🎍 A Travers Les Mots Et Entre Les Mots

Leracisme Ă  travers l’histoire: choses, mots et idĂ©es Le racisme est aussi ancien que l’humanitĂ©. Mais c’est au XIXe siĂšcle qu’il prend une forme thĂ©orique puis devient un programme politique meurtrier. nicole sAVY, coresponsable du groupe de travail LDH «Femmes, genre, Ă©galité» O n ne fera que survoler les faits car le racisme, comme le
Aller au contenu principal Droit d’auteur sharpner / 123RF Banque d’images En français, la plupart des mots sont d’origine latine. Certains d’entre eux se forment par ajout d’un prĂ©fixe ou d’un suffixe. Il existe plusieurs types de prĂ©fixes et de suffixes. Cet article porte sur les prĂ©fixes et leur sens. PrĂ©sentation Certains mots se forment par ajout d’un prĂ©fixe. Il s’agit d’une particule qu’on met devant un mot porter → transporter. Il existe plusieurs types de prĂ©fixes. En voici quelques-uns parmi les plus courants. I Localisation PrĂ©fixes Sens Exemples en-, em- dans enfermer, emprisonner in, im infiltrer, importer ex-, exo- Ă  l’extĂ©rieur, hors exporter, excentrique, exotique inter- entre intervenir, s’interposer intra- au-dedans intraveineuse mi- milieu midi super- au-dessus superposer sub-, sou- sous subaquatique, souterrain II Moment PrĂ©fixes Sens Exemples antĂ©-, prĂ©- avant antĂ©rieur, prĂ©avis post- aprĂšs postĂ©rieur, posteriori re- de nouveau recommencer, relire, reprendre III Mouvement PrĂ©fixes Sens Exemples ac-, af-, al-, ap- vers accourir, affluer, allier, apporter en-, em- de ce lieu s’enfuir = fuir d’un lieu, emporter = prendre avec soi en partant d’un lieu rĂ©tro- en retour rĂ©troviseur, rĂ©trograder pro- en avant propulseur, propulser, proposer, projeter trans- au delĂ  de Ă  travers transporter, transformer, transparent loco- mettre en mouvement locomotive, locomotion IV ManiĂšre PrĂ©fixes Sens Exemples co-, col-, con-, com-, cor- avec cohabiter, collaborateur, confĂ©rence, comprendre, correspondre a-, an- sans aphone, amoral, analphabĂšte pro- pour = en faveur de pro gouvernemental anti-, para- contre antivol, paratonnerre tĂ©lĂ©- Ă  distance tĂ©lĂ©commande, tĂ©lĂ©viseur, tĂ©lĂ©phone V Autres prĂ©fixes PrĂ©fixes Sens Exemples dĂ©-, dĂ©s-, ex- cessation dĂ©sunion, dĂ©saccord, ex-professeur, ex-mari il-, im-, ir- in-, im- voyelles nasales nĂ©gation illogique, immoral, irrĂ©el introuvable, incroyable, impossible, imbuvable mĂ©-, mĂ©s- mauvais mĂ©connu, mĂ©sentente bĂ©nĂ©-, bien- bon bĂ©nĂ©vole, bienfaiteur Exercices Exercice 1 page 1/3. Donnez le sens des diffĂ©rents mots. Exercice 2 page 2/3. Choisissez le bon verbe. Exercice 3 page 3/3. Choisissez le bon verbe. Pour voir les suffixes, cliquez sur le lien ci-dessous. Article Toute reproduction est interdite sans accord Ă©crit prĂ©alable. Copyright aoĂ»t 2017 Ivan Bargiarelli Tous droits rĂ©servĂ©s. This website uses cookies to improve your experience. We'll assume you're ok with this, but you can opt-out if you wish. Cookie settingsACCEPT
Lessolutions pour la dĂ©finition À TRAVERS pour des mots croisĂ©s ou mots flĂ©chĂ©s, ainsi que des synonymes existants. Accueil ‱Ajouter une dĂ©finition ‱Dictionnaire Le titre donnĂ© aux quelques rĂ©flexions qui suivent porte une double empreinte. La premiĂšre partie rend explicitement hommage Ă  Jean Starobinski dans un cĂ©lĂšbre essai oĂč il analyse magistralement la pensĂ©e de Rousseau comme une vaste thĂ©rapeutique littĂ©raire destinĂ©e Ă  soigner tous ces maux inguĂ©rissables mal de la civilisation, mal social, mal de l’ñme, mal de l’amour, mal du corps, etc. qui se rĂ©pandent Ă  partir d’une blessure primordiale que le rĂ©cit des Confessions commĂ©more et exorcise, guĂ©rit et fait saigner dans un mĂȘme mouvement paradoxal. La seconde partie du titre est d’influence vaguement derridienne, mais elle renvoie surtout au PhĂšdre de Platon et Ă  l’indĂ©niable influence qu’exerce la pensĂ©e platonicienne sur le Moyen Âge occidental et bien dans ce fameux dialogue, tout comme dans la lecture post-moderne de Derrida, la pharmacie se noue directement au secret ou, plus exactement, Ă  une stratĂ©gie de la dissimulation. Rappelons l’ouverture de La pharmacie de Platon » Un texte n’est un texte que s’il cache au premier regard, au premier venu, la loi de sa composition et la rĂšgle de son jeu. Un texte reste d’ailleurs toujours imperceptible. La loi et la rĂšgle ne s’abritent pas dans l’inaccessible d’un secret, simplement, elles ne se livrent jamais, au prĂ©sent, Ă  rien qu’on puisse rigoureusement nommer une l’autre cĂŽtĂ© du miroir du temps, la scĂšne inaugurale de PhĂšdre place d’emblĂ©e, elle aussi, l’écriture sous le double signe du jeu et de la dĂ©viance
 Creusant le clivage entre mythos et logos, la conception platonicienne de l’écriture comme pharmacopĂ©e a durablement influencĂ© la pensĂ©e occidentale, demeurant particuliĂšrement prĂ©gnante au Moyen Âge, surtout Ă  partir du xiie siĂšcle, Ă  une Ă©poque oĂč la voix perd progressivement son lien Ă©pistĂ©mique Ă  la PrĂ©sence et Ă  la VĂ©ritĂ© au profit d’une conception du savoir et du pouvoir de plus en plus mĂ©diatisĂ©e par une dynamique scripturaire. Un bref parcours Ă  travers Les Miracles de la Sainte-Vierge Gautier de Coincy et Les Évangiles des quenouilles nous permettra de mieux saisir cette logique de la dualitĂ© intrinsĂšquement liĂ©e Ă  la logographie comme remĂšde et a clivagem entre mythos e logos, a conceção platĂłnica da escrita como farmacopeia teve uma influĂȘncia duradoura no pensamento ocidental, continuando particularmente pregnante na Idade MĂ©dia, especialmente a partir do sĂ©culo xii, numa altura em que a voz perdeu gradualmente a sua ligação epistĂ©mica Ă  Presença e Ă  Verdade testemunhada em prol de uma conceção do conhecimento e do poder cada vez mais assente no imaginĂĄrio e nas dinĂąmicas da escrita. Um breve percurso pelos Miracles de la Sainte-Vierge Gautier de Coincy e os Évangiles des quenouilles permitir-nos-ĂĄ compreender melhor esta lĂłgica de dualidade intrinsecamente ligada Ă  logografia enquanto remĂ©dio e the rift between mythos and logos, the platonic conception of writing as a pharmacopoeia has had a long-lasting influence on Western thought. It was particularly influential in the Middle Ages, especially from the 12th century on, when the epistemic link between voice and Presence and voice and Truth progressively disappeared to the advantage of a conception of knowledge and power which was increasingly mediated by the dynamics of writing. A brief look at The Miracles of Our Lady by Gautier de Coincy and The Distaff Gospels will help us understand this dual logic and its intrinsic link with logography as both remedy and poison. Le manteau de PhĂšdre ou la panacĂ©e de l’écritureLa poĂ©sie, remĂšde contre la mortUne pharmacopĂ©e au fĂ©minin Carlos F. Clamote CarretoCarlos F. Clamote Carreto est professeur de LittĂ©rature au DĂ©partement des Langues, Cultures et LittĂ©ratures Modernes de la FacultĂ© des Sciences Sociales et Humaines de l’Universidade Nova de Lisboa. Chercheur et vice-directeur scientifique de l’Institut d’Études de LittĂ©rature et Traditions, ses recherches se situent Ă  la croisĂ©e des Ă©tudes littĂ©raires thĂ©orie de la littĂ©rature, littĂ©rature française, littĂ©rature comparĂ©e, des Ă©tudes sur l’imaginaire et des Ă©tudes mĂ©diĂ©vales. Il est membre du comitĂ© scientifique et du comitĂ© de rĂ©daction de nombreuses revues interdisciplinaires dont Sigila, ses travaux portant essentiellement sur les rapports dynamiques entre transformations culturelles et idĂ©ologiques, pratiques scripturaires et imaginaires narratifs au Moyen Âge. Il vous reste Ă  lire 96 % de cet article.
Plaireet instruire : quel équilibre dans les Fables ? EAF. Les fables représentent une alliance entre le désir de plaire aux lecteurs et la volonté de leur inculquer un véritable enseignement moral . A travers des situations qui posent problÚme , des dialogues animés et argumentés ,des récits pittoresques et parfois merveilleux , des
Le langage est avant tout une facultĂ© propre Ă  l'homme il est une construction complexe inaccessible aux animaux. Cela conduit donc Ă  s'interroger sur le lien entre le langage et la pensĂ©e l'un est-il la condition de l'autre ? Finalement, il semble que les mots aient un pouvoir impressionnant, pour le meilleur et pour le pire. ILe langage, propre de l'homme ADĂ©finir le langage BLa communication animale les diffĂ©rences entre les signes du langage et les signaux animaux Dire que le langage est proprement humain signifie que les formes de communication animale ne sont pas des formes de effet, mĂȘme si les animaux communiquent entre eux, on ne considĂšre pas cela comme un langage. Pour expliquer cette affirmation, il faut d'abord distinguer les notions de signes et de signal est un fait physique provoquant une rĂ©action automatique chez celui qui le exemple, le cri de l'animal prĂ©venant ses congĂ©nĂšres est un signal, car il est programmĂ© Ă  l'avance et non qualifier la communication animale, on parlera de signal le signal est relatif Ă  l'instinct. Ainsi, un animal peut Ă©mettre des signaux pour transmettre des informations Ă  ses congĂ©nĂšres, mais ils sont limitĂ©s. De mĂȘme, les rĂ©actions des animaux aux signaux sont dĂ©terminĂ©es Ă  l'avance. Les signaux envoyĂ©s comme les rĂ©actions qu'ils suscitent sont donc toujours identiques. Autrement dit, aucun dialogue ne s'instaure entre les animaux la transmission est limitĂ©e Ă  des informations liĂ©es Ă  un programme gĂ©nĂ©tique. L'animal n'est donc pas capable d'Ă©mettre un signe, qui suppose une intention volontaire. Signal Un signal est un fait physique provoquant une rĂ©action automatique chez celui qui le exemple, le cri de l'animal prĂ©venant ses congĂ©nĂšres est un signal, car il est programmĂ© Ă  l'avance et non intentionnel un animal ne choisira pas de ne pas signaler l'approche d'un prĂ©dateur.L'homme, Ă  l'inverse, possĂšde la capacitĂ© d'instaurer un dialogue avec ses congĂ©nĂšres en ce sens, chaque prise de parole est unique, c'est-Ă -dire qu'elle exprime chaque fois une pensĂ©e singuliĂšre et originale. En dĂ©pit du fait qu'il comporte un nombre fini de signes, le langage humain est infiniment riche n'importe quelle pensĂ©e peut trouver une expression dans la langue, quand bien mĂȘme elle n'aurait jamais Ă©tĂ© exprimĂ©e avant. Signe Un signe est un signal exemple, la fumĂ©e ne signifie pas de maniĂšre intentionnelle qu'il y a du feu, donc elle n'en est pas le signe. Au contraire, un homme faisant un signe de bienvenue exprime intentionnellement quelque chose il pourrait ne pas l'exprimer, ou exprimer autre chose. CLe langage comme expression de la raison de l'homme Le langage est proprement humain parce qu'il est la seule expression certaine et indubitable de la pensĂ©e de l' dit, le langage est le seul signe certain de la prĂ©sence d'une pensĂ©e et d'une raison dans un corps. Cette idĂ©e, RenĂ© Descartes la met en Ă©vidence en comparant les animaux et les humains. Ce qu'il montre, c'est que malgrĂ© le fait que les animaux possĂšdent les organes propres Ă  la parole puisque le perroquet peut imiter Ă  la perfection le langage humain, mais seulement pour ce qui concerne l'articulation des sons, ils sont incapables de constituer un langage qui exprimerait des pensĂ©es. À l'inverse, Descartes insiste sur le fait qu'aucun homme, "mĂȘme le plus stupide" dit-il, ne se passe de l'usage du langage. Tous les hommes expriment, par le langage, des diffĂ©rence entre la communication animale et le langage humain est donc la suivante tandis que les animaux ne peuvent qu'exprimer des besoins, liĂ©s Ă  l'instinct, l'homme peut exprimer sa pensĂ©e grĂące au langage. L'animal agit selon les lois de la nature il peut bien communiquer une Ă©motion, mais il est incapable d'exprimer une pensĂ©e. Ceci est mis en Ă©vidence par le contre-exemple du muet privĂ© de l'organe de la parole, le muet peut nĂ©anmoins utiliser un systĂšme de signes pour exprimer ses pensĂ©es. Ainsi, le langage n'est pas dĂ©pendant du corps possession des organes permettant de parler mais liĂ© Ă  la pensĂ©e. Le langage est une facultĂ© qui ne dĂ©pend pas du corps, mais de l'esprit on ne trouve cette facultĂ© que chez l'homme. Ainsi le langage humain est un ensemble de signes qui peuvent ĂȘtre assemblĂ©s d'une infinitĂ© de maniĂšres, et qui permet d'exprimer des pensĂ©es. IILe rĂŽle du langage dans l'Ă©laboration de la pensĂ©e humaine ALes mots et les objets de la pensĂ©e 1Les mots comme signifiants et les pensĂ©es comme signifiĂ©s Le langage, en tant qu'il est l'expression de la raison, est donc