leurs certificats mĂ©dicaux et leurs seringues Ă injection retard. Quand le fardeau dâĂȘtre nĂ© homme est vraiment trop lourd, quand il apparaĂźt avec certitude Ă Franck quâĂȘtre humain nâest pas un avantage mais plutĂŽt une malĂ©diction, il ne reste plus quâĂ fraterniser avec lâorang-outan de BornĂ©o, sâabĂźmer dans les reflets de son pelage roux, se dissoudre dans ses pupilles noires, sâenfuir agrippĂ© Ă son large dos, Ă©couter la musique de ses borborygmes, respirer lâhumus de sa cage, le terreau que Franck aimerait tant se reconstituer, couche aprĂšs couche, lentement dĂ©posĂ©es, sĂ©dimentĂ©es ; Franck qui se dĂ©crit comme une herbe folle arrachĂ©e Ă la va-vite, du chiendent Ă Ă©radiquer â sous ses pieds câest friable, câest instable, de la mauvaise terre, sĂšche et caillouteuse. EnfermĂ© Ă lâhĂŽpital, Franck a la nostalgie des bĂȘtes, et câest vrai que La chambre dâisolement et la cellule, la cage, on y pense. Le silence, lâarrachement, lâexclusion, on y pense. LâĂ©trangetĂ©, lâindĂ©chiffrable, on y pense. Lâennui, la mĂ©lancolie, le lointain, on y pense. Le dĂ©nuement, on y pense. La fascination, on y pense. Le miroir, on y pense. La manipulation du vivant, on y pense. Les pattes Ă©jointĂ©es pour quâils ne sâĂ©chappent pas, on y pense. Lâempathie, la protection de qui est menacĂ© on y pense aussi, on aimerait y penser davantage. Pendant deux semaines, chaque soir, Franck libĂšre le hĂ©risson de sa cachette, lui donne quelques pelures, de lâĆuf dur Ă©crasĂ© au fond de sa poche, gratte affectueusement son ventre rosĂ© puis installe lâanimal terrorisĂ© sur la table de nuit, dispose en cercle quelques pierres, turquoise, jade et quartz, et rĂ©cite la kabbale. Franck Ă©tudie aussi la numĂ©rologie et mâapprend que si on Ăąnonne 888 en boucle on rajeunit, que si on rĂ©pĂšte tao » pendant 3 heures allongĂ© sur son lit on entre immanquablement en transe. Franck est un chamane, il a dissimulĂ© en divers recoins de la chambre les objets nĂ©cessaires Ă ses cĂ©rĂ©monies. Il opĂšre la nuit, avec quelques bougies, le briquet volĂ© Ă une aide-soignante, un pendentif scarabĂ©e, une bague de templier, un petit bouddha en pierre de lune â autant de trĂ©sors qui ont miraculeusement Ă©chappĂ© Ă la fouille. La petite enceinte reliĂ©e Ă son portable diffuse de la trance Goa en sourdine. Au mur il a Ă©pinglĂ© les dizaines de dessins rĂ©alisĂ©s en ergothĂ©rapie, mandalas multicolores, dragons et fleurs vĂ©nĂ©neuses. En ergo, on incite Franck Ă dessiner, pour favoriser sa concentration, plutĂŽt quâĂ sculpter, une activitĂ© plus hachĂ©e, plus morcelĂ©e, qui convient moins Ă son tempĂ©rament versatile. Lors dâun prĂ©cĂ©dent sĂ©jour, Franck a pourtant sculptĂ© son sexe, une magnifique cĂ©ramique rose dressĂ©e, il dit que câest son sexe dâavant, avant dâentrer Ă lâhĂŽpital, avant quâon tue sa libido avec les traitements, il ajoute quâil compte bien retrouver son vĂ©ritable sexe en sortant dâici. Dâailleurs il a le projet dâĂ©pouser une sorciĂšre, une sorciĂšre sans famille, sans descendance ni ascendance, qui manie les pouvoirs du feu et de lâeau, rĂšgne sur les serpents et les araignĂ©es, une guĂ©risseuse qui soigne avec des plantes, la belladone et le perce-neige. En attendant, Franck pratique le vaudou et la magie blanche, celle qui Ćuvre pour le bien, et avec un hĂ©risson câest encore mieux. Mais au bout de deux semaines Ă vivre dans un faux plafond nourri dâĂ©corces dâorange et de trognons de pommes, la pauvre bĂȘte est morte. Franck lâa laissĂ©e pourrir et se dessĂ©cher quelques jours, puis lâa dĂ©posĂ©e devant la porte du psychologue pour lui jeter le mauvais Ćil. Je demande Ă Franck pourquoi il a passĂ© un mois en chambre dâisolement. Je me suis enfui, les infirmiers mâont coursĂ©, je me suis cachĂ© dans une poubelle, je voulais seulement prendre mes 500 euros Ă la banque et revenir, mais jâai achetĂ© du shit, je me suis envoyĂ© un whisky Ă 11 euros au comptoir, jâĂ©tais dĂ©foncĂ©, je me suis Ă©croulĂ©, je me suis fait dĂ©pouiller, les flics mâont ramenĂ©, ça nâa pas durĂ© longtemps cette petite promenade. La vĂ©ritĂ© câest que jâai fuguĂ© pour me faire tatouer, le Christ et Marie sur le bras gauche, câest pour ça que jâavais besoin des 500 euros. Pour me calmer, me punir plutĂŽt, on mâa mis dâoffice en iso. Mais parfois, quand je me fais trop peur, câest moi qui rĂ©clame lâisolement. Quand je suis en dĂ©lire, que je regarde intensĂ©ment le ciel et que je vois une multitude de points lumineux mobiles, comme des fĂ©es. Ou quand je sens que jâai le sexe tout mitĂ©. Et surtout quand je sens que je deviens loup-garou. Je vais apprendre que Franck est en SDRE, soins sans consentement sur dĂ©cision dâun reprĂ©sentant de lâĂtat, pour violences. Quâil a poignardĂ© le chien de sa mĂšre. Pourtant Franck raconte que câest lui qui est dĂ©jĂ mort 10 fois, poignardĂ© dans la rue par des passants, puis ressuscitĂ© â en rĂ©alitĂ© il ne dit pas je ressuscite, il dit je revis, et cela fait une grande diffĂ©rence, cela signifie que la vie est tapie en lui, quâelle ne tombe pas du ciel, quâelle nâest pas une grĂące ou un miracle, mais une ressource. Franck me raconte le loup-garou blotti dans ses intestins, mâassure que sâil ne prend plus ses mĂ©dicaments il redevient la bĂȘte, le fameux lycanthrope, que la conversion est immĂ©diate. Mais la malĂ©diction nâest pas tant dâĂȘtre loup-garou que dâendosser cette apparence effrayante quand ses pensĂ©es sont pures et son cĆur plein de bontĂ©. Franck, le tendre monstre, se dĂ©sole de faire peur aux passagers du mĂ©tro alors que sa transformation nâa pour objet que dâabsorber les ondes nĂ©gatives qui polluent les alentours. Mais comment ĂȘtre compris quand lâexpression de mon visage ne coĂŻncide pas avec la vĂ©ritĂ© de mes intentions ? Franck propose de me montrer sa face de loup-garou, un simulacre de mĂ©tamorphose, pour que je comprenne, que je fasse lâexpĂ©rience de la peur. En un Ă©clair il change dâexpression, ses yeux fixes exorbitĂ©s, il se met Ă trembler de tout son corps, crispe sa mĂąchoire, retrousse ses babines, sort les crocs, serre les dents Ă sâen faire pĂ©ter lâĂ©mail, souffle, crache, et cela dure, je baisse les yeux, il insiste, sa veine temporale palpite, le rouge monte au front, je nâai pas peur, peut-ĂȘtre parce que je suis Ă lâhĂŽpital et non sur le quai du mĂ©tro. Et Franck sâarrĂȘte net, rigole, satisfait de sa performance. Alors, tâas flippĂ© ? Mais si tu fais le fou Franck câest donc que tu ne lâes pas. Si tu simules la bĂȘte câest que tu es homme. Il me semble Ă cet instant que tu feins autant la folie que la raison. Que tu sais exactement oĂč tu te tiens, et tu es le seul Ă le savoir, peut-ĂȘtre ni dâun bord, ni de lâautre, ni dĂ©ment ni sage, quand moi jâai le vertige, je ne sais plus rien. Je crois que tu mâas eue Franck. Je crois aussi que je comprends mieux. Quand je demande au psychiatre pourquoi les visages des fous sont si expressifs, si contrastĂ©s, si grimaçants et inquiĂ©tants parfois, pourquoi les muscles faciaux, le muscle abaisseur de la lĂšvre infĂ©rieure et le muscle Ă©lĂ©vateur de lâangle de la bouche se contractent si puissamment, il juge ma question naĂŻve. Parfois, dans la rue, je croise ces regards noirs, accusateurs, ces pupilles fixes, ces sourires crispĂ©s ou ironiques, je perçois les spasmes, les nerfs sous la peau Ă©lectrique, je vois la pĂąleur de la colĂšre et je songe aux tempĂȘtes crĂąniennes, Ă la souffrance tapie sous lâos frontal, je pense Ă tout ce qui sourd Ă lâintĂ©rieur, quand le mĂ©decin Ă©voque tout ce qui sâabat depuis lâextĂ©rieur. Car la maladie, ou la folie â comment choisir le bon terme ? â la maladie ou la folie dĂ©truit toutes les protections, tous les filtres, tous les remparts qui tiennent le monde Ă distance, en respect, qui instaurent entre nos corps et la rĂ©alitĂ© une sorte de zone tampon, de pĂ©rimĂštre de sĂ©curitĂ© et de pudeur â quelques centimĂštres peuvent suffire, une brassĂ©e dâair, un souffle. Le fou câest celui qui se prend le rĂ©el en pleine gueule, la plus petite parcelle de matiĂšre fond sur lui comme une mĂ©tĂ©orite en feu, une goutte de pluie est dâacide, une poussiĂšre est poison, un coup dâĆil un coup de poignard. Rien ne le protĂšge, tout fait violence, les traits se dĂ©forment sous lâimpulsion dâune parole anodine ; le monde, les autres, les couleurs et les mouvements viennent sâimprimer directement