proprement humain. Mais comment un ensemble de signes dĂ©terminĂ©s permet-il d'exprimer la pensĂ©e et de rendre compte de la rĂ©alitĂ© ?Le linguiste Ferdinand de Saussure s'est intĂ©ressĂ© Ă  cette question de la construction du langage, qu'il Ă©tudie notamment dans ses Cours de linguistique gĂ©nĂ©rale. Il met en Ă©vidence trois principes gĂ©nĂ©raux Les signes linguistiques sont constituĂ©s par l'association d'un signifiĂ© un contenu de pensĂ©e et d'un signifiant une suite de sons. Cette association est conventionnelle et arbitraire. Le langage est une structure un systĂšme de signes et les signes n'ont pas de valeur indĂ©pendamment les uns des autres mais par leurs relations d'opposition. La langue est comparable Ă  une feuille de papier la pensĂ©e est le recto et le son le de linguistique gĂ©nĂ©rale, Paris, Ă©d. Payot, coll. "Grande bibliothĂšque Payot" 1995 En comparant le langage Ă  une feuille de papier, Saussure souhaite mettre en Ă©vidence l'articulation de deux Ă©lĂ©ments au sein du langage un son dĂ©terminĂ©, le signifiant ; une idĂ©e ou une chose qui est exprimĂ©e, le signifiĂ©. Saussure voit le langage comme une structure. Pour lui, comparer les langues ou Ă©tudier leur Ă©volution n'est pas pertinent. Il rompt ainsi avec une longue tradition. Il assure que pour comprendre le langage, il faut Ă©tudier la façon dont il fonctionne Ă  un moment donnĂ© plutĂŽt qu'Ă©tudier son Ă©volution historique. Structuralisme Le structuralisme linguistique propose de comprendre le langage comme un systĂšme au sein duquel chaque Ă©lĂ©ment n'est dĂ©finissable que par les relations d'Ă©quivalence ou d'opposition qu'il entretient avec les autres Ă©lĂ©ments. C'est cet ensemble de relations qui forme la "structure" d'un langage. Par extension, le structuralisme dĂ©signe un courant des sciences humaines qui apprĂ©hende la rĂ©alitĂ© sociale comme un ensemble de relations. 2La consistance cognitive du langage On utilise des mots pour exprimer le rĂ©el, en dĂ©pit de leur caractĂšre souligne cette adĂ©quation complĂšte entre le mot et la chose qu'il exprime dans l'expĂ©rience du sujet parlant Pour le sujet parlant, il y a entre la langue et la rĂ©alitĂ© adĂ©quation complĂšte le signe recouvre et commande la rĂ©alitĂ©, mieux, il est cette de linguistique gĂ©nĂ©rale, Paris, Ă©d. Payot, coll. "Grande bibliothĂšque Payot" 1995Ce qu'indique Saussure ici, c'est que pour le sujet qui utilise le langage, le mot n'est pas un signe arbitraire choisi pour dĂ©signer une chose, le mot constitue la rĂ©alitĂ© elle-mĂȘme. Lorsque l'on Ă©tudie le langage, il est possible de mettre en Ă©vidence une distance entre les mots et ce qu'ils expriment. En revanche, du point de vue de l'utilisateur de la langue, cet Ă©cart entre le mot et la chose disparaĂźt le langage coĂŻncide alors avec la est donc possible de souligner que les mots eux-mĂȘmes n'ont de sens que parce qu'ils se rapportent Ă  des pensĂ©es. Autrement dit, s'ils signifient quelque chose, c'est parce qu'ils sont compris, voire interprĂ©tĂ©s, par une conscience qui leur donne du sens D'une part, c'est parce que celui qui parle veut dire quelque chose que les mots qu'il emploie ont du sens. D'autre part, c'est parce que celui qui Ă©coute peut investir de sens les mots qu'il entend qu'il les comprend. On le voit, en dĂ©pit du lien arbitraire entre un mot et une idĂ©e, le mot n'a de sens, n'est comprĂ©hensible pour un individu que dans la mesure oĂč il fait signe vers une idĂ©e, donc dans la mesure oĂč il exprime une pensĂ©e. BLe langage comme support de la pensĂ©e 1Le langage pour fixer la pensĂ©e Si le langage est un systĂšme de signes liant entre eux des mots et des idĂ©es et qui "fait sens" pour un sujet, il importe de s'interroger sur le rĂŽle que joue le langage dans l'Ă©laboration de la philosophe anglais Thomas Hobbes s'est intĂ©ressĂ© Ă  cette question. Le premier usage des dĂ©nominations est de servir de marques ou de notes en vue de la Paris, Ă©d. Gallimard, GĂ©rard Mairet 2000Pour Hobbes, la fonction premiĂšre du langage est donc de fixer les pensĂ©es afin de pouvoir les rĂ©utiliser, mais aussi de les mots ont pour fonction de servir de repĂšres afin que nous puissions nous rappeler nos propres pensĂ©es. En effet, sans le langage qui permet de les fixer, nos pensĂ©es tomberaient sans cesse dans l'oubli au moment mĂȘme oĂč elles apparaissent. En ce sens, il serait impossible de leur donner une forme stable. Le langage nous permet donc de donner une forme fixe Ă  la pensĂ©e c'est grĂące Ă  lui qu'il nous est possible de nous souvenir de ce que nous avons pensĂ©. 2Le langage comme matĂ©riau premier pour Ă©laborer une pensĂ©e Si les mots permettent de fixer les idĂ©es, il est possible d'imaginer que la pensĂ©e ne saurait exister si elle ne pouvait s'exprimer dans la forme du les pensĂ©es seraient insaisissables, n'auraient pas de forme, si le langage n'intervenait pas. C'est ce que souligne Émile Benveniste. ProblĂšmes de linguistique gĂ©nĂ©rale, Paris, Ă©d. Gallimard, coll. "BibliothĂšque des Sciences humaines"Autrement dit, on ne pourrait pas penser quelque chose sans le formuler par des mots. Le langage ne ferait pas qu'exprimer la pensĂ©e il la ce point de vue, croire qu'une pensĂ©e ne peut ĂȘtre exprimĂ©e par le langage serait en rĂ©alitĂ© le signe d'une indĂ©termination de cette idĂ©e. Les mots seraient donc toujours clairs seule la pensĂ©e peut n'ĂȘtre pas assez prĂ©cise pour pouvoir ĂȘtre traduite en langage. Ainsi, loin de ne constituer qu'un outil permettant d'exprimer nos pensĂ©es, le langage serait le matĂ©riau mĂȘme au sein duquel toute pensĂ©e peut exister. CL'ineffable les pensĂ©es intraduisibles par le langage Si la pensĂ©e semble bien ne pouvoir s'exprimer qu'Ă  travers le langage, il est possible de se demander si tout ce qui existe, tout ce qui est pensĂ©, peut ĂȘtre adĂ©quatement exprimĂ© par le choses sont difficiles Ă  exprimer. C'est le cas dans le domaine des sentiments. C'est Ă©galement le cas lorsqu'on dit qu'il n'y a pas de mots pour exprimer l'inconcevable un acte, une situation d'une horreur extrĂȘme. C'est ce que l'on appelle l' Bergson s'est notamment interrogĂ© sur cette inadĂ©quation possible entre les mots et la pensĂ©e qu'ils devraient pouvoir exprimer. Selon lui, la fonction du langage est avant tout utilitaire il doit permettre de guider l'action, il est donc tournĂ© vers l'extĂ©rieur et ne permet pas de rendre compte de toutes les nuances des Ă©tats de conscience. Chacun de nous a sa maniĂšre d'aimer et de haĂŻr, et cet amour, cette haine, reflĂštent sa personnalitĂ© tout entiĂšre. Cependant le langage dĂ©signe ces Ă©tats par les mĂȘmes mots chez tous les hommes ; aussi n'a-t-il pu fixer que l'aspect objectif et impersonnel de l'amour, de la haine, et des mille sentiments qui agitent l' sur les donnĂ©es immĂ©diates de la conscience, Paris, Ă©d. FĂ©lix AlcanCe que montre Bergson dans cette citation, c'est le dĂ©calage entre un mot, qui est toujours gĂ©nĂ©ral, commun, et la rĂ©alitĂ© singuliĂšre qu'il vient dĂ©signer. Ainsi, le mot "amour" est gĂ©nĂ©ral et ne permet pas de rendre compte des mille et une façons dont ce sentiment peut ĂȘtre que la rĂ©alitĂ© est toujours singuliĂšre, unique, les mots sont communs ils permettent de dĂ©signer gĂ©nĂ©riquement une chose. En ce sens, ils sont toujours trop gĂ©nĂ©raux pour pouvoir rendre compte du caractĂšre singulier d'une chose, et en particulier des pensĂ©es d'un individu. C'est pourquoi, selon lui, les formes les plus profondes de la pensĂ©e sont ineffables on ne peut les saisir que par une intuition non discursive, c'est-Ă -dire que l'on ne peut les percevoir qu'immĂ©diatement, sans la mĂ©diation du langage. IIILa dimension symbolique du langage ALa richesse du langage Le langage est d'une richesse justement parce que le rapport n'est pas toujours Ă©vident entre les mots et leur signification que l'on peut jouer avec le langage, en crĂ©ant des dĂ©calages entre les mots et le vrai message. On peut par exemple utiliser L'ironie qui consiste Ă  formuler un Ă©noncĂ© qui en signifie rĂ©ellement un autre Ou le double sens qui confĂšre Ă  un Ă©noncĂ© une double signification, par exemple au sens littĂ©ral et au sens figurĂ©. On peut Ă©galement utiliser des sous-entendus c'est-Ă -dire des Ă©noncĂ©s dont il faut dĂ©duire l'implicite. L'extrĂȘme variĂ©tĂ© des usages possibles du langage permet donc Ă  l'inventivitĂ© de s'exprimer. BLa parole crĂ©atrice Par ailleurs, le langage fait plus que transmettre ou Ă©noncer une idĂ©e, on peut dire que la parole est crĂ©atrice et permet d' effet, le langage a une force qui permet au locuteur d'avoir des effets sur le monde extĂ©rieur c'est la signification de l'expression "acte de langage".Un acte de langage est un moyen mis en Ɠuvre par un locuteur pour agir sur son environnement par ses mots il cherche Ă  informer, inciter, demander, ou encore convaincre par ce la promesse est un acte de langage elle a des effets sur le monde, elle accomplit quelque y a donc des Ă©noncĂ©s qui, au lieu de rapporter un Ă©vĂ©nement, constituent eux-mĂȘmes l'Ă©vĂ©nement qu'ils dĂ©signent. Ce type d'Ă©noncĂ©s, le philosophe John Austin les appelle "Ă©noncĂ©s performatifs". Un Ă©noncĂ© performatif est un Ă©noncĂ© qui fait advenir quelque chose. Les performatifs s'opposent aux Ă©noncĂ©s constatifs, qui eux se contentent de rapporter un Ă©tat de choses. Par exemple, lorsqu'une personne, Ă  la mairie ou Ă  l'autel, dit "Oui [je le veux]", elle ne fait pas que le reportage d'un mariage elle se mĂȘme, lorsque quelqu'un dit "Je baptise ce bateau le Queen Elisabeth", comme on dit lorsque l'on brise une bouteille contre la coque d'un bateau, il ne dĂ©crit pas seulement quelque chose ou une situation, mais surtout son Ă©noncĂ© rĂ©alise par lui-mĂȘme une action. L'Ă©noncĂ© performatif n'est ni vrai ni faux. Il obĂ©it Ă  d'autres critĂšres Ainsi, le "oui" du mariage ne fait advenir quelque chose que s'il est prononcĂ© au cours de la cĂ©rĂ©monie du mariage. Il a alors valeur de serment et rend effective l'union. L'Ă©noncĂ© "la sĂ©ance est ouverte" ne rĂ©alise son action que s'il est prononcĂ© par le prĂ©sident de sĂ©ance. S'il n'est pas prononcĂ© par une personne habilitĂ©e Ă  le faire, il sera sans effet. Enfin, une promesse qui n'est pas sincĂšre sera sans effet. Il y a donc bien un pouvoir des mots, qui consiste Ă  rĂ©aliser des actions par le simple fait de prononcer une parole. Toutefois, ce pouvoir n'est pas absolu pour ĂȘtre effectif, il doit rĂ©pondre Ă  des conditions spĂ©cifiques. IVLe pouvoir du langage ALe langage mĂšne Ă  la prise de parole Comprendre le pouvoir du langage suppose que l'on s'intĂ©resse Ă  un autre aspect de son fonctionnement le langage comme parole. En effet, le langage est aussi l'acte mĂȘme de parler. Il existe une diffĂ©rence essentielle entre la langue et la parole La langue est une institution commune Ă  un groupe elle est sociale. La parole renvoie Ă  la performance individuelle. Langue et parole ne sont pas Ă©quivalentes si le langage est extĂ©rieur Ă  l'individu, s'il s'apprend, la maĂźtrise de la langue ne sera pas la mĂȘme pour tous. Puisque les deux ne sont pas Ă©quivalents, la maĂźtrise du langage dĂ©pend de chaque individu. Or cette maĂźtrise est dĂ©cisive parce qu'une pensĂ©e claire s'exprime par des mots prĂ©cis, alors le mauvais usage du langage prouve une insuffisance de la langage mĂšne Ă  la prise de parole, et cette prise de parole n'est pas la mĂȘme pour tous. Certains individus sont plus Ă  l'aise Ă  l'oral que d'autres, et de plus la rhĂ©torique, qui dĂ©pend de critĂšres sociaux et culturels, n'est pas forcĂ©ment maĂźtrisĂ©e de la mĂȘme façon par tous. BLe langage comme marqueur social Par la prise de parole, par la maĂźtrise de la langue, l'individu s'exprimant prend, en quelque sorte, le pouvoir. Il apparaĂźt en effet souvent que la maĂźtrise de la langue peut permettre Ă  un individu de manifester une forme de supĂ©rioritĂ©. D'ailleurs, les diffĂ©rentes maĂźtrises du langage renvoient gĂ©nĂ©ralement Ă  des diffĂ©rences sociales. Par exemple, l'utilisation d'un vocabulaire trĂšs spĂ©cifique et inaccessible est une maniĂšre de manifester sa supĂ©rioritĂ© et sa ce que souligne le sociologue Pierre Bourdieu pour lui, le langage n'est pas seulement un instrument de communication, mais aussi une manifestation symbolique de personne prend la parole, elle exprime toujours plus qu'un simple contenu informatif le ton de sa voix, l'accent, le choix des mots, tous ces Ă©lĂ©ments constituant la maniĂšre de dire quelque chose exprime aussi la valeur de ce que l'on dit. Ainsi, choisir un mode d'expression l'argot, le verlan, le français conventionnel ou soutenu c'est en mĂȘme temps exprimer une appartenance sociale, c'est se pouvoir symbolique d'un certain langage n'est donc que le reflet d'un pouvoir qui s'exerce sur le plan social. Le pouvoir du langage, son efficacitĂ©, vient donc du pouvoir social, de la reconnaissance sociale. Ainsi, si la langue est un instrument de pouvoir, alors prendre la parole est en un sens prendre le pouvoir dont tĂ©moigne le langage n'est en dĂ©finitive qu'une des manifestations de la hiĂ©rarchie sociale. CLe langage comme outil de domination Le langage peut donc se rĂ©vĂ©ler dangereux et devenir un outil de domination. En effet, on aura tendance Ă  faire preuve de rĂ©vĂ©rence Ă  l'Ă©gard de quelqu'un qui donne l'apparence de maĂźtriser parfaitement ce dont il parle, comme lorsque l'on fait intervenir des spĂ©cialistes pour expliquer certaines choses. Pourtant, maĂźtriser la langue ne signifie pas nĂ©cessairement que l'on maĂźtrise le sujet dont on parle les mots ont une force extraordinaire, et ce en dĂ©pit du fait qu'ils n'expriment pas forcĂ©ment la ainsi que Platon condamnait l'art de la rhĂ©torique qu'utilisaient les sophistes, lesquels Ă©taient maĂźtres dans l'art de la persuasion, en dĂ©pit de la vĂ©ritĂ© de ce qu'ils dĂ©fendaient. On adresse d'ailleurs le mĂȘme reproche aux dĂ©magogues, qui utilisent un langage flatteur pour acquĂ©rir une lĂ©gitimitĂ© ils instrumentalisent le pouvoir des mots pour gagner les le langage peut vĂ©hiculer n'importe quel contenu et qu'il a un pouvoir trĂšs important, son usage est potentiellement dangereux. Dieun’a pas seulement créé nos esprits, il a aussi créé nos cƓurs. C’est une mauvaise idĂ©e que d’opposer les notions de bonheur et de joie. Il est prĂ©fĂ©rable d’embrasser avec satisfaction les Ă©motions que l’on Ă©prouve quand on connait, que l’on aime et que l’on suit JĂ©sus. « Bonheur » est synonyme de « joie ». Par Samim AkgönĂŒl PubliĂ© le 11/07/2022 Ă  2000 Mis Ă  jour le 12/07/2022 Ă  1214 Toutes les deux semaines, le mardi, Istanbul vous propose un rendez-vous "Parlons Turquie..." Ă  travers des courts textes de Samim AkgönĂŒl, auteur du "Dictionnaire insolite de la Turquie". Vous y ĂȘtes invitĂ©s Ă  dĂ©couvrir des concepts, mots et expressions ou des faits peu connus mais aussi des personnages insolites de l'espace turc, inspirĂ©s du dictionnaire en question. Aujourd'hui, la lettre "M"... *** Les mots voyagent, nous le savons, et lorsqu’ils voyagent, ils se dĂ©guisent. Parfois Ă  tel point qu’ils deviennent mĂ©connaissables. Il en existe de trĂšs nombreux qui ont fait la navette entre le français et le turc tout au long de l’histoire. Il serait fastidieux d’énumĂ©rer ici les quelque 5 000 mots d’origine française en usage en turc contemporain. Le français s’y est infiltrĂ© dĂšs l’alliance entre François 1er et Soliman le Magnifique au 16e siĂšcle, mais son Ăąge d’or se situe entre la fin du 19e et le dĂ©but du 20e siĂšcle, puisqu’il s’agissait de la langue des lettrĂ©s, de la diplomatie, voire des sciences. Les mots français Ă©taient Ă©galement prĂ©fĂ©rĂ©s Ă  ceux issus de l’arabe ou du persan, car cela faisait plus occidental ! Attention, une partie de ces mots sont incomprĂ©hensibles Ă  l’oreille française ils ont changĂ© de prononciation, sont affublĂ©s de suffixes qui les camouflent, ou bien ont simplement disparu du français contemporain. S’il est facile de deviner ce que signifie OtobĂŒsteki komik ve sempatik ĆŸĂ¶för "chauffeur comique et sympathique dans le bus", il est moins aisĂ© de deviner que ßezlong est une "chaise longue", biskĂŒvit un "biscuit" ou kuruvasan un "croissant". Un mot tel que palto "manteau" est frĂ©quent alors que "paletot" a disparu en français. De la mĂȘme maniĂšre, tous les Turcs connaissent le damacana, une grande bonbonne d’eau qu’ils commandent dans les villes celle du robinet n’est en gĂ©nĂ©ral pas potable, sans savoir que le mot vient de "dame-jeanne" qui contenait d’ailleurs plus souvent de l’eau-de-vie... Ajoutons qu’en turc l’expression Fransız kalmak se retrouver dans la position d’un Français signifie, ne rien comprendre, rester hĂ©bĂ©tĂ©. Contrairement aux prĂ©cĂ©dents, les mots turcs en français sont plus rares mais pas absents. Parmi les plus usitĂ©s, on peut Ă©numĂ©rer les suivants "Kiosque" vient de kĂ¶ĆŸk, certes d’origine persane, mais qui est passĂ© dans le vocabulaire par le turc ottoman. En turc, il dĂ©signe un petit palais, souvent rond et trĂšs dĂ©corĂ©. "Horde" vient du mot ordu en turc, "armĂ©e". "Pacha", Ă  l’origine persan, est, dĂšs le 13e siĂšcle, un titre honorifique. Il devient un grade dans l’armĂ©e ottomane jusqu’à la RĂ©publique. Le terme dĂ©signe toujours les hauts gradĂ©s de l’armĂ©e ou, de maniĂšre affectueuse, les enfants. "Babouche", d’origine persane, est introduit par l’intermĂ©diaire de sa version turque pabuç chaussure. "Chacal", du turc çakal, dĂ©signe l’animal et quelqu’un de rusĂ©. "Gilet", de yelek en turc, a le mĂȘme sens. "Tulipe" vient de tĂŒlbent, qui est une sorte de turban, Ă  cause de la forme de la fleur. En turc actuel, la tulipe* porte le nom persan de lale. Ajoutons que l’expression "tĂȘte de Turc" en français vient de la figure du "Turc" enturbannĂ© des dynamomĂštres des foires du 19e siĂšcle, sur lequel tout le monde s’acharnait pour mesurer sa force. AprĂšs tout, dans les Fourberies de Scapin, dĂšs 1671, GĂ©ronte ne s’écriait-il pas "Ah ! Le pendard de Turc, m’assassiner de la façon" ! *** DerniĂšres publications de l'auteur > AkgönĂŒl Samim dir., La modernitĂ© turque adaptations et constructions dans le processus de modernisation ottoman et turc, Istanbul, Éditions Isis, 2022 ; > AkgönĂŒl Samim, Dictionnaire insolite de la Turquie, Paris, Cosmopole, 2021 ; > AkgönĂŒl Samim, La Turquie "nouvelle" et les Franco-Turcs une interdĂ©pendance complexe, Paris, L'Harmattan 2020. Sur le mĂȘme sujet Samim AkgönĂŒl Samim AkgönĂŒl est historien et politologue. Il travaille sur les minoritĂ©s dans l'espace post-ottoman et sur les "nouvelles minoritĂ©s" issues des migrations turques. Il dirige le DĂ©partement d’Études turques de l'UniversitĂ© de Strasbourg. Achetezet tĂ©lĂ©chargez ebook L’anglais sans obstacle : une mĂ©thode comparative entre le français et l’anglais pour un apprentissage rapide, facile et sans Ă©chec: 500 mots pour parler anglais Ă  travers le français: Boutique Kindle - Langues Ă©trangĂšres : Amazon.fr Le Monde & Vous Livres OrganisĂ© par Le Monde, L’Obs, TĂ©lĂ©rama et France Inter, le festival Mot pour mots met la littĂ©rature Ă  l’honneur les 11 et 12 juin Ă  La Villette, Paris. Il y a un an, aprĂšs des mois de couvre-feu, d’interdiction des rassemblement et de fermeture des lieux de culture, la tenue du premier festival MOT pour Mots, organisĂ© conjointement par Le Monde, l’Obs et TĂ©lĂ©rama, en partenariat avec France Inter, relevait d’une forme de miracle. Si, depuis, ont eu lieu bien des Ă©vĂ©nements en prĂ©sentiel », avec puis sans jauge, avec puis sans passe sanitaire, les deux derniĂšres annĂ©es nous ont enseignĂ© Ă  ne pas prendre pour acquis le plaisir simple et merveilleux de se retrouver nombreux dans une salle pour communier autour des livres, Ă©couter parler des auteurs qui nous enthousiasment ou nous intriguent, frotter nos cervelles aux leurs, agrandir ce faisant notre rapport aux mots et au monde. Nos rĂ©dactions associĂ©es ont Ă©laborĂ© une deuxiĂšme Ă©dition festive, qui se tiendra du 10 au 12 juin dans des librairies Ă  travers toute la France, et les 11 et 12 juin, Ă  La Villette, Ă  Paris. Trois salles y accueilleront des rencontres avec des Ă©crivains aussi plĂ©biscitĂ©s par nos journalistes que par les lecteurs sont ainsi conviĂ©s les romanciers Nicolas Mathieu, Pierre LemaĂźtre, Constance DebrĂ©, Marie Darrieussecq, Mohammed Mbougar Sarr, Yasmina Reza, Eric Vuillard, Marie-Aude Murail, Marie NDiaye, Jean-Claude Grumberg, Iegor Gran, Richard MorgiĂšve, sans oublier le singulier duo constituĂ© par l’écrivain Kamel Daoud et le photographe Raymond Depardon, ni trois auteurs maison » Florence Aubenas, François Rousseaux et Doan Bui. C’est autant pour leurs casquettes de romanciers que pour celles de bĂ©dĂ©astes que sont conviĂ©s Fabrice Caro dit Fabcaro et Joann Sfar, au cĂŽtĂ© d’autres grands du 9eme art Riad Sattouf, Tardi et Dominique Grange. Cette annĂ©e, la programmation offre une place plus large aux essais, avec la prĂ©sence des philosophes Claire Marin, MichaĂ«l Foessel et FrĂ©dĂ©ric Lenoir, des historiens Alain Corbin et Michel Zink ou encore de l’avocat et juriste Philippe Sands. Avec ce dernier, franco-britannique, comme avec les Ă©crivains Leonardo Padura Cuba et Lionel Shriver Etats-Unis, c’est Ă  l’international que nous nous ouvrons. Deux tables rondes permettront d’en savoir plus sur les mĂ©tiers du livre l’une avec les critiques littĂ©raires de nos rĂ©dactions, l’autre avec trois patrons de maisons d’éditions indĂ©pendantes. Quoi encore ? Entre bien d’autres choses des ateliers Ă  destination des enfants, des tĂȘte Ă  tĂȘte entre auteurs et lecteurs, les enregistrements d’émissions phares de France Inter, il serait fort dommage de manquer les lectures donnĂ©es par deux grandes actrices de la ComĂ©die Française Dominique Blanc lira Annie Ernaux et DaniĂšle Lebrun, Marcel Proust. Bon festival ! LE PROGRAMME DES RENCONTRES RĂ©servation recommandĂ©e sur SAMEDI 11 JUIN THÉÂTRE PARIS-VILLETTE 11 heures - 12 heures Rencontre avec Nicolas Mathieu 12 h 30 - 13 h 30 Rencontre avec Iegor Gran 14 heures - 15 heures Rencontre avec Riad Sattouf 15 h 30 - 16 h 30 Rencontre avec Pierre Lemaitre 17 heures - 18 heures Rencontre avec Claire Marin 18 h 30 - 19 h 30 Rencontre avec Constance DebrĂ© 18 h 30 - 19 h 30 Rencontre avec Jean-Claude Grumberg SALLE BORIS VIAN 11 heures - 12 heures Rencontre avec Fabcaro 12 h 30 - 13 h 30 Table ronde des critiques 14 heures - 15 heures Rencontre avec Marie Darrieussecq 15 h 30 - 16 h 30 Rencontre avec Mohamed Mbougar Sarr 17 heures - 18 heures DaniĂšle Lebrun lit Proust LITTLE VILLETTE 11 heures - 12 heures Rencontre avec Alain Corbin 12 h 30 - 13 h 30 Rencontre avec Leonardo Padura 14 heures - 15 heures Les Ă©diteurs indĂ©pendants 15 h 30 - 16 h 30 Rencontre avec Manuel Carcassonne 17 heures - 18 heures Rencontre avec Doan Bui 18 h 30 - 19 h 30 Rencontre avec Philippe Sands DIMANCHE 12 JUIN THÉÂTRE PARIS-VILLETTE 11 heures - 12 heures Rencontre avec Eric Vuillard 12 h 30 - 13 h 30 Rencontre avec Yasmina Reza 14 heures - 15 heures Rencontre avec Jacques Tardi et Dominique Grange 15 h 30 - 16 h 30 Dominique Blanc lit Annie Ernaux 17 h 30 - 18 h 30 Rencontre avec Florence Aubenas et François Rousseaux 18 h 30 - 19 h 30 Rencontre avec Raymond Depardon et Kamel Daoud SALLE BORIS VIAN 12 h 30 - 1 3h 30 Rencontre avec Marie-Aude Murail 14 heures - 15 heures Rencontre avec Joann Sfar 15 h 30 - 16 h 30 Rencontre avec Marie NDiaye 18 h 30 - 19 h 30 Rencontre avec FrĂ©dĂ©ric Lenoir LITTLE VILLETTE 11 heures - 12 heures Rencontre avec le laurĂ©at du Prix des lecteurs et des lectrices des bibliothĂšques de la Ville de Paris 12 h 30 - 13 h 30 Rencontre avec Lionel Shriver 14 heures - 15 heures Rencontre avec Richard MorgiĂšve 15 h 30 - 16 h 30 Rencontre avec Michel Zink 14 heures - 15 heures Rencontre du Prix des libraires Folio - TĂ©lĂ©rama 18 h 30 - 19 h 30 Rencontre avec MichaĂ«l FƓssel ET AUSSI Des Ă©missions de France Inter en public depuis le festival, avec plusieurs rencontres personnalisĂ©es de quinze minutes avec une autrice ou un auteur... Un moment privilĂ©giĂ©, en tĂȘte Ă  tĂȘte, Ă  prescriptions littĂ©raires avec un professionnel du livre pour recevoir des conseils personnalisĂ©s en fonction de vos goĂ»ts de lectureUn espace jeunesse les jeunes lecteurs et lectrices seront invitĂ©s Ă  dĂ©couvrir de nouveaux horizons littĂ©raires au sein d’un espace pensĂ© spĂ©cialement pour eux. Également au programme du week-end, une trentaine de librairies, partenaires du festival, proposeront des rencontres et animations Ă  travers la France. Rendez-vous sur le site pour retrouver toute la programmation et rĂ©server vos places pour les rencontres. Le Monde Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil Ă  la fois Ce message s’affichera sur l’autre appareil. DĂ©couvrir les offres multicomptes Parce qu’une autre personne ou vous est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil Ă  la fois ordinateur, tĂ©lĂ©phone ou tablette. Comment ne plus voir ce message ? 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Lauteure est citée par Jean-Luce Morlie, qui propose un rapprochement entre les équivalents de travail dans plusieurs langues, et dégage la séquence consonantique [rb] comme patron commun