au fer rouge sur le plan Ă vif de son visage. Sans dĂ©fense toujours, sans capacitĂ© de refoulement souvent, ça sort, ça jaillit, ça Ă©ructe, ça dit la vĂ©ritĂ© toute nue mĂȘme quand il sâagit dâaffabulations, ça ne trie pas, ça ne sĂ©pare pas le bon grain de lâivraie, câest Ă prendre ou Ă laisser, cette hyper-expressivitĂ©, cette augmentation de tout, ce bouleversement perpĂ©tuel. Le mĂ©decin mâexplique que les psychotiques sont comme marquĂ©s en continu par des micro-traumatismes. La moindre lumiĂšre brĂ»le leurs yeux, le moindre crĂ©pitement sonore dĂ©chire leurs tympans, câest un fracas phĂ©nomĂ©nal dans leurs tĂȘtes poreuses. Tout ce qui advient et entre dans leur champ de perception est vĂ©cu comme une commotion, une meurtrissure â une cuillĂšre qui tombe, un enfant qui hoquĂšte, peut-ĂȘtre cette mouche qui se pose contre un mur. Certains disent de Franck et de tous les autres quâils perdent le rĂ©el, quâils perdent le contact, quand câest lâinverse. Il y a plutĂŽt excĂšs de rĂ©el, ils en crĂšvent de ce rĂ©el trop proche, trop fort, trop grand, qui leur colle aux basques et au cerveau. Ă lâhĂŽpital gĂ©nĂ©ral on dit malade, patient, on dit diabĂ©tique, on dit cancer, hernie, fracture, hĂ©patite â les mots sont stabilisĂ©s. Ă lâhĂŽpital psychiatrique on dit aussi malade, patient, mais Ă©galement psychotique, bipolaire, schizophrĂšne, dĂ©pressif, et les mots ne sont pas si stabilisĂ©s, ils restent rĂ©vocables. Les mots sont parfois comme les corps, sous contrainte, et leur signification flanche au grĂ© des Ă©poques, la symptomatologie Ă©volue, les pathologies sont sociales, la psychiatrie est plus que toute autre discipline mĂ©dicale, interprĂ©tative, hypothĂ©tique. Nommer est une tĂąche ardue, ici plus quâailleurs. Et il sâagit dâĂȘtre vigilant puisque nommer câest ferrer, classifier, sĂ©dimenter. Et puis il y a ce mot fou. On le prononce, on ne le prononce pas. on est dâaccord, pas dâaccord avec ces trois lettres. Câest le mot commun, câest le mot qui vient, câest le mot tendre ou effrayant, câest le mot qui en contient mille autres, qui agrĂšge tant de sentiments â amour, pitiĂ©, crainte, soupçon. Un de ces mots encombrants, si lourd quâil tombe de la bouche, dĂ©borde les limites du cerveau, un de ces mots difficiles Ă pratiquer, comme homme, comme monde. Un mot trou noir, un mot vortex. Franck, fou, ça te dit quoi comme mot ? Est-ce ainsi quâon te dĂ©signe ? Est-ce ainsi que tu te prĂ©sentes ? On pourrait dire aussi malade mental, insensĂ©, dingue, dĂ©ment, furieux, schizo, tarĂ©, asocial. Non, fou câest mieux, jâaime bien fou, ça ne me vexe pas, câest le mot le moins violent, câest amical, câest plus lĂ©ger je trouve, moins dramatique, et surtout câest le mĂȘme mot pour tout le monde. On est tous fous ici, pas de distinction entre les schizos et les grands mĂ©lancoliques, tous embarquĂ©s dans la mĂȘme galĂšre, avec la bizarrerie et la souffrance en partage ; ça ne me plaĂźt pas que les mĂ©decins nous collent sur leur grand tableau, dans leur classeur Ă pathologies mentales. Une aide-soignante lui avait dit, Frank tu es fou comme un lapin, il avait rĂ©pondu câest vous qui ĂȘtes fous comme des bourdons, et avait pris lâaide-soignante dans ses bras, qui sâĂ©tait dĂ©gagĂ©e avec prĂ©caution. Je pense au lapin fluo de lâartiste Eduardo Kac. Son ADN avait Ă©tĂ© mĂȘlĂ© Ă la protĂ©ine fluorescente de la mĂ©duse, et lâanimal mutant brillait dans lâobscuritĂ©, dâune lumiĂšre verdĂątre inquiĂ©tante. Câest vrai que Franck Ă©claire dans le noir, dâune lueur Ă©trange ; Franck, lui aussi, est augmentĂ©, dâun dĂ©lire et de diverses manipulations chimiques. Franck sâĂ©tait emportĂ© contre le mĂ©decin qui, le premier, avait posĂ© un diagnostic, lâavait dĂ©signĂ© comme schizophrĂšne plutĂŽt que fou. Il avait eu le sentiment quâon prenait le pouvoir sur sa vie, ce pouvoir de la science raisonneuse sur une existence fuyante, la confiscation dâune expĂ©rience radicale et singuliĂšre, lâĂ©lucidation Ă marche forcĂ©e â une lampe braquĂ©e sur un visage fermĂ©, rĂ©calcitrant, et ses noirs lacs intĂ©rieurs. Franck veut rester incomprĂ©hensible, câest tout ce qui lui reste. AprĂšs 40 ans dâexercice Ă lâhĂŽpital, un mĂ©decin mâavait prĂ©venue en psychiatrie, il faut se mĂ©fier du mot donc », et de toutes les conjonctions de coordination en gĂ©nĂ©ral, des conclusions hĂątives, et mĂȘme des raisonnements courants. Se mĂ©fier de donc », de car », de mais ». Prenons par exemple cette phrase il est prostrĂ©, mutique, donc il va mal, il est triste. Peut-ĂȘtre quâil va mieux en rĂ©alitĂ©. Peut-ĂȘtre que, eu Ă©gard Ă son Ă©tat antĂ©rieur dâagitation, de fiĂšvre, de logorrhĂ©e, il y a du mieux, il y a du progrĂšs, il y a un apaisement. Il nây a pas de donc qui tienne Ă lâhĂŽpital psychiatrique. On ne peut pas compter sur les causes et les effets. Prenons par exemple cette discussion de couloir entre deux infirmiĂšres comment tu veux faire un polytechnicien avec quelquâun qui sâest fait violer par son pĂšre ? Oh tu sais, il y en a qui sont traumatisĂ©s Ă vie par trois fois rien, une insulte dans le mĂ©tro, et dâautres qui se remettent des pires drames, leur pĂšre a assassinĂ© leur mĂšre puis sâest tirĂ© une balle dans la tĂȘte, et ça va plutĂŽt pas mal. Franck dĂ©borde de phrases, quâil consigne chaque matin sur le mur des mots », un tableau blanc Ă la disposition des patients. On y lit ici bien souvent on entend parler le silence » ; et aussi les mots ont une consonance vibratoire digne du Big Bang » ; et encore le temps nâest quâune porte, la vie quâune fenĂȘtre, je reviendrai ». Franck est bavard, il parle comme on pratique des saignĂ©es, faire sortir et sâĂ©couler tout ce qui bloque, les stases toxiques, remettre en mouvement le verbe mal oxygĂ©nĂ©, qui ne circule plus. Parler le libĂšre, recrĂ©e de lâespace Ă lâintĂ©rieur de Franck. Mais parfois les mots ne sont pas les siens, les voix viennent dâailleurs, elles roulent dans sa tĂȘte ou agacent son tympan, des hallucinations auditives, des mots pleins de frayeur. Un jour Franck a eu si peur de ces voix Ă©trangĂšres quâil sâest cachĂ© dans le faux plafond de sa chambre, comme le hĂ©risson, on lâa cherchĂ© une heure, deux heures, il est restĂ© tapi dans le noir, contorsionnĂ© entre les fils Ă©lectriques et les poutrelles mĂ©talliques, puis le plafond a cĂ©dĂ©, Franck est retombĂ© lourdement sur son lit, et sur ses pattes. Le mĂ©decin lui a demandĂ© si les voix parlaient dans son cerveau ou dans son oreille, et mâapprend que les hallucinations auditives nâont pas que des effets dĂ©lĂ©tĂšres, quâelles sont aussi comme des compagnons, quâelles viennent combler des vides, des solitudes, et mĂȘme si elles rĂ©veillent dâinsupportables angoisses, elles incarnent des prĂ©sences, occupent les places vacantes, Ă©clairent des gouffres. Il ajoute que le dĂ©lire est comme un rempart de lâindividu contre son propre effondrement. Quand le sol se dĂ©robe, les voix forment un Ă©tayage, peut-ĂȘtre prĂ©caire mais qui, Ă cet instant, prĂ©vient la chute fatale. Alors, quand dâautres sont dĂ©sespĂ©rĂ©ment mutiques, plus de mots, parfois plus de bouches, Ă©dentĂ©s, lĂšvres englouties, Franck parle, et ça parle en Franck, les mots entrent et sortent, les mots lâassaillent, sâinstallent, le colonisent, il les recrache, câest une bataille sans fin, les mots tourbillonnent, au dedans et au dehors. Il parle et ça parle en lui, mais ce que Franck supporte le moins câest dâĂȘtre parlĂ©, parlĂ© par les autres. Franck entend des mots abscons qui sont censĂ©s le concerner, les mots des mĂ©decins, leur funeste sabir, et il nâaime pas ça. Il entend incurie, apragmatisme, clinophilie, catatonie, dissociation, stĂ©rĂ©otypie, subagitation. Il entend des noms de mĂ©dicaments et ça ne lui dit rien qui vaille clozapine, loxapac, solian, rispĂ©ridone. Ces noms le blessent, parfois davantage que les voix malĂ©fiques qui viennent le visiter. Franck refuse dâĂȘtre cette somme de mots qui ne lui appartiennent pas et dont le sens lui Ă©chappe. Il refuse dâĂȘtre interprĂ©tĂ©, dâĂȘtre traduit dans une autre langue, le dialecte psychiatrique, il abhorre ce lexique mĂ©dical qui code sans mĂ©nagement le moindre de ses Ă©noncĂ©s ; ça ne lui va pas quâon lui fasse dire autre chose que ce quâil dit, ça ne lui va pas que les mots aient des sens Ă double fond, ça ne lui va pas quâil y ait un en-deçà du langage, et que les mots soient des symptĂŽmes. Il sent comme de la suspicion dans lâair. Quand Franck dit au psychiatre je suis la viande et vous ĂȘtes le couteau, il nây a pour lui rien Ă interprĂ©ter, rien Ă commenter, rien Ă traduire. Il est la viande, le mĂ©decin est le couteau, câest un fait, un gros bloc de rĂ©el, lourd et dur comme de la pierre, impossible Ă dĂ©placer, plantĂ© lĂ pour lâĂ©ternitĂ©. Quâest-ce que vous voulez dire ? Si jâavais voulu dire jâaurais dit. Parfois Franck perd patience ; les mĂ©decins aussi. Et quand il raconte la vision quâil a eue la nuit prĂ©cĂ©dente, il ne supporte pas que le psychiatre qualifie cette vision de rĂȘve, lâaccuse dâavoir dormi et rĂȘvĂ© jâescaladais le mur du cimetiĂšre, câĂ©tait difficile, je mâĂ©corchais les mains, les genoux, la pierre Ă©tait froide et glissante, mais je devais absolument passer de lâautre cĂŽtĂ© pour rejoindre le mont SinaĂŻ. Jâarrive enfin en haut du mur et lĂ , Ă la place du mont SinaĂŻ, je vois un immense centre Leclerc ! Vous imaginez la dĂ©ception ! Le mĂ©decin sâinterdit de sourire, voudrait emmener la conversation ailleurs, sur la terre ferme monsieur, on avait Ă©voquĂ© la possibilitĂ© de diminuer la dose de zolpidem au coucher. ArrĂȘtez avec vos mots en z », et surtout arrĂȘtez de mâappeler monsieur. Franck sâagace que les mĂ©decins sâadressent ainsi Ă lui, monsieur prenez un siĂšge, monsieur prenez vos mĂ©dicaments, monsieur prenez sur vous, il y entend une distance â malvenue alors que Franck a remis sa vie entre leurs mains â, il y entend une certaine condescendance quand il est mal lunĂ©. Les infirmiers lâappellent par son prĂ©nom, Franck prĂ©fĂšre, câest plus doux, il faut dire aussi quâils vivent ensemble, partagent leurs clopes et souvent se tiennent la main. Quand Franck veut la paix, quand il nâa plus la force de batailler, il fait semblant dâĂȘtre dâaccord avec le mĂ©decin, il adopte le point de vue de lâhĂŽpital, mais nâen pense pas moins, pense quâon lâa dĂ©clarĂ© malade et quâon a inventĂ© la psychiatrie pour lâempĂȘcher dâutiliser ses dons, pour briser ses facultĂ©s divinatoires, pour lui interdire de jeter des sorts et de dire la vĂ©ritĂ© aux hommes, pour Ă©touffer ses visions â tout ce quâil voit, entend, sait, perçoit et qui reste inaccessible Ă ce sinistre individu en blouse blanche. Dans ces moments-lĂ , il joue au bon patient, celui qui ne sâagite pas, qui ne crie pas, qui ne se fait pas remarquer, celui qui avale sans broncher, les repas, les mĂ©dicaments, les consignes, les soins, les autorisations, les recommandations et les menaces. Il ingĂšre docilement tout ce qui se prĂ©sente, mĂȘme la plaquette de chocolat noir que lui a apportĂ©e sa mĂšre alors quâil nâaime que le chocolat au lait. Il avale, et se laisse avaler par lâhĂŽpital. Il obĂ©it. Il finit par obĂ©ir, car si Franck est enfermĂ© ici câest quâil a provoquĂ© un choc, dĂ©rangĂ© la marche du monde, câest que quelquâun, Ă un moment, a Ă©tĂ© heurtĂ© par Franck, ses gestes ou ses paroles. Tous ceux qui sont ici, contre leur volontĂ©, ont brisĂ© un pacte, quelque chose sâest mal passĂ©, pour eux ou pour les autres, et on a considĂ©rĂ© quâon ne pouvait pas laisser faire, que ça ne pouvait plus durer. On compte alors sur lâordre de lâhĂŽpital pour rĂ©sorber le dĂ©sordre chez Franck. On compte sur lâinternement pour rĂ©duire la part de violence dans toute folie. Mais on sait bien que rien nâest plus dur quâun crĂąne, et que si le cerveau se mate, lâesprit, lui, sâĂ©chappe toujours. Ce matin, Franck est avachi sur une chaise, assommĂ© par les cachets, il bave, et sa tĂȘte lourde, comme guillotinĂ©e, nuque cassĂ©e, repose sur sa poitrine ; cette tĂȘte pĂšse une tonne, lestĂ©e de tout le poids des mĂ©dicaments et des ressassements, de ses pensĂ©es qui sont bien plus quâune simple activitĂ© neuronale, plutĂŽt une coulĂ©e de plomb qui entraĂźne tout son corps vers lâavant. Plus loin, une femme sâest assoupie contre un radiateur, son corps contorsionnĂ©, ventousĂ© au radiateur dur et froid. Ici on dort assis ou debout autant que couchĂ©. Ici tout se fige dans la glace des neuroleptiques, de lâenfermement et de lâennui. Le temps aussi est une banquise, Ă moins quâil ne soit de la mĂ©lasse, un truc qui colle et se distend. Ă force, ce nâest mĂȘme plus du temps, mais une masse informe quâon voit glisser en apesanteur dans les couloirs, telle une crĂ©ature de Miyazaki. Les soignants tentent bien de le recrĂ©er artificiellement ce temps, avec des horaires, des rituels, des rendez-vous â heures des repas, des clopes, de lâergothĂ©rapie, et mĂȘme une immense horloge derriĂšre une vitre incassable dans la chambre dâisolement â, mais cela ne suffit pas, le temps est mort, ne reste que cette durĂ©e poisseuse qui englue chaque mouvement. Je la sens Ă©paisse et tiĂšde dĂšs que je pousse la porte du service. Et câest bien tout ce que je peux sentir, car la douleur de Franck, je ne la comprends pas, jây accĂšde Ă peine. Je ne dispose que de quelques gestes, la possibilitĂ© de lui faire un signe, amical, de lui adresser un salut, cela peut ĂȘtre une main furtive sur lâĂ©paule, un mot. Rien de ce quâil me demande nâest possible, nâest autorisĂ© â lui ouvrir la porte, lui acheter un sandwich grec au kebab de la place du marchĂ©, lui rapporter de lâencens â, il ne nous reste que des dĂ©tails, mais qui prennent ici une importance un rire, un regard, une patience, rapprocher un siĂšge, ramasser une cigarette, prĂ©venir quâil y a une marche, un courant dâair, attention ta tĂȘte. Un geste, concret, matĂ©riel, une action, minuscule, pour que quelque chose existe enfin avec certitude dans cet espace imprĂ©cis, cotonneux, hypnotique. Franck supporte de plus en plus mal la vie dĂ©pouillĂ©e de la psychiatrie. Il me rendrait bien mon sourire contre un kebab sauce blanche harissa. Ici on ne cherche mĂȘme pas de faveurs, on nâespĂšre aucun gain, seulement de ne pas ĂȘtre davantage spoliĂ©, on parlemente pour conserver son portable, une bouteille de parfum, on voudrait une clĂ© Ă lâarmoire de sa chambre, on ne peut pas entendre que ces privations font partie du soin, on constate seulement que les objets les plus personnels sont confisquĂ©s, quâil faut ĂŽter ce collier qui pourrait Ă©trangler alors quâon saurait trĂšs bien comment se tuer sâil le fallait. Le Ă soi ça nâexiste presque plus. Les initiatives les plus banales sont anĂ©anties, tout ce quâon accomplit sans mĂȘme y songer, ces infimes licences du quotidien â mettre du beurre salĂ© sur ses biscottes, monter au maximum le son de la radio sous la douche, allumer sa cigarette avec des allumettes plutĂŽt quâun briquet et sâasseoir sur le rebord de la fenĂȘtre pour fumer. Le moindre petit plaisir est soumis Ă autorisation. Alors on intrigue pour adoucir le quotidien, on met en place des stratĂ©gies de rĂ©sistance, dâaccommodement du moins, un mensonge pour obtenir une pause clope supplĂ©mentaire, un vĂȘtement sciemment Ă©garĂ©, des caches dans les chambres des uns et des autres, des maux de ventre simulĂ©s, on nĂ©gocie, on tente de monter les soignants les uns contre les autres, pas dupes, en livrant des versions contradictoires, en surjouant ses Ă©tats dâĂąme, et on fait un peu de troc avec les autres patients, des centimes dâeuros, des appels tĂ©lĂ©phoniques et des canettes de coca. Chaque jour, se demander comment entraver lâexercice du pouvoir mĂ©dical, comment bafouer les rĂšgles, comment manifester son mĂ©contentement, comment contrarier la machine asilaire, chaque jour grignoter un morceau de libertĂ©, arracher un lambeau. Chaque jour, Franck cherche Ă contester dâune maniĂšre ou dâune autre le dĂ©roulement de la journĂ©e, cherche de nouvelles tactiques â refuser de prendre ses mĂ©dicaments ne sert Ă rien, la violence se retourne contre lui, sâenfuir est vain il est toujours rattrapĂ©, alors tout se joue dans les attitudes, les airs quâon prend, les mines quâon se compose, dans la maniĂšre, un infra-langage du corps qui envoie des signaux irritants. A lâhĂŽpital Franck nâa pas les moyens de sâopposer, de condamner, il ne peut quâexprimer un peu de distance. Il y a le sourire insolent, les yeux au ciel, le silence butĂ©, le moindre effort, la mauvaise volontĂ©, un marmonnement hostile, des ricanements ironiques, un rot sonore, des soupirs dâagacement, toute une expression attĂ©nuĂ©e pour signifier sa dĂ©sapprobation, sans hausser le ton, sans sâemporter, sans faire de vagues, car il sâagit toujours dâĂ©viter la punition ; ne pas rire trop fort Ă la face du mĂ©decin qui pourrait lâinterprĂ©ter comme un rire immotivĂ©, mĂ©canique, et donc symptomatique, quand ce rire est pour Franck de dĂ©fi, de provocation, voire de mĂ©pris. Mais parfois, dĂ©bordĂ© par la frustration et la colĂšre, il nây tient plus, et câest alors un poing frappĂ© sur la table au moment du repas. Quand Franck est au plus mal, totalement morcelĂ©, il se tape le front pour vĂ©rifier son intĂ©gritĂ© physique, enfile plusieurs couches de vĂȘtements, une cagoule, pour empĂȘcher son corps de sâĂ©parpiller, il sent des insectes courir sous sa peau, son Ćil plafonne, sa respiration siffle, il se racle la gorge, ce sont des signes annonciateurs, câest quâil va exploser. Dans la nuit on entendra Franck hululer. Les mĂȘmes phrases en boucle, une mĂ©lopĂ©e sous la lune en carton quâil a scotchĂ©e au-dessus de son lit, il hulule dâune voix aiguĂ«, de longs gĂ©missements, le loup-garou sâest mĂ©tamorphosĂ© en chouette, les yeux rouges sont devenus jaunes, les poils noirs Ă©pais et drus des plumes neigeuses, Franck divague, en proie Ă son cerveau, et ces errances, ces promenades nocturnes allĂšgent peut-ĂȘtre les angoisses. Franck divagant se dĂ©place, fait circuler lâair et son corps, les paysages dĂ©filent, il trace des pistes. Une chouette perchĂ©e sur lâarmature mĂ©tallique du lit dâhĂŽpital, prĂ©sence merveilleuse et inquiĂ©tante dans la nuit psychiatrique, un rapace qui fait entendre sa plainte dans toutes les chambres, tous les couloirs du pavillon. Les hululements cessent avec le lever du jour, la lumiĂšre matinale redonne forme humaine Ă Franck, les serres redeviennent des mains, lĂąchent le rebord froid du lit, il glisse Ă©puisĂ© sous la couverture, sâentortille dans les draps, somnole, bercĂ© par les bruits extĂ©rieurs, sirĂšnes lointaines, moteurs ralentis dans lâenceinte de lâhĂŽpital, et plus prĂšs les sons du pavillon qui sâĂ©veille, tout ce que lâon entend du fond de son lit, ces tonalitĂ©s si caractĂ©ristiques de lâinternement â des pas dans le couloir, lâincessant cliquetis des clĂ©s dans les serrures, les chariots de mĂ©nage des agents hospitaliers qui frottent, le rieur en rafales, le plaintif, le gueulard, celui qui cogne dans les portes, les radiateurs, les murs, et toute cette fureur, toute cette peine Ă©touffĂ©es, Ă bas bruit, chuchotĂ©e parce quâon est Ă lâhĂŽpital et quâĂ lâhĂŽpital on ne hausse pas la voix, on se contient, on se calme, on est lĂ pour ça. Ă lâhĂŽpital les voix sont posĂ©es, sereines, la voix de la raison doit avoir le dernier mot. Pourtant, malgrĂ© ces bruits continus, une forme de silence rĂšgne dans les couloirs, comme un ralentissement, une dĂ©cĂ©lĂ©ration gĂ©nĂ©rale de la vie, les bouches sâouvrent lentement, les mots se forment sur le palais, passent Ă peine les lĂšvres engourdies, coulent sur les mentons, roulent au sol avant quâon ait pu les intercepter. Petit Ă petit, je me laisse contaminer par cette torpeur, et on sent mĂȘme parfois dans lâair comme une douceur, ouateuse, enveloppante. Lâambiance nâa pas toujours Ă©tĂ© aussi apathique Ă lâhĂŽpital, et les patients aussi dociles. Avant la dĂ©couverte des neuroleptiques au dĂ©but des annĂ©es 50, ça hurlait du matin au soir, et puis on a inventĂ© de nouveaux mĂ©dicaments, rĂ©volutionnaires, on a fabriquĂ© du silence chimique, mis les neurones affolĂ©s sous cloche, et les fous, sĂ©datĂ©s, dĂ©connectĂ©s, domptĂ©s, se sont finalement tus. Aujourdâhui, ce silence est peut-ĂȘtre aussi insupportable et assourdissant que lâĂ©taient les cris. Avant lâinvention des neuroleptiques, Franck aurait sans doute hululĂ© chaque nuit, et plus sĂ»rement hurlĂ© Ă la lune. On lâaurait soignĂ© avec du vitriol mĂ©langĂ© au quinquina, du camphre, du musc, de la teinture de digitale, de lâopium et du haschich, de la valĂ©riane mĂ©dicinale, on lui aurait cautĂ©risĂ© le crĂąne, on lâaurait enfermĂ© dans une citadelle, on lui aurait imposĂ© des cures de sommeil et la camisole de force, appliquĂ© un fer rouge sur la nuque, frictionnĂ© la tĂȘte prĂ©alablement rasĂ©e avec du vinaigre, on lâaurait saignĂ© pour le vider de ses humeurs sombres, on lâaurait fait dĂ©gorgĂ© jusquâau malaise, on lâaurait purgĂ© Ă coups de vomitifs, Ă©lectrocutĂ©, lobotomisĂ©, plongĂ© dans le coma en lui injectant de lâinsuline. Pendant des siĂšcles on lâaurait soignĂ© avec de lâeau, lâeau qui purifie, assainit, lave des pĂ©chĂ©s, fait ruisseler les impuretĂ©s et le poison, refroidit les ardeurs, rĂ©conforte aussi. On lui aurait infligĂ© de violentes douches glacĂ©es pour le mater, lui couper le souffle, le rĂ©duire au silence, Ă©teindre le feu de son dĂ©lire et lui faire avouer sa folie. On lâaurait plongĂ© dans des bains chauds et apaisants pour soigner ses accĂšs de froide mĂ©lancolie, on y aurait ajoutĂ© des plantes pour le faire infuser des heures, pour hydrater et assouplir ses fibres nerveuses dessĂ©chĂ©es, devenues dures comme de la corne, pour ramollir sa volontĂ© furieuse, et il aurait ainsi macĂ©rĂ© jusquâĂ ne plus sentir la pulpe de ses doigts. On lui aurait placĂ© un pain de glace sur la tĂȘte et les pieds dans une bassine dâeau brĂ»lante pour crĂ©er un choc thermique et remettre ses idĂ©es en ordre. Chaque jour on lâaurait mis Ă nu pour le soigner, le consoler, lâhumilier et le punir. Aujourdâhui Franck sort, on lui a trouvĂ© une place en appartement thĂ©rapeutique. Mais la plupart des infirmiers prĂ©disent son retour prochain. Franck dit quâon le laisse partir car la folie nâest pas le nom de sa maladie mais celui de son malheur. Et malgrĂ© lâinsistance bienveillante du mĂ©decin, il menace dĂ©jĂ dâarrĂȘter son traitement une fois dehors â car quand jâarrĂȘte les mĂ©dicaments jâentends les Ăąmes. Franck nâaime pas les adieux, il ne fera pas le tour des patients et du personnel pour entendre les mĂȘmes paroles dâencouragement et les mĂȘmes mises en garde, pour recevoir les sourires dĂ©sespĂ©rĂ©s de ceux qui restent, il prĂ©fĂšre couper court. Le seul quâil ira saluer, prendre dans ses bras, Ă qui il offrira ses derniĂšres clopes, un de ses pendentifs chamaniques et un billet de 20 euros pliĂ© en 8, est un ancien boulanger, internĂ© suite a un accĂšs de furie. Il avait Ă©ventrĂ© tous les sacs de farine avec un poignard en accusant ses apprentis de vouloir lâempoisonner. AprĂšs avoir retrouvĂ© son calme, au bout de quelques jours de repos et de sĂ©dation, il avait justifiĂ© son dĂ©lire par la cuisson Ă lâĂ©touffĂ©e de ses neurones. Selon lui, Ă force de se tenir depuis des annĂ©es la tĂȘte prĂšs du four Ă pain, son cerveau avait fini par cuire Ă lâintĂ©rieur du crĂąne. Tous les patients sâĂ©taient moquĂ©s du boulanger, sauf Franck, qui sait que lâĂ©lĂ©ment feu dĂ©truit tout ce qui est corrompu. Avant de sortir, Franck a rĂ©cupĂ©rĂ© ses bijoux, ses anneaux de pirate, son bracelet dragon, sa gourmette, son collier dâambre, ses croix, sa chaĂźne en argent, ses multiples pendentifs celtiques et sa bague tĂȘte de mort. Tout ce qui tenait le mauvais Ćil Ă distance et qui lui a Ă©tĂ© soustrait Ă son arrivĂ©e. Quand je mâen offusque poliment, le psychiatre me rĂ©pond que Franck sâouvrait la peau, de la cuisse, du mollet, du bras, et glissait les croix et les mĂ©dailles dans sa chair. Peut-ĂȘtre pour quâon ne lui confisque pas. Peut-ĂȘtre Ă©tait-ce la seule maniĂšre de conserver ici quelque chose de personnel. Franck a remis lentement ses bijoux, une cĂ©rĂ©monie mĂ©ticuleuse, et on le sentait revivre, respirer mieux, tout son corps se redresser Ă la faveur de ce rituel. Comme un guerrier qui rĂ©cupĂšre son armure, un sorcier qui retrouve ses amulettes protectrices. DĂ©sormais Franck tinte Ă chaque pas, Ă chaque mouvement, le cliquetis des colliers et des bracelets accompagne ses dĂ©placements dans le couloir de lâhĂŽpital, celui qui mĂšne Ă la sortie ; et ce clapotis mĂ©tallique fait surgir une autre image, celle du fou du Moyen Ăge, coiffĂ© dâun capuchon cousu de grelots, cette figure familiĂšre et puissante, qui carillonne librement dans les rues et Ă la cour, sâannonce en faisant bourdonner ses clochettes, ce bouffon qui incarne la dĂ©raison du monde, dĂ©pouille lâhumanitĂ© de son arrogance, et rĂ©vĂšle Ă chacun sa pathĂ©tique vĂ©ritĂ©. Ă quoi tu penses Franck ? Ă mon cul et aux oiseaux.
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