RĂ©sumĂ©s Le lexique employĂ© pour dĂ©crire et thĂ©oriser les transferts et les mĂ©langes culturels a connu une inflation de termes depuis un demi-siĂšcle acculturation, transculturation, interculturation, traduction, mĂ©tissage, crĂ©olisation et hybridation. Cet article vise Ă  mieux comprendre le pourquoi de ce lexique en reconstituant l’évolution de ces mots, le contexte sociopolitique de leur Ă©mergence et les tensions idĂ©ologiques qui agissent sur leur sens. En dĂ©pit de la multiplication des termes pour dire les mĂ©tissages, on y constate une redondance sĂ©mantique et des restrictions de sens, voire une certaine pauvretĂ© conceptuelle dans l’usage des mots. Il y a une forte tendance Ă  dĂ©crire et Ă  analyser des phĂ©nomĂšnes de fusion culturelle, comme si les cultures devaient obligatoirement se rencontrer et se mĂ©langer. Or, cet article dĂ©montre que les rapports entre le soi et l’autre sont multiples et variĂ©s, allant du refus catĂ©gorique de contacts Ă  l’assimilation volontaire. Das Wortfeld fĂŒr die Beschreibung von Kulturkontakten wuchs seit 50 Jahren inflationĂ€r Akkulturation, Transkulturation, Übersetzung, Kreolisierung, Hybridiesierung. Der vorliegende Beitrag bemĂŒht sich um die KlĂ€rung dieses Wortfeldes, indem er die semantische Entwicklung dieser Wörter, den sozial-politische Kontext ihrer Entstehung und die ideologischen Spannungen, die ihren Sipn verĂ€ndern, untersucht. Trotz der wachsenden Anzahl von Termini, die ethnische Mischungen bezeichnen, lassen sich ein semantischer Überfluß und SinnbeschrĂ€nkungen ja sogar eine gewisse Armut bei der Anwendung der Wörter beobachten. Es herrscht eine starke Tendenz zur Beschreibung und Analyse der Kulturkreuzungen, als ob Kulturen sich unbedingt kreuzen und vermischen mĂŒĂŸten. Der Beitrag zeigt die ganze Skala der Beziehungen vom Selbst zum Anderen und umfaflt sowobl die kategorische Ablehnung wie die gezielte Assimilierung. The lexicon to describe and theorize cultural contact and mixing has expanded considerably over the last half century, with the growing use of words such as acculturation, transculturation, interculturation, translation, mĂ©tissage, creolization and hybridization. This article aims to shed light on the underpinnings of this lexicon through a study of the etymology of the words, of the sociopolitical context of their creation and of the ideological tensions which shape their meanings. Although there has been an inflation of words to characterize hybridity, their meanings are redundant and often restricted conceptually. There is a tendency to analyze phenomena of cultural fusion, as if cultures must inevitably corne into contact and produce hybrid forms. This article shows that the relationships between self and other are multiple and varied, ranging from the refusal of contact to voluntary de page Texte intĂ©gral 1L’étude des contacts » et des croisements » entre cultures diffĂ©rentes s’inscrit dans une longue tradition anthropologique qui remonte pratiquement Ă  l’origine de la discipline. Ces notions ont Ă©galement connu des dĂ©veloppements importants et une assez grande fortune dans d’autres disciplines, notamment en archĂ©ologie, en ethnohistoire domaine de l’histoire qui s’occupe des populations amĂ©rindiennes chez les AmĂ©ricains de langue anglaise et, plus rĂ©cemment, en littĂ©rature par le relais des Ă©tudes postcoloniales. Les termes employĂ©s pour dĂ©crire et thĂ©oriser ces phĂ©nomĂšnes de transferts et de transformations culturels se sont multipliĂ©s depuis le dĂ©but du xxe siĂšcle et ils ont subi des glissements sĂ©mantiques et des changements de sens. CaractĂ©risĂ© par des mots comme acculturation, transculturation, interculturation, traduction, mĂ©tissage, crĂ©olisation et hybridation, ce lexique a connu des mutations qui ne peuvent s’expliquer que par les contextes sociopolitiques qui leur ont donnĂ© naissance et les tensions idĂ©ologiques qui agissent sur leur sens. J’aimerais faire une Ă©tude lexicographique de ces mots et me pencher plus longuement sur ceux de mĂ©tissage, de crĂ©olisation et d’hybridation, dont l’usage s’est considĂ©rablement accru ces derniĂšres annĂ©es. Je tiens Ă  prĂ©ciser que ce travail ne prĂ©tend pas ĂȘtre exhaustif. Il serait impossible de faire un bilan critique de tous les ouvrages parus sur le sujet depuis un siĂšcle. Mon projet est plus modeste. Je veux simplement faire ressortir certaines grandes tendances dans l’usage de ce lexique et saisir les enjeux actuels de ces mots, plus particuliĂšrement dans le contexte nord-amĂ©ricain. De l’acculturation Ă  la traduction 1 Robert Redfield, Ralph Linton et Melvin Herskovits, Memorandum for the Study of Acculturation », ... 2 Robert Bec, Patterns and Processes, p. 113-114. Margaret Mead avait dĂ©jĂ  constatĂ© le rĂ©trĂ©cissement ... 3 Pour des critiques plus rĂ©centes du concept, voir Pierre Clastres, Ecrits d’anthropologie politiqu ... 2Si Franz Boas Ă©voque la notion d’acculturation dĂšs 1920, ce sont les sociologues de l’école de Chicago qui la dĂ©finissent et qui l’utilisent pour expliquer le processus d’assimilation des Noirs et des immigrants aux États-Unis. AprĂšs avoir Ă©tĂ© revitalisĂ©e par les sociologues, la notion est reprise et Ă©largie par les anthropologues ; Robert Redfield, Ralph Linton et Melville Herskovits la dĂ©finissent en 1936 comme l’ensemble des phĂ©nomĂšnes qui rĂ©sultent du contact direct et continu entre des groupes d’individus de cultures diffĂ©rentes avec des changements subsĂ©quents dans les types culturels de l’un ou des autres groupes »1. MĂȘme si cette dĂ©finition Ă©voque l’idĂ©e d’interactions et d’influences rĂ©ciproques, le champ sĂ©mantique du mot s’est rĂ©trĂ©ci considĂ©rablement lorsque celui-ci a Ă©tĂ© appliquĂ© Ă  l’étude des groupes ethniques minoritaires, notamment ceux d’origine amĂ©rindienne. En effet, les recherches ont portĂ© essentiellement sur les effets de la culture europĂ©enne sur celle des AmĂ©rindiens le mode de vie, la dĂ©mographie, l’organisation Ă©conomique et sociale, l’appareillage technologique, les coutumes et les croyances2. Outre qu’elle attribue Ă  l’AmĂ©rindien un rĂŽle fataliste, cette interprĂ©tation lui renvoie subrepticement la faute en le rendant coupable d’un Ă©change inĂ©gal avec une autre culture, considĂ©rĂ© comme une sorte d’acte de transgression originel. Les tenants de cette approche se sont surtout intĂ©ressĂ©s Ă  reconstituer les Ă©tapes d’un parcours linĂ©aire qui transforme l’AmĂ©rindien, qui le fait passer d’un Ă©tat authentique Ă  un Ă©tat altĂ©rĂ©, et qui, par la mĂȘme occasion, le fait disparaĂźtre3. Les conventions de rectitude ont rĂ©ussi Ă  donner au mot mauvaise presse et Ă  le chasser du discours scientifique. 4 Fernando Ortiz, Cuban Counterpoint Tobacco and Sugar, New York, Alfred A. Knopf, 1947 ; Alexander ... 5 Sandra Regina Goulart de Almeida, Transcultural fictions women Writers in Canada and Brazil ». ... 6 Yves Winkin, Émergence et dĂ©veloppement de la communication interculturelle aux États-Unis et en ... 7 Claude Clanet, L’intĂ©gration pluraliste des cultures minoritaires l’exemple des Tsiganes », in ... 3Transculturation et interculturation sont d’autres concepts apparus dans le sillage de celui d’acculturation, souvent en rĂ©action contre lui, pour exprimer les nĂ©gociations, les interactions et les Ă©changes complexes qui travaillent les individus et les groupes en situation de contact. Dans les annĂ©es 1940, l’anthropologue cubain Fernando Ortiz a proposĂ© l’usage du mot transculturation pour rendre compte des objets amĂ©rindiens qui ont Ă©tĂ© non seulement prĂ©servĂ©s dans la culture d’origine mais adoptĂ©s et dĂ©veloppĂ©s dans la culture d’accueil europĂ©enne. Il traite notamment du cas du tabac, plante amĂ©rindienne, qui a eu un impact profond et durable tant en AmĂ©rique qu’en Europe4. La notion a Ă©tĂ© reprise par les littĂ©raires et utilisĂ©e pour retracer les mots et les idĂ©es qui traversent les cultures et les transforment, ou encore pour marquer les lieux de confrontation et de transformation culturelles. Gomme le souligne Sandra Regina Goulart de Almeida, les Ă©tudes sur le transculturalisme portent gĂ©nĂ©ralement sur des sujets dĂ©placĂ©s » et des sites d’oppression5. Les anthropologues amĂ©ricaines Ruth Benedict et Margaret Mead instituent le mot interculturel qui connaĂźtra une grande fortune dans les sociĂ©tĂ©s pluriethniques de l’aprĂšs-guerre6. DestinĂ©e Ă  modĂ©liser les processus interactifs et les Ă©changes bilatĂ©raux, voire multilatĂ©raux, entre groupes diffĂ©rents, la recherche interculturelle a vite glissĂ© vers l’analyse des processus d’intĂ©gration langagiĂšre et culturelle des immigrants dans les sociĂ©tĂ©s d’accueil. Le mot interculturation a connu un sort semblable7. UtilisĂ© depuis une quinzaine d’annĂ©es par les psychologues et les sociologues de l’apprentissage, le concept d’interculturation vise Ă  nuancer l’assimilation unilatĂ©rale des enfants des immigrants Ă  la culture de l’autre et met plutĂŽt l’accent sur l’appropriation sĂ©lective de certains Ă©lĂ©ments de la culture d’accueil et de l’interpĂ©nĂ©tration culturelle qui en rĂ©sulte. Il n’en demeure pas moins que les Ă©tudes restent axĂ©es fondamentalement sur les comportements des immigrants par rapport Ă  la culture d’accueil et donc du rapport de l’autre Ă  soi. 8 Clifford Geertz, The Interpretation of Cultures, New York, Basic Books, 1973, p. 9. 9 Clifford Geertz, Savoir local, savoir global. Les lieux du savoir, Paris, PUF, 1986, p. 16. 10 James Clifford, Routes, Travel and Translation in the Late Twentieth Century, Cambridge, Harvard Un ... 11 Michael Dutton, Lead Us Not into Translation Notes Toward a Theoretical Foundation for Asian St ... 12 Sanford Budick, Crises of Alterity Cultural Untranslatability and the ExpĂ©rience of Seconday Ot ... 4Plus riche, la notion de traduction veut tenir compte du caractĂšre bricolĂ© et transformateur des emprunts faits Ă  l’autre culture ainsi que du travail toujours approximatif du chercheur qui tĂąche de les interprĂ©ter. Clifford Geertz rappelle que l’ethnographie est toujours une Ă©criture graphie de l’autre de l’ethnie et, donc, une construction graphique par l’ethnologue de la maniĂšre dont d’autres groupes se sont construits8. Plus encore, pour Ă©crire » une culture, il faut l’interprĂ©ter Ă  l’intention d’une autre culture et prĂ©alablement se livrer Ă  une opĂ©ration de traduction. Geertz prĂ©cise que traduire ne veut pas dire une simple refonte de la façon dont les autres prĂ©sentent les choses afin de les prĂ©senter en termes qui sont les nĂŽtres c’est ainsi que les choses se perdent, mais une dĂ©monstration de la logique de leur prĂ©sentation selon nos propres maniĂšres de nous exprimer »9. Autrement dit, le passage d’une culture Ă  une autre culture contraint l’ethnologue Ă  transformer le sens des phĂ©nomĂšnes qu’il observe pour les rendre intelligibles Ă  ses lecteurs. Pour James Clifford aussi le travail de l’ethnologue est toujours fait de comparaisons, d’approximations, d’imitations imparfaites, bref, de traductions10. Mais la traduction et l’approche rĂ©flexive qu’elle sous-entend tendent Ă  dĂ©placer le regard du sujet observĂ© vers l’observateur, de l’autre vers soi. L’ethnologue, en tant qu’observateur, se sent toujours insatisfait et sans doute mal Ă  l’aise dans son Ɠuvre d’écriture de l’autre, car traduire c’est aussi rĂ©duire et trahir11. La rĂ©flexivitĂ© Ă©voque certes une critique de soi, mais aussi une auto confession qui sert Ă  expier la faute et, au fond, Ă  mieux justifier l’acte de traduction12. Le travail sur l’ethnie devient alors Ă©thique. Quoi qu’il en soit, la notion de traduction conduit toujours Ă  dire l’autre dans les mots Ă  soi, et donc Ă  ramener l’autre Ă  soi. Du mĂ©tis aux mĂ©tissages culturels 13 François Laplantine et Alexis Nouss, Le mĂ©tissage, Paris, Flammarion, 1997 ; et, MĂ©tissage, de Arc ... 14 Jean-Loup Amselle, Logiques mĂ©tisses Anthropologie de l’identitĂ© en Afrique et ailleurs, Paris, ... 15 Jean-Loup Amselle, Branchements. Anthropologie de l’universalitĂ© des cultures, Paris, Flammarion, ... 16 Serge Gruzinski, La pensĂ©e mĂ©tisse, Paris, Fayard, 1999, p. 45. 17 Ibid., p. 315. 5L’introduction rĂ©cente du mot mĂ©tissage dans le lexique des sciences humaines reprĂ©sente une nouvelle tentative de recentrage du concept sur les interactions et les appropriations rĂ©ciproques. Plus encore, l’usage exprime une volontĂ© de situer le mĂ©tissage au cƓur de tout processus culturel, tant du monde occidental lui-mĂȘme que sur ses franges coloniales. Les travaux de François Laplantine et Alexis Nouss dĂ©voilent et dĂ©busquent les innombrables expressions du mĂ©tissage dans les mots, les arts visuels, l’architecture, le théùtre et la philosophie. Ils thĂ©orisent le mĂ©tissage pour en faire une dynamique relationnelle en devenir et un nouvel ordre social pour la modernitĂ©13. Jean-Loup Amselle inscrit le mĂ©tissage comme fondement mĂȘme de la culture. Il oppose la raison ethnologique » qui consiste Ă  sĂ©parer, Ă  classer, Ă  catĂ©goriser et Ă  prĂ©senter les cultures comme des entitĂ©s homogĂšnes et closes, Ă  la logique mĂ©tisse » qui renvoie Ă  un processus d’interfĂ©condation entre les cultures et qui met l’accent sur l’indistinction ou le syncrĂ©tisme originaire »14. La culture rĂ©sulte donc d’un rapport de force interculturel nĂ©gociĂ© et renĂ©gociĂ©, de traditions continuellement rĂ©interprĂ©tĂ©es et refaites d’apports extĂ©rieurs. Plus rĂ©cemment, Amselle propose de substituer Ă  la notion de mĂ©tissage, trop marquĂ©e par la biologie et par l’idĂ©e d’un mĂ©lange des cultures considĂ©rĂ©es elles-mĂȘmes comme des univers Ă©tanches, celle de branchement », empruntĂ©e Ă  l’informatique qui Ă©voque un faisceau d’interconnexions perpĂ©tuelles entre les cultures, une dialectique d’interrelations multiples par lesquelles les cultures se construisent. Il place au centre de sa rĂ©flexion l’idĂ©e de triangulation, c’est-Ă -dire de recours Ă  un Ă©lĂ©ment tiers pour fonder sa propre identitĂ© »15. De son cĂŽtĂ©, Serge Gruzinski fournit des outils conceptuels pour repenser le mĂ©tissage culturel dans une perspective historique. Pour Gruzinski, la vision culturaliste entretient la croyance qu’il existerait une totalitĂ© cohĂ©rente capable de conditionner les comportements, et cette vision incite Ă  prendre les mĂ©tissages pour des processus qui se propageraient aux confins d’entitĂ©s stables dĂ©nommĂ©es cultures ou civilisations »16. Il dĂ©montre, au contraire, comment le monde occidental de la Renaissance assimilait, au sein mĂȘme de l’Europe, divers Ă©lĂ©ments des cultures indiennes en mĂȘme temps que des Ă©lĂ©ments de l’AntiquitĂ© grĂ©co-latine. C’est en raison d’un goĂ»t prononcĂ© pour la singularitĂ©, l’étrange et le mĂ©lange que la pensĂ©e de la Renaissance a produit des choses aussi hybrides que les fables, les grotesques et les cabinets de curiositĂ© oĂč sont exposĂ©es pĂȘle-mĂȘle les diffĂ©rentes espĂšces du rĂšgne animal. Il signale, par exemple, des singes, des papillons, des pumas et des dindons mexicains intĂ©grĂ©s aux fresques des plafonds Ă  grotesques de la Casa Romei, une maison patricienne Ă  Ferrare en Italie. Les mĂ©tissages du nouveau et de l’ancien monde ne s’achĂšvent pas avec la fin de la pĂ©riode coloniale ; ils se poursuivent encore aujourd’hui car les acteurs sociaux cultivent toujours les ressources du mĂ©tissage, ce processus sans cesse recommencĂ©17. 18 Je tiens Ă  remercier Jean-Philippe Uzel pour ces informations. 19 L’expression est de Pierre Ouellet, Les identitĂ©s migrantes La passion de l’autre », in Laurie ... 20 Walter Moser, La culture en transit un nouveau dĂ©fi pour la connaissance ». Communication prĂ©s ... 6TrĂšs prĂ©sent dans le discours scientifique, il y a aujourd’hui une volontĂ© de valoriser le mĂ©tissage, voire mĂȘme de mĂ©tisser le patrimoine. Tout ce qui est mĂ©langĂ© est mis en valeur et doit ĂȘtre conservĂ©. Ce goĂ»t nouveau pour l’hĂ©tĂ©rogĂšne s’exprime dans la cuisine, mais aussi dans l’art et la littĂ©rature. Les artistes et les Ɠuvres mĂ©tissĂ©s sont vĂ©nĂ©rĂ©s par les critiques et les armateurs d’art, tant en AmĂ©rique du Nord et en Australie qu’en Europe. Plusieurs grandes expositions internationales d’art contemporain ont exploitĂ© le thĂšme du mĂ©tissage ces derniĂšres annĂ©es — Partage d’exotismes » Ă  la Biennale de Lyon en 2000, Plateau d’humanitĂ© » Ă  la Biennale de Venise en 2001 et surtout Documenta 11 », cette manifestation quinquennale majeure d’art contemporain, qui a eu lieu Ă  Kassel Allemagne en 20 0218. Le mĂ©tissage s’exprime avec encore plus de force dans la littĂ©rature contemporaine par ce que certains appellent une esthĂ©sie migrante », soit une nouvelle esthĂ©tique fondĂ©e sur la mouvance Ă©nonciative qui dĂ©finit le mode mĂȘme de la constitution du sujet19. Le soi se met en lieu et place de l’autre pour se construire Ă  partir de lui. Par une sorte d’acculturation volontaire, ces Ă©crivains s’inscrivent non seulement dans une autre culture, mais sacrifient leur langue maternelle pour Ă©crire dans celle de leur culture d’adoption. C’est une littĂ©rature du transit et en transit, une littĂ©rature qui hĂ©site continuellement entre deux voies, plus encore qui nĂ©gocie entre deux rĂ©alitĂ©s20. Bref, il s’agit d’une littĂ©rature qui situe le lecteur dans un entre-lieu » pour le faire jouir esthĂ©tiquement d’une schizophrĂ©nie perpĂ©tuelle. 21 Robert Chaudenson, MulĂątres, mĂ©tis, crĂ©oles », in Jean-Luc Alber, Claudine Bavoux et Michel Wati ... 22 CitĂ© dans BĂ©atrice Didier, Le mĂ©tissage de L’EncyclopĂ©die Ă  la RĂ©volution de l’anthropologie Ă  ... 23 Sylviane Albertan-Coppola, La notion de mĂ©tissage Ă  travers les dictionnaires du xviiie siĂšcle » ... 24 Jean-Luc Bonniol, Introduction », in Jean-Luc Bonniol Ă©d., Les paradoxes du mĂ©tissage, Paris, ... 7Si le mĂ©tissage est maintenant valorisĂ©, esthĂ©tisĂ©, idĂ©alisĂ© mĂȘme dans nos sociĂ©tĂ©s contemporaines, il n’en a pas toujours Ă©tĂ© ainsi. Le mot mĂ©tis possĂšde son histoire qui est marquĂ©e nĂ©gativement jusqu’à la deuxiĂšme moitiĂ© du xxe siĂšcle. Il apparaĂźt dans le contexte colonial pour dĂ©signer les enfants de sang mĂȘlĂ©, au statut incertain, pris dans une tension entre colonisateur et colonisĂ©. Il renferme une connotation trĂšs pĂ©jorative parce qu’il exprime une transgression fondamentale entre l’Occident et son Autre. Pendant trĂšs longtemps, il renvoie aux domaines de la biologie, du corps, et de la sexualitĂ© honteuse entre espĂšces diffĂ©rentes. MĂ©tis est employĂ© d’abord par les Portugais et ensuite par les Espagnols mestizo — sang-mĂȘlĂ© », du latin mixtus au dĂ©but du xviie siĂšcle pour nommer cette nouvelle catĂ©gorie d’ĂȘtres humains que sont les enfants issus des croisements entre hommes espagnols et femmes indiennes21. Avec la progression de la colonisation française en AmĂ©rique du Nord et aux CaraĂŻbes, il passe rapidement au français s’écrivant de diffĂ©rentes façons mĂ©tice », mestif » et mĂ©tis » et se confond, au dĂ©but, avec le terme mulĂątre » qui se spĂ©cialise et finit par dĂ©signer les rejetons de couples noirs et blancs. Le mot mĂ©tis est suffisamment employĂ© pour que l’on lui rĂ©serve une entrĂ©e dans le dictionnaire de la langue française de FuretiĂšre 1708 qui le dĂ©finit ainsi Le nom que les Espagnols donnent aux enfants qui sont nĂ©s d’un Indien et d’une Espagnole, ou d’un Espagnol et d’une Indienne. On appelle aussi chiens mĂ©tis, ceux qui sont nĂ©s de diffĂ©rentes races, comme d’un LĂ©vrier et d’un Épagneul. »22 La comparaison avec le rĂšgne animal contribue Ă  rabaisser le mĂ©tis, Ă  insister sur l’aspect bestial du phĂ©nomĂšne et Ă  faire douter de son humanitĂ©. MĂȘme procĂ©dĂ© dans l’EncyclopĂ©die en c qui a trait au terme mulĂątre » qui, prĂ©cise– t– on, est dĂ©rivĂ© de mulet, animal engendrĂ© de deux diffĂ©rentes espĂšces ». L’étymologie devient un prĂ©texte commode pour renvoyer au domaine animal et condamner la pratique. La condamnation morale de ce croisement des races est encore plus sĂ©vĂšre dans le Dictionnaire de TrĂ©voux 1732, oĂč on lit que c’est une fort grande injure.., parce qu’ils [les enfants] viennent de diffĂ©rente espĂšce, comme les monstres ». Dans l’esprit europĂ©en, le mĂ©tis est carrĂ©ment associĂ© Ă  une anomalie biologique et sociale parce que, comme le monstre, composĂ© de deux natures il mĂ©lange les catĂ©gories et vient menacer l’ordre Ă©tabli23. Ce n’est pas avant le xixe siĂšcle qu’apparaĂźt le mot mĂ©tissage. Contrairement Ă  son usage actuel qui Ă©voque les mĂ©langes culturels, il renvoie encore aux croisements dans le monde animal en suivant la mĂȘme trajectoire que le mot mĂ©tis il Ă©voque l’hybriditĂ©, d’abord, chez les ovins et, ensuite, chez les humains. Et il conserve son caractĂšre fondamentalement pĂ©joratif24. 25 Voir Ă  ce sujet, les travaux trĂšs complets de François Laplantine et Alexis Nouss, Le mĂ©tissage, o ... 8Depuis une vingtaine d’annĂ©es le mot mĂ©tissage a Ă©tĂ© repris essentiellement pour lutter contre les purismes et les fondamentalismes de toutes sortes. Il se veut un moyen de caractĂ©riser et favoriser la multiplication des contacts, des Ă©changes et des mĂ©langes dans le monde contemporain. On entend rarement le mot mĂ©tis, en tant que sujet, mais beaucoup celui de mĂ©tissage qui renvoie Ă  un processus culturel25. Le mĂ©tissage est devenu une mĂ©taphore pour dire le monde postmoderne. L’expression mĂ©tissage culturel » dĂ©finit par dĂ©faut un phĂ©nomĂšne omniprĂ©sent, de nature multiple et fragmentaire, qui se prĂ©sente comme un universel dans le monde contemporain, celui de la mondialisation. Le mĂ©lange est partout, reprĂ©senterait-il un nouveau patrimoine en train de devenir hĂ©gĂ©monique ? 26 Jonathan Friedman, From roots to routes Tropes for trippers », in Anthropological Theory, vol. ... 27 Le MusĂ©e de la civilisation de QuĂ©bec a exploitĂ© la mĂ©taphore du tissage pour son exposition sur l ... 9Autrefois employĂ© pour condamner les mĂ©langes ethniques dans les colonies, le mĂ©tissage se manifeste maintenant Ă  grande Ă©chelle dans les dĂ©placements de populations des pays anciennement colonisĂ©s vers des mĂ©tropoles devenues multi– ethniques et multiculturelles. Mais ces groupes dĂ©territorialisĂ©s ne demeurent-ils pas des isolats, comme l’évoque le mot diaspora » qui leur est souvent accolĂ© ? Faut-il rappeler que les dĂ©placements transnationaux de populations ne touchent qu’une partie infime de la population mondiale ? Les masses sĂ©dentaires, qui reprĂ©sentent la vaste majoritĂ© de la population de la planĂšte, n’ont bien souvent mĂȘme pas accĂšs Ă  l’internet26. S’agit-il rĂ©ellement d’un mĂ©lange harmonieux, ou bien d’une nouvelle forme de colonisation, intĂ©riorisĂ©e ? Il se manifeste Ă  l’échelle des nations, Ă  l’intĂ©rieur desquelles des cultures mĂ©tissĂ©es, issues de ces populations dĂ©placĂ©es, ont pu voir le jour, telles que les Chicanos aux États-Unis, les Beurs en France, ou les JamaĂŻcains au Canada. Mais ces cultures mĂ©tissĂ©es n’ont-elles pas pour corollaire de nouvelles formes de sĂ©grĂ©gation, de fractionnement ? Le mĂ©tissage se manifeste Ă  l’échelle individuelle, dans le cas des mariages mixtes ou de l’adoption, mais Ă  quel moment le mĂ©lange des couleurs » devient-il un mĂ©lange culturel ? Le mĂ©tissage est aussi apparemment partout dans les nouvelles formes de communication, dans le rĂ©seau », le filet », le tissu »27 des Ă©changes d’information. Mais ces fils enchevĂȘtrĂ©s, cet emmĂȘlement », conduisent-ils rĂ©ellement au mĂ©lange, ou servent-ils Ă  une consolidation, une rĂ©ification du mĂȘme ? CrĂ©olisation et hybridation 28 Chaudenson, MulĂątres, mĂ©tis, crĂ©oles », p. 25-26. 29 Vertus Saint-Louis, L’usage du vocable crĂ©ole Ă  Saint-Domingue et le façonnement de l’imaginaire ... 30 Anne-Marie Losonczy, Le criollo et le mestizo. Du substantif Ă  l’adjectif catĂ©gories d’apparen ... 10Le mot crĂ©ole possĂšde des origines et suit un parcours sensiblement diffĂ©rent de mĂ©tis, mais il connaĂźt un aboutissement semblable. Il est employĂ© dans les colonies espagnoles de l’AmĂ©rique latine dĂšs le xvie siĂšcle pour dĂ©signer les enfants de colons europĂ©ens nĂ©s dans la colonie. Il apparaĂźt dans les Antilles françaises vers le milieu du xviie siĂšcle Ă©galement pour distinguer les EuropĂ©ens nĂ©s au pays des immigrants de premiĂšre gĂ©nĂ©ration28. Contrairement au mĂ©tis ou au mulĂątre, qui sont mĂ©langĂ©s, le crĂ©ole est de race blanche. Il construit son identitĂ© et son statut sociopolitique par l’anciennetĂ© de son occupation du territoire. Dans certains pays, les mulĂątres deviennent suffisamment riches et puissants pour revendiquer, Ă  leur tour, le statut de crĂ©ole. A HaĂŻti, par exemple, les mulĂątres et les esclaves noirs nĂ©s dans la colonie se qualifient de crĂ©oles dĂšs le xviiie siĂšcle. Ils s’approprient entiĂšrement cette dĂ©signation pendant et aprĂšs la RĂ©volution de 1804 lorsqu’ils se mettent en lieu et place du colon europĂ©en29. Par la suite, les mulĂątres et les Noirs ne se reconnaissent autrement que par la dĂ©nomination de crĂ©oles, et le crĂ©ole devient la langue officielle du pays. Il ne sera plus question d’appeler les Blancs par ce vocable. En revanche, dans un pays dominĂ© par une Ă©lite d’origine europĂ©enne comme la Colombie, le mot crĂ©ole continue pendant longtemps Ă  dĂ©signer les colons blancs. Anne-Marie Losonczy dĂ©montre bien que les colons colombiens ont Ă©cartĂ© soigneusement de cette catĂ©gorie les mulĂątres et les mĂ©tis pendant toute la pĂ©riode coloniale, en instituant les certificats de sang destinĂ©s Ă  identifier et Ă  rejeter ceux qui ne pouvaient pas faire la preuve de la puretĂ© de leur sang espagnol. Ne seront progressivement admis que les mĂ©tis qui acceptent de combattre aux cĂŽtĂ©s des troupes nationales pendant la guerre d’IndĂ©pendance. Pendant tout le xixe siĂšcle et la premiĂšre moitiĂ© du xxe siĂšcle, le mot continue Ă  dĂ©signer les anciens colons blancs et les mĂ©tis bien intĂ©grĂ©s Ă  la nation. Avec la nouvelle Constitution des annĂ©es 1970, on assiste Ă  une nouvelle mutation du lexique. L’usage du mot crĂ©ole pour dĂ©signer un groupe humain tend Ă  ĂȘtre abandonnĂ©. Le mot s’adjectivise et sert de plus en plus Ă  exprimer des pratiques culturelles mĂ©langĂ©es la musique crĂ©ole, la cuisine crĂ©ole, culture crĂ©ole, etc. Losonczy explique ces changements par le dĂ©sir des autoritĂ©s politiques colombiennes de refonder la lĂ©gitimitĂ© de l’État par la mise en Ɠuvre d’un nouveau projet de sociĂ©tĂ©, axĂ© sur le multiculturalisme plutĂŽt que sur la sĂ©grĂ©gation raciale30. 31 Jacqueline Bardolph, Etudes poskoloniales et littĂ©rature, Paris, HonorĂ© Champion Editeur, 2002, p. ... 32 Ania Loomba, Colonialism/ Postcolonialism, New York, Routledge, 1998, p. 22. 33 Frantz Fanon, Les damnĂ©s de la terre, Paris, Maspero, 1963, p. 31-32. Voir aussi Frantz Fanon, Pea ... 34 Ania Loomba, op. cit., p. 15. 11C’est sans doute en raison des origines blanches » du mot crĂ©ole que les premiers Ă©crivains et poĂštes noirs francophones du xxe siĂšcle le rejettent catĂ©goriquement. Il y a eu des discussions vives et des dĂ©bats trĂšs engagĂ©s sur la notion de crĂ©olitĂ© dans les annĂ©es 1930 et 1940 chez les jeunes Ă©crivains africains, tels que LĂ©opold SĂ©dar Senghor, Ousmane SocĂ© Diop et Abdoulaye Sadji. Ils se sont efforcĂ©s de construire un discours anticolonialiste Ă  partir de la notion de la nĂ©gritude », qui repose sur l’idĂ©ologie et l’esthĂ©tique de la puretĂ© raciale. Fortement inspirĂ©s par le mouvement culturel noir de l’époque aux États-Unis, connu sous le nom de Harlem Renaissance », ces Ă©crivains noirs provenant des colonies françaises revendiquaient une identitĂ© trĂšs essentialiste, axĂ©e sur leurs racines africaines, pour se redonner une dignitĂ© bafouĂ©e par la colonisation31. Les Ă©crivains antillais, comme AimĂ© CĂ©saire et Frantz Fanon, pourtant fortement mĂ©tissĂ©s, optent eux aussi pour la nĂ©gritude dans un premier temps32. CĂ©saire fondait son discours sur un antagonisme culturel irrĂ©ductible entre l’Europe et ses autres », antagonisme implicitement basĂ© sur la diffĂ©rence entre les sociĂ©tĂ©s capitalistes ou non capitalistes. Fanon, Ă  sa suite, tend aussi Ă  scinder les sociĂ©tĂ©s colonisĂ©es et l’Occident colonisateur en une dichotomie irrĂ©ductible Le monde colonisĂ© est un monde coupĂ© en deux... ce monde coupĂ© en deux est habitĂ© par deux espĂšces diffĂ©rentes. »33 II faut dire qu’à cette Ă©poque le colonialisme s’exerce sur presque l’ensemble de la surface de la planĂšte et sur les deux tiers de la population mondiale34. 35 Jean BernabĂ©, Patrick Chamoiseau et RaphaĂ«l Confiant, Éloge de la crĂ©olitĂ©, Paris, Gallimard, 1989 36 Edouard Glissant, PoĂ©tique de la relation, Paris, Gallimard, 1990 ; Introduction Ă  une poĂ©tique du ... 37 Robert Baron et Anna C. Cara, Creolization and Folklore. Cultural Creativity in Proccss », in Jou ... 38 Michel-Rolph Trouillot, The CrĂ©ole Millenium Caribbean Lessons for the 21st Century ». Communic ... 12Avec la pĂ©riode de dĂ©colonisation qui a suivi la deuxiĂšme guerre mondiale, le discours des Ă©crivains noirs francophones change progressivement de cap en valorisant les mĂ©langes culturels. La nouvelle gĂ©nĂ©ration d’écrivains s’attaquent Ă  CĂ©saire et les autres promoteurs de la nĂ©gritude en leur reprochant d’ĂȘtre trop tournĂ©s vers le passĂ©, les racines africaines et les traditions ancestrales. Sans doute influencĂ©s par la montĂ©e du multiculturalisme dans plusieurs pays de l’AmĂ©rique latine, les crĂ©olistes », du nom qu’ils se donnent, s’efforcent de se rĂ©approprier et de redĂ©finir la crĂ©olitĂ© » pour en faire l’apologie. PubliĂ© en 1989, L’éloge de la crĂ©olĂŻtĂ©, de Jean BernabĂ©, Patrick Chamoiseau et RaphaĂ«l Confiant, a eu un retentissement considĂ©rable et il est devenu un rĂ©fĂšrent obligatoire pour quiconque souhaite aborder la question des mĂ©langes culturels35. Les Ă©crits d’Edouard Glissant vont encore plus loin en proposant une rupture avec l’Afrique pour rendre la notion de crĂ©olitĂ© spĂ©cifiquement antillaise36. Ce discours crĂ©ole se prĂ©sente comme fonciĂšrement antiraciste et anticolonialiste, par le biais de la littĂ©rature et de la poĂ©sie. Perçu comme un moyen de lutter contre les fondamentalismes et l’ethnicitĂ©, il valorise Ă  l’extrĂȘme les mĂ©langes de toutes sortes. L’un de leurs nĂ©ologismes forts, le mot diversalitĂ©, Ă©voque les notions de mosaĂŻque et de kalĂ©idoscope. Contrairement Ă  la synthĂšse, la diversalitĂ© exprime des variations multiples et divers possibles. Pour Ă©viter de faire de la crĂ©olitĂ© un nouvel essentialisme, les crĂ©olistes proposent de la considĂ©rer comme un processus culturel, comme une crĂ©olisation », sans dĂ©but ni fin, continuellement en mouvement et donc en devenir37. La crĂ©olisation se veut un processus de crĂ©ation, situĂ© dans un espace de contact oĂč les hiĂ©rarchies s’effondrent et oĂč les cultures se fondent pour produire des expressions et des formes nouvelles. Tout en voulant Ă©viter le piĂšge de l’essentialisme, la crĂ©olisation induit de toute Ă©vidence que la diversitĂ© se doit d’ĂȘtre l’universalitĂ©38. 39 Edward W. SaĂŻd, Orientalism, New York, Random House, 1978. 13De mĂȘme, les Ă©crivains anglophones des ex-colonies britanniques font de la crĂ©olitĂ©, exprimĂ©e plus couramment en anglais par le mot hybriditĂ©, un thĂšme central de la remise en cause de l’hĂ©ritage culturel mĂ©tropolitain. Dans un ouvrage considĂ©rĂ© comme fondateur des Ă©tudes postcoloniales, Orientalism, Edward W. SaĂŻd dĂ©construit les subtilitĂ©s du concept dichotomique de l’Occident et son Autre ». Il prĂ©sente l’orientalisme comme une institution occidentale destinĂ©e Ă  traiter avec l’Orient, par la formulation de dĂ©clarations sur l’Orient ou en les censurant, par la description de l’Orient, par l’enseignement de l’Orient et par l’occupation de l’Orient ; bref, il rĂ©vĂšle que l’orientalisme reprĂ©sente le mode occidental de domination de l’Orient39. Nombre d’études postcoloniales, Ă  la suite de SaĂŻd, se fondent sur cette dimension de discours/pouvoir telle que dĂ©finie par Foucault. 40 Dipesh Chakrabarty, Subaltern Studies and Postcolonial Historiography », in Nepantla Views fro ... 41 Salman Rushdie, Patries imaginaires, Paris, Christian Bourgois, 1993 Imaginauy Homelands, Londres ... 42 Homi Bhabba, Signs Taken for Wonders Questions of Ambivalence and Authority Under a Tree Outside ... 43 Homi Bhabha, The Location of Culture, Londres, Routledge, 1994, p. 44. 14Issues des Subaltern Studies » qui ont vu le jour en Angleterre dans les annĂ©es 1980, grĂące Ă  l’activitĂ© d’un groupe d’historiens indiens voulant dĂ©coloniser l’histoire moderne de l’Inde, les Postcolonial Studies » se sont rapidement enracinĂ©es dans les dĂ©partements de littĂ©rature anglaise en Inde, en Australie, au Canada et surtout aux États-Unis oĂč elles furent portĂ©es par des littĂ©raires d’origine indienne comme Salman Rushdie, Gayatri Spivak et Homi Bhabha40. Ce virage postcolonial vise un rĂ©examen de tous les prĂ©supposĂ©s de l’époque coloniale, y compris le dĂ©nigrement du mĂ©tis et du mĂ©tissage. Un Ă©crivain comme Salman Rushdie glorifie l’hybriditĂ©, la bĂątardise, le patchwork et les mĂ©langes de toutes sortes pour retourner les termes mĂȘmes du colonisateur qui ont servi Ă  humilier le colonisĂ©41. On retrouve chez Homi Bhabha, professeur de littĂ©rature anglaise Ă  l’UniversitĂ© de Chicago, ce mĂȘme dĂ©sir d’exploiter le mĂ©tissage pour le retourner contre le colonisateur. Il introduit l’idĂ©e que le pouvoir colonial a pour nĂ©cessaire effet la production de l’ hybridation », mais que c’est cette hybriditĂ© justement qui est le moyen d’un renversement stratĂ©gique du processus de domination. Il prend comme exemple le livre anglais », mais cette fois non plus au strict plan du discours tel qu’envisagĂ© par les Ă©tudes portant sur la littĂ©rature du Commonwealth. Il y est question de la maniĂšre dont les Évangiles, traduits en hindoustani, sont appropriĂ©s, lus, et commentĂ©s, par une communautĂ© hindoue. Il s’agit donc de la part de cette communautĂ© d’un processus de dĂ©placement, de distorsion, de dĂ©localisation des textes anglais42. Contrairement Ă  Fanon qui voit une division fondamentale entre Noirs et Blancs, colonisĂ©s et colonisateurs, Bhabha insiste sur l’importance de l’imitation, de l’art du colonisĂ© Ă  mimer le colonisateur tout en conservant son identitĂ© d’origine43. Loin d’ĂȘtre le signe d’une acculturation, l’imitation est dangereuse pour le maĂźtre car elle permet au colonisĂ© de bĂ©nĂ©ficier d’une double vision des choses, d’investir deux lieux en mĂȘme temps et de devenir un intermĂ©diaire incontournable. De cette duplicitĂ© naĂźt un espace hybride, un entre-lieu » oĂč des nouvelles formes de rĂ©sistance s’élaborent et oĂč de nouvelles pratiques culturelles Ă©mergentes. On le voit, le sens du mot hybriditĂ©, ou plus encore hybridation, en tant que processus de mĂ©langes culturels, rejoint celui de crĂ©olisation et de mĂ©tissage dans notre monde postcolonial. Les trois mots veulent dire Ă  peu prĂšs la mĂȘme chose. Les paradoxes du mĂ©tissage/crĂ©olisation/hybridation 44 Benjamin R. Barber, Jihad vs McWorld, New York, Ballantine Books, 1995, p. 25-32. 45 Jean-Loup Amselle, La mondialisation. Grand partage ou mauvais cadrage », in L’Homme, vol. 156, ... 46 Voir, entre autres, Ulf Hannerz, The Gobai Ecumene », in Ulf Hannerz, Cultural Complexity Studi ... 15Trop actuel et universel pour ĂȘtre rĂ©ellement apprĂ©hendĂ©, le mĂ©lange – des populations, des cultures, des informations, des pratiques artistiques, etc. —, en tant que phĂ©nomĂšne contemporain, peut ĂȘtre redoutĂ© ou cĂ©lĂ©brĂ©. La mondialisation contemporaine peut ĂȘtre perçue comme un facteur d’homogĂ©nĂ©isation des cultures et des patrimoines, produisant par contrecoup des rĂ©actions de cristallisation fondamentalistes » et des replis, voire des conflits ethniques et religieux, comme hier en Yougoslavie et aujourd’hui en IsraĂ«l et en Palestine. Elle fait cohabiter des cultures diverses, et celles-ci prennent conscience de leur diffĂ©rence, penchent vers la valorisation de leurs marqueurs culturels et durcissent des caractĂšres de plus en plus essentialisĂ©s44. D’aprĂšs Jean-Loup Amselle, la globalisation a contribuĂ© Ă  faire disparaĂźtre la question sociale, celle de la lutte des classes, et la question territoriale, pour leur substituer celle des guerres identitaires »45. Ou encore la mondialisation peut ĂȘtre envisagĂ©e comme un facteur d’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© culturelle et d’harmonie sociale. Dans cette optique, la libre circulation transnationale des personnes et des produits contribue Ă  multiplier les contacts, les Ă©changes, et les mĂ©langes, et, du mĂȘme coup, Ă  attĂ©nuer les luttes de classes, les nationalismes et les tensions culturelles et religieuses. La mobilitĂ© gĂ©nĂ©ralisĂ©e facilite la rĂ©union de segments Ă©pars et la crĂ©olisation du monde46. 47 Gayatri C. Spivak, Three Women’s Texts and a Critique of Imperialism », in Henry Louis Gates, Rac ... 16La mondialisation valorise la diffĂ©rence et l’ ethnicitĂ© ». Mais tout en prĂŽnant la cohabitation de sociĂ©tĂ©s diffĂ©renciĂ©es, en les juxtaposant et en les cloisonnant, elle sous– entend un refus du mĂ©tissage ; le mĂ©lange culturel » ne peut ĂȘtre envisagĂ© que comme une perte d’authenticitĂ©, un amoindrissement de l’identitĂ©, une contamination pathologique des valeurs culturelles, voire un effacement du sujet. A l’image du trickster, cette figure lĂ©gendaire de la littĂ©rature orale amĂ©rindienne, le mĂ©tis dĂ©joue et Ă©chappe Ă  toutes les catĂ©gorisations, il reste un fugitif infigurable et insaisissable. Mais, en mĂȘme temps, il est partout et nulle part, sans lieu, toujours en fuite, victime de sa propre aliĂ©nation. Sa parole difforme permet de dire son absence. Son mode d’action est la tactique qui lui permet de ruser avec le pouvoir, mais jamais de la maĂźtriser. C’est comme si cet ĂȘtre rusĂ© mais archaĂŻque Ă©tait sacrifiĂ© dans sa terre natale pour laisser naĂźtre l’identitĂ© postmoderne. Gayatrai Spivak nous rappelle que le sacrifice du sujet colonial mĂ©tis – souvent de sexe fĂ©minin – qui s’immole pour la glorification de la mission sociale du colonisateur est un thĂšme rĂ©current de la littĂ©rature coloniale47. Catherine Tegahkouita en offre un exemple canadien. Cette jeune femme iroquoise convertie au catholicisme par les missionnaires jĂ©suites devient recluse et se sacrifie pour la mission. Elle impose Ă  son corps et Ă  son Ăąme toutes sortes de privations et pratique la mortification au point de s’enlever la vie Ă  la fleur de l’ñge. DĂ©possĂ©dĂ©e de sa fĂ©minitĂ© et rĂ©duite au silence, elle est une fable mystique qui exprime le triomphe du missionnaire. 48 Catherine E. Walsh, The Rearticulation of Political Subjectivities and Colonial Difference in E ... 17Le multiculturel, implicitement discriminatoire, se pare de l’esthĂ©tique de l’hĂ©tĂ©rogĂšne, mode de vie Ă©litiste qui aime les emprunts, le mĂ©lange des genres, mais Ă  condition que cette diversitĂ© bariolĂ©e n’altĂšre pas en profondeur des valeurs curieusement rĂ©manentes, persistantes. Catherine Walsh montre comment l’Equateur, comme beaucoup d’autres pays de l’AmĂ©rique latine, a construit son idĂ©ologie nationale sur le mĂ©tissage qui a Ă©tĂ© un moyen efficace pour les Ă©lites locales d’écarter le pouvoir mĂ©tropolitain espagnol puis, du mĂȘme coup, de marginaliser tous ceux qui n’étaient pas mĂ©tissĂ©s, c’est-Ă -dire les indigĂšnes et les Noirs. La version plus contemporaine du nationalisme mĂ©tis de l’Equateur enferme les indigĂšnes et les Noirs – prĂšs de la moitiĂ© de la population – dans un multiculturalisme nĂ©olibĂ©ral qui prĂŽne la tolĂ©rance et l’intĂ©gration mais qui, en mĂȘme temps, entretient leur exclusion en les identifiant comme autres »48. MĂȘme lorsqu’on accorde Ă  ces communautĂ©s culturelles des droits — l’usage de leur langue par exemple –, il s’agit de la reconnaissance d’une particularitĂ© ethnique qui tend Ă  accentuer leur diffĂ©rence et Ă  renfoncer les hiĂ©rarchies sociales en place. La reconnaissance de la diffĂ©rence par son incorporation Ă  l’intĂ©rieur de l’état postcolonial contribue Ă  faire des particularismes culturels une forme universelle de la domination culturelle postmoderne. 49 Slovoj Zizek, Multiculturalism, or the Cultural Logic of Multinational Capitalism », in New Left ... 50 Jonathan Fncdman, From roots to routes Tropes for trippers », in Anthropobgical Theory, vol. 2, ... 18Le mĂ©tissage reprĂ©sente Ă  l’échelle du monde ce que le multiculturalisme est Ă  l’échelle de la nation. Le capitalisme mondial incorpore la diffĂ©rence tout en la vidant de son sens premier. La diffĂ©rence devient un produit Ă  consommer, une source de plaisir, dans la rĂ©ification de l’autre. A la maniĂšre du nationalisme multiculturel, la logique culturelle de la mondialisation exprime un nĂ©ocolonialisme dans la mesure oĂč il obscurcit et, en mĂȘme temps, maintient le lien colonial par la production d’un discours valorisant la diffĂ©rence. Cette rhĂ©torique prĂ©sente chaque culture locale de la mĂȘme maniĂšre que le colonisateur traitait les peuples colonisĂ©s, comme des autochtones qui doivent ĂȘtre soigneusement Ă©tudiĂ©s et respectĂ©s, tout en conservant une distance ethnocentrique49. Qui plus est, les Ă©lĂ©ments disparates sont rĂ©unis, coulĂ©s dans le mĂȘme moule et fusionnĂ©s pour produire un sujet unique, hybride. Ce concept du mĂ©lange des substances pour en faire un amalgame unique rappelle Ă©trangement celui de race ; l’idĂ©e de puretĂ© sanguine est simplement remplacĂ©e par l’idĂ©e du mĂ©lange50. Dans les deux cas, l’identitĂ© est rĂ©duite Ă  une essence. 51 Richard Price et Sally Price, Shadowboxing in the Mangrove », in Cultural Anthropology, vol. 12, ... 52 Ibid., p. 11 notre traduction. 19Dans le contexte contemporain de la mondialisation, la fusion des diffĂ©rences apparaĂźt comme une idĂ©ologie salvatrice, un nouvel humanisme. Mais, en rĂ©alitĂ©, ce plaidoyer pour le mĂ©tissage n’entend pas amener la rĂ©conciliation de ce monde dichotomisĂ© ; il serait plutĂŽt, du moins dans l’esprit des crĂ©olistes, un plaidoyer pour une identitĂ© crĂ©ole qui ne serait pas dĂ©finie par quelqu’un d’autre »51. Richard et Sally Price font remarquer que les rĂ©fĂ©rences des crĂ©olistes sont presque exclusivement francophones, et que leur perspective Ă©lude les autres secteurs des CaraĂŻbes, hispaniques, Hollandais ou anglophones52. Ils voient dans le discours des crĂ©olistes francophones une reproduction de notions essentialistes et sexistes. L’éloge de la crĂ©olitĂ© » n’est pas celui du mĂ©tissage culturel, mais celui d’une culture crĂ©ole francophone qui, bien que nĂ©e de multiples mĂ©tissages, valorise ses caractĂšres essentiels au moyen d’une patrimonialisation du passĂ©, passĂ© réécrit parfois au moyen du dĂ©ni sĂ©lectif de certaines composantes dans le processus de la crĂ©olisation la part des Noirs marron par exemple. Dans cette optique, la crĂ©olitĂ© ne relĂšve pas de la valorisation d’un processus de mĂ©tissage, mais bel et bien d’un nouvel essentialisme. 53 Ce vocabulaire a aussi Ă©tĂ© relevĂ© par Richard et Sally Price, op. cit., p. 23, ainsi que l’importa ... 20Dans le monde francophone, la tentation de la rĂ©fĂ©rence aux travaux des crĂ©olistes tient certainement Ă  la terminologie qu’ils ont dĂ©veloppĂ©e, d’une qualitĂ© indĂ©niable ; mais cette terminologie Ă©veille des soupçons. Le mĂ©tissage est envisagĂ© en fonction de termes naturalistes » empruntĂ©s Ă  la biologie rhizomes, hybridation, voire mangrove ». La rĂ©fĂ©rence Ă  la mangrove symbolise le caractĂšre de recyclage », de rĂ©gĂ©nĂ©ration et de fertilitĂ© attribuĂ© au processus de crĂ©olisation53. Pour Ă©voquer le mĂ©tissage, les crĂ©olistes recourent Ă  une terminologie poĂ©tique, qui n’est pas sans rappeler les Ă©lĂ©gies bucoliques du xviiie siĂšcle. Le mĂ©tissage semble relever d’une libertĂ© Ă©volutive naturelle. On en fait l’éloge, comme d’une ode Ă  la nature. Cela pourrait rapidement conduire Ă  marginaliser un monde mĂ©tis » partout visible et mĂ©connu tout en le valorisant de maniĂšre hyperbolique. Le mĂ©tissage est fĂ©condant, luxuriant, impossible Ă  fixer, toujours en mouvement, nomade, voire sauvage ». 54 Margery Fee, Who Can Write as Other », in Bill Ascroft, Gareth Griffiths, Helen Tiffin, The Post- ... 55 Gareth Griffith, The Myth of Authentiaty, in ibid., p. 241. 21Notre monde contemporain prĂŽne le mĂ©lange tout en dĂ©plorant la disparition de l’autre, tandis que l’autre lui-mĂȘme, souvent, entreprend de retrouver son histoire particuliĂšre, antĂ©rieure Ă  la colonisation, dans une nostalgie, curieusement similaire, de cette puretĂ© originelle disparue. Mais le fait de nier Ă  l’autre son authenticitĂ© peut ĂȘtre un moyen de le rĂ©duire au silence. Au sujet d’écrivains autochtones d’ascendance mĂ©tisse, Margery Fee constate que leurs travaux peuvent ĂȘtre dĂ©valorisĂ©s parce qu’ils ne sont plus de purs » reprĂ©sentants de leurs cultures respectives54. Ce concept de l’authenticitĂ© dans le systĂšme de reprĂ©sentation occidental dĂ©nie toujours aux sujets mĂ©tissĂ©s » par le processus colonial la possibilitĂ© de se lĂ©gitimer, ou de parler de maniĂšre Ă  menacer l’autoritĂ© de la culture dominante55. 56 GĂ©rard Collomb, EthnicitĂ©, nation, musĂ©e, en situation postcoloniale », in Ethnologie française, ... 57 Daniel A. SĂ©gal, Resisting Identities A Found Theme », in Cultural Anthropology, vol. 11, n° 4, ... 58 Rosalind Shaw et Charles Stewart, Introduction Problematizing Syncretism », in Rosalind Shaw et ... 22C’est sans doute pour cette raison que la plupart des groupes amĂ©rindiens au Canada et aux États-Unis, mĂȘme ceux qui sont fortement mĂ©tissĂ©s, ne se rĂ©clament pas du mĂ©tissage. Au contraire, ils tendent Ă  essentialiser fortement leurs identitĂ©s en affirmant une appartenance Ă  une langue, une culture singuliĂšre, Ă  un passĂ© immĂ©morial et Ă  un territoire unique. De mĂȘme, bon nombre de jeunes États africains, souvent composĂ©s d’une multitude de groupes ethniques Ă  la suite de dĂ©coupages arbitraires des frontiĂšres nationales, ont prĂ©fĂ©rĂ© jouer la carte de leurs similaritĂ©s et de leur hĂ©ritage commun. Le patrimoine a la charge de rassembler des populations d’origines culturelles diverses dans un État-nation qui sert de rempart contre la mondialisation56. L’essentialisation est ici stratĂ©gique, perçue Ă  la fois comme outil de rĂ©sistance Ă  la culture dominante et mondialisante, voire comme un moyen de dĂ©construction du discours post colonial57. Rosalind Shaw et Charles Stewart soutiennent que, si le syncrĂ©tisme et le mĂ©tissage ont servi Ă  dĂ©construire des reprĂ©sentations coloniales essentialisĂ©es et l’enfermement des colonisĂ©s dans des entitĂ©s tribales Ă©tanches, ils sont devenus aujourd’hui des paradigmes postmodernes totalisants et l’expression d’un impĂ©rialisme intellectuel. En effet, on tend de plus en plus Ă  dĂ©cortiquer et, par consĂ©quent, Ă  dĂ©nigrer des identitĂ©s qui sont des rĂ©alitĂ©s phĂ©nomĂ©nologiques pour ceux qui les utilisent58. C’est sans doute en rĂ©action contre cette dĂ©valorisation sournoise des identitĂ©s locales par les intellectuels que les autochtones recourent aux traditions et durcissent aujourd’hui leurs identitĂ©s. Pour conclure 23Ce rapide survol du lexique employĂ© pour Ă©tudier les contacts et les croisements entre cultures diffĂ©rentes se rĂ©sume Ă  un nombre Ă©tonnamment rĂ©duit de possibilitĂ©s. En dĂ©pit de l’inflation des mots mis en Ɠuvre depuis un demi-siĂšcle, on y constate une redondance sĂ©mantique et des glissements perpĂ©tuels de sens, voire une certaine pauvretĂ© conceptuelle dans l’usage de ces mots. Il y a une forte tendance Ă  dĂ©crire et Ă  analyser des phĂ©nomĂšnes de fusion culturelle, comme si les cultures devaient obligatoirement se rencontrer et se mĂ©langer. Il semble que chaque fois qu’un mot est inventĂ© pour circonscrire l’ensemble des interactions entre le soi et l’autre, ou bien il disparaĂźt, ou bien il dĂ©place le regard vers le soi, ou encore il change de sens et dĂ©signe le processus d’intĂ©gration de l’autre. Plus qu’une simple Ă©volution du lexique, ces glissements sĂ©mantiques expriment une tension idĂ©ologique entre, d’une part, une volontĂ© d’ouverture aux mĂ©tissages et, d’autre part, un rĂ©flexe de repli et de fermeture destinĂ© Ă  occulter la diffĂ©rence. DĂšs lors que le concept est mis en pratique, qu’il s’institutionnalise, il s’éloigne de sa position premiĂšre et porte sur la fusion des deux entitĂ©s ou encore sur l’autre en train de devenir le mĂȘme. Or, comme on a pu le voir dans la derniĂšre partie de ce texte, les rapports entre le soi et l’autre sont multiples et variĂ©s, allant du refus catĂ©gorique de contacts Ă  l’assimilation volontaire. Certains groupes dominĂ©s peuvent rĂ©sister aux contacts et pratiquer un essentialisme stratĂ©gique en recourant Ă  des traditions ancestrales et en reproduisant un Ă©tat culturel antĂ©rieur. Ils peuvent aussi opter pour un mimĂ©tisme stratĂ©gique, c’est-Ă -dire s’intĂ©grer au groupe dominant dans le but de le transformer progressivement de l’intĂ©rieur. Il y a coexistence de deux systĂšmes de rĂ©fĂ©rence avec la possibilitĂ© de transferts, mais pas nĂ©cessairement mĂ©tissage, dans le sens d’une transformation culturelle permanente. Donc, loin d’ĂȘtre une condition sine qua non de tout processus culturel et un phĂ©nomĂšne irrĂ©versible, le mĂ©tissage connaĂźt des variations et des revirements, des refus et des ruptures, des dĂ©constructions et des destructions. Pour ouvrir davantage le dĂ©bat sur les mĂ©tissages, il faudrait se pencher sur les rapports non mĂ©tissĂ©s entre le soi et l’autre, et trouver les mots pour le dire. Haut de page Notes 1 Robert Redfield, Ralph Linton et Melvin Herskovits, Memorandum for the Study of Acculturation », American Anthropologist, vol. 38, 1936, p. 149-152. MalgrĂ© l’importance de ce mĂ©moire, les premiĂšres Ă©tudes anthropologiques sur l’acculturation ont bel et bien Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es par les Ă©lĂšves de F. Boas et A. Kroeber en 1932 Robert Bec, Patterns and Processes An Introduction to Anthropological StratĂ©gies for trie Study of Sociocultural Change, New York, The Free Press, 1974, p. 94-95. 2 Robert Bec, Patterns and Processes, p. 113-114. Margaret Mead avait dĂ©jĂ  constatĂ© le rĂ©trĂ©cissement du champ sĂ©mantique du mot dans son Ă©tude New Lives for OU, New York, Mentor Books, 1956. 3 Pour des critiques plus rĂ©centes du concept, voir Pierre Clastres, Ecrits d’anthropologie politique, Paris, Le Seuil, 1980, p. 47-57 ; Pierrette DĂ©sy, Le mot le plus dĂ©testable ou les misĂšres de l’acculturation », in Lekion, vol. 2, n° 2, 1992, p. 193-230 ; et Michel Grenon, La notion d’acculturation entre l’anthropologie et l’historiographie », in Lekton, vol. 2, n° 2, 1992, p. 13-43. 4 Fernando Ortiz, Cuban Counterpoint Tobacco and Sugar, New York, Alfred A. Knopf, 1947 ; Alexander Von Gernet, The Transculturation of the Amerindian Pipe/Tobacco/Smoking Complex and its Impact on the Intellectual Boundaries between Savagery » and Civilization », 1535-1954 », UniversitĂ© McGill, 1988, p. 13. 5 Sandra Regina Goulart de Almeida, Transcultural fictions women Writers in Canada and Brazil ». Communication prĂ©sentĂ©e au colloque du Conseil international d’études canadiennes, Transferts culturels diversitĂ© et mĂ©tamorphoses, tenu Ă  l’UniversitĂ© du QuĂ©bec Ă  MontrĂ©al, MontrĂ©al, 22 au 24 mai 2003. 6 Yves Winkin, Émergence et dĂ©veloppement de la communication interculturelle aux États-Unis et en France », in Khadiyatoulah Fall, Daniel Simeoni et Georges Vignaux Ă©ds., Mots reprĂ©sentations. Enjeux dans les contacts interethniques et interculturels, Ottawa, Presses de l’UniversitĂ© d’Ottawa, 1994, p. 33-50. 7 Claude Clanet, L’intĂ©gration pluraliste des cultures minoritaires l’exemple des Tsiganes », in Jean Retschitzky, Margarita Bossel-Lagos, Pierre Dasen Ă©ds., La recherche interculturelle, Paris, L’Harmattan, 1989, t. I, p. 210-213 ; et Patrick Denoux, Pour une nouvelle dĂ©finition de l’interculturation », in Jeanine Blomart et Bernd Krewer Ă©ds., Perspectives de l’interculturel, Paris, L’Harmattan, 1994, p. 67-81. 8 Clifford Geertz, The Interpretation of Cultures, New York, Basic Books, 1973, p. 9. 9 Clifford Geertz, Savoir local, savoir global. Les lieux du savoir, Paris, PUF, 1986, p. 16. 10 James Clifford, Routes, Travel and Translation in the Late Twentieth Century, Cambridge, Harvard University Press, 1997, p. 11. 11 Michael Dutton, Lead Us Not into Translation Notes Toward a Theoretical Foundation for Asian Studies », in Nepantla Views Fions the South, vol. 3, n° 3, 2002, p. 495-537. 12 Sanford Budick, Crises of Alterity Cultural Untranslatability and the ExpĂ©rience of Seconday Otherness », in Sanford Budick et Wolfgang Iser Ă©ds., 77» Translatability of Cultures Figurations of the Space Between, Stanford, Stanford University Press, 1996, p. 10-11. 13 François Laplantine et Alexis Nouss, Le mĂ©tissage, Paris, Flammarion, 1997 ; et, MĂ©tissage, de Arcimboldo Ă  Zombi, Paris, Pauvert, 2001. 14 Jean-Loup Amselle, Logiques mĂ©tisses Anthropologie de l’identitĂ© en Afrique et ailleurs, Paris, Payot, 1990, p. 9-10. 15 Jean-Loup Amselle, Branchements. Anthropologie de l’universalitĂ© des cultures, Paris, Flammarion, 2001, p. 7 et 14. 16 Serge Gruzinski, La pensĂ©e mĂ©tisse, Paris, Fayard, 1999, p. 45. 17 Ibid., p. 315. 18 Je tiens Ă  remercier Jean-Philippe Uzel pour ces informations. 19 L’expression est de Pierre Ouellet, Les identitĂ©s migrantes La passion de l’autre », in Laurier Turgeon Ă©d., Regards croisĂ©s sur le mĂ©tissage, QuĂ©bec, Presses de l’UniversitĂ© Laval, 2002, p. 40. 20 Walter Moser, La culture en transit un nouveau dĂ©fi pour la connaissance ». Communication prĂ©sentĂ©e au colloque du Conseil international d’études canadiennes, Transferts cultures diversitĂ© et mĂ©tamorphoses, tenu Ă  l’UniversitĂ© du QuĂ©bec Ă  MontrĂ©al, MontrĂ©al, 22 au 24 mai 2003. 21 Robert Chaudenson, MulĂątres, mĂ©tis, crĂ©oles », in Jean-Luc Alber, Claudine Bavoux et Michel Watin Ă©d., MĂ©tissages, t. II Linguistique et anthropologie, Paris, L’Harmattan, 1992, p. 25-26. Voir aussi François Laplantine et Alexis Nouss, Le mĂ©tissage, Paris, Flammarion, 1997, p. 7. 22 CitĂ© dans BĂ©atrice Didier, Le mĂ©tissage de L’EncyclopĂ©die Ă  la RĂ©volution de l’anthropologie Ă  la politique », in Jean-Claude Carpanin Marimoutou et Jean-Michel Racault Ă©ds., MĂ©tissages, t. I LittĂ©rature-Histoire. Paris, L’Harmattan, 1992, p. 11. 23 Sylviane Albertan-Coppola, La notion de mĂ©tissage Ă  travers les dictionnaires du xviiie siĂšcle », in Jean-Claude Carpanin Marimoutou et Jean-Michel Racault Ă©ds., op. cit., p. 42. 24 Jean-Luc Bonniol, Introduction », in Jean-Luc Bonniol Ă©d., Les paradoxes du mĂ©tissage, Paris, Éditions du CTHS, 2001, p. 9. 25 Voir Ă  ce sujet, les travaux trĂšs complets de François Laplantine et Alexis Nouss, Le mĂ©tissage, op. cit. ; François Laplantine et Alexis Nouss, MĂ©tissage, de Arcimboldo Ă  Zombi, Paris, Pauvert, 2001. 26 Jonathan Friedman, From roots to routes Tropes for trippers », in Anthropological Theory, vol. 2, n° 1, 2002, p. 33. 27 Le MusĂ©e de la civilisation de QuĂ©bec a exploitĂ© la mĂ©taphore du tissage pour son exposition sur les mĂ©tissages en 2000-2001. Voir Ivon Bellavance, Chaque arbre illustre une pensĂ©e sur le mĂ©tissage », in Pauline Beaudin et Marie-Charlotte De Konink Ă©ds., MĂ©tissages, QuĂ©bec, MusĂ©e de la civilisation, 2001, p. 61-70. Au xviiie siĂšcle, la toile mĂ©tisse » dĂ©signe un tissu composĂ© d’un mĂ©lange de fils de coton et de lin. 28 Chaudenson, MulĂątres, mĂ©tis, crĂ©oles », p. 25-26. 29 Vertus Saint-Louis, L’usage du vocable crĂ©ole Ă  Saint-Domingue et le façonnement de l’imaginaire de l’haĂŻtien de 1804 ». Communication prĂ©sentĂ©e au colloque, Situations crĂ©oles pratiques et reprĂ©sentations, UniversitĂ© du QuĂ©bec Ă  MontrĂ©al, MontrĂ©al, 29 et 30 mai 2003. 30 Anne-Marie Losonczy, Le criollo et le mestizo. Du substantif Ă  l’adjectif catĂ©gories d’apparence et d’appartenance en Colombie hier et aujourd’hui ». Communication prĂ©sentĂ©e au colloque, Situations crĂ©oles pratiques et reprĂ©sentations, UniversitĂ© du QuĂ©bec Ă  MontrĂ©al, MontrĂ©al, 29 et 30 mai 2003. 31 Jacqueline Bardolph, Etudes poskoloniales et littĂ©rature, Paris, HonorĂ© Champion Editeur, 2002, p. 19. 32 Ania Loomba, Colonialism/ Postcolonialism, New York, Routledge, 1998, p. 22. 33 Frantz Fanon, Les damnĂ©s de la terre, Paris, Maspero, 1963, p. 31-32. Voir aussi Frantz Fanon, Peau noire, masques blancs, Paris, Le Seuil, 1952. 34 Ania Loomba, op. cit., p. 15. 35 Jean BernabĂ©, Patrick Chamoiseau et RaphaĂ«l Confiant, Éloge de la crĂ©olitĂ©, Paris, Gallimard, 1989. 36 Edouard Glissant, PoĂ©tique de la relation, Paris, Gallimard, 1990 ; Introduction Ă  une poĂ©tique du divers, MontrĂ©al, Presses de l’UniversitĂ© de MontrĂ©al, 1995 ; TraitĂ© du Tout-Monde, PoĂ©tique IV, Paris, Gallimard, 1997. 37 Robert Baron et Anna C. Cara, Creolization and Folklore. Cultural Creativity in Proccss », in Journal of American Folklore, vol. 116, n° 459, 2003, p. 4-5. 38 Michel-Rolph Trouillot, The CrĂ©ole Millenium Caribbean Lessons for the 21st Century ». Communication inaugurale au colloque Mestizaje/ CrĂ©olitĂ© Topologies of Race in the Circum-Caribbean, Franke Institute for the HumanitĂ©s, UniversitĂ© de Chicago, Chicago, 2-3 octobre 1999. 39 Edward W. SaĂŻd, Orientalism, New York, Random House, 1978. 40 Dipesh Chakrabarty, Subaltern Studies and Postcolonial Historiography », in Nepantla Views from the South, vol. 1, n° 1, 2000, p. 9-32 ; et Jacques Pouchepadass, Les Subaltern Studies ou la critique postcoloniale de la modernitĂ© », in L’Homme, vol. 156, 2000, p. 161-185. 41 Salman Rushdie, Patries imaginaires, Paris, Christian Bourgois, 1993 Imaginauy Homelands, Londres, Cranta, 1981 ; et Les enfants de minuit, Paris, Plon, 1997 Midnight’s Children, Londres, Jonathan Cape, 1981. Pour une bonne synthĂšse de l’Ɠuvre de Rushdie, voir Sherry Simon, La scĂšne de l’écriture. L’Ɠuvre de Salman Rushdie, in Pierre Ouellet, Simon Hard, Jocelyne Lupien et Alexis Nouss Ă©ds., IdentitĂ©s narratives MĂ©moire et perception, QuĂ©bec, Presses de l’UnversitĂ© Laval, 2002. 42 Homi Bhabba, Signs Taken for Wonders Questions of Ambivalence and Authority Under a Tree Outside Delhi, May 1817 », in Critical Inquiry, vol. 12, n° 1, 1985, p. 144-165. 43 Homi Bhabha, The Location of Culture, Londres, Routledge, 1994, p. 44. 44 Benjamin R. Barber, Jihad vs McWorld, New York, Ballantine Books, 1995, p. 25-32. 45 Jean-Loup Amselle, La mondialisation. Grand partage ou mauvais cadrage », in L’Homme, vol. 156, 2000, p. 207. 46 Voir, entre autres, Ulf Hannerz, The Gobai Ecumene », in Ulf Hannerz, Cultural Complexity Studies in the Social Organization of Meaning, New York, Columbia University Press, 1992, p. 217-311 ; Arjun Appadurai, Modernity at Large. Cultural Dimensions of Globalization, Minneapolis, University of Minnesota Press, 1996, p. 27-47. 47 Gayatri C. Spivak, Three Women’s Texts and a Critique of Imperialism », in Henry Louis Gates, Race, Writing and Difference, Chicago, University of Chicago Press, 1986, p. 270. Voir T. K. Biaya, Femmes, spiritualitĂ© et pouvoir dans les rĂ©cits de la Nouvelle-France et du Kongo xviie-xviiie siĂšcles », in Laurier Turgeon, Denys DelĂąge et RĂ©al Ouellet Ă©ds., Transferts culturels et mĂ©tissages AmĂ©rique-Europe xvie-xxe siĂšcle, QuĂ©bec, Presses de l’UniversitĂ© Laval, 1996, p. 527-549. 48 Catherine E. Walsh, The Rearticulation of Political Subjectivities and Colonial Difference in Ecuador », in Nepantla Views from the South, vol. 3, n° 1, 2002, p. 61-68. 49 Slovoj Zizek, Multiculturalism, or the Cultural Logic of Multinational Capitalism », in New Left Rwiew, vol. 225, 1997, p. 44. 50 Jonathan Fncdman, From roots to routes Tropes for trippers », in Anthropobgical Theory, vol. 2, n° 1, 2002, p. 25-26 ; et Robert J. C. Young, Colonial Desire Hybridity in Theory, Culture and Race, Londres, Routledge, 1995, p. 10. 51 Richard Price et Sally Price, Shadowboxing in the Mangrove », in Cultural Anthropology, vol. 12, n° 1, 1997, p. 7. 52 Ibid., p. 11 notre traduction. 53 Ce vocabulaire a aussi Ă©tĂ© relevĂ© par Richard et Sally Price, op. cit., p. 23, ainsi que l’importance du mot rhizome », exprimant l’idĂ©e contraire Ă  celle d’un enracinement unique, celle de racines flottantes », s’étendant dans toutes les directions. On pourrait ajouter que ces racines multiples font rĂ©fĂ©rence Ă  un passĂ© composite, mais que cette idĂ©e fait rĂ©fĂ©rence au passĂ©, non Ă  l’avenir de la crĂ©olitĂ©. 54 Margery Fee, Who Can Write as Other », in Bill Ascroft, Gareth Griffiths, Helen Tiffin, The Post-Colonial Studies Reader, Londres, Routledge, 1995, p. 242-243. 55 Gareth Griffith, The Myth of Authentiaty, in ibid., p. 241. 56 GĂ©rard Collomb, EthnicitĂ©, nation, musĂ©e, en situation postcoloniale », in Ethnologie française, vol. 29, n° 3, 1999, p. 333. 57 Daniel A. SĂ©gal, Resisting Identities A Found Theme », in Cultural Anthropology, vol. 11, n° 4, 1996, p. 431-434. 58 Rosalind Shaw et Charles Stewart, Introduction Problematizing Syncretism », in Rosalind Shaw et Charles Stewart Ă©ds., Syncretism I Anti-Syncretism The Politics of Religions Synthesis, Londres, Routledge, 1994, p. de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier Laurier Turgeon, Les mots pour dire les mĂ©tissages jeux et enjeux d’un lexique », Revue germanique internationale, 21 2004, 53-69. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Laurier Turgeon, Les mots pour dire les mĂ©tissages jeux et enjeux d’un lexique », Revue germanique internationale [En ligne], 21 2004, mis en ligne le 19 septembre 2011, consultĂ© le 17 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page

Lapolitique de concurrence n’a cessĂ© d’évoluer depuis la fin du 19Ăšme siĂšcle Ă  travers le monde. Une histoire indissociable de l’économie telle que nous la connaissons aujourd’hui. Retour sur les moments qui ont marquĂ© l’histoire de la concurrence et sur quelques grands concepts du droit de la concurrence et leur application en France.

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 La fin du mois d’octobre et le dĂ©but du mois de novembre sont marquĂ©s par des cĂ©lĂ©brations funĂšbres. L’occasion de nous questionner sur l’orthographe et le sens des mots et expressions liĂ©s Ă  la mort. Savez-vous vraiment Ă©crire les noms chrysanthĂšme et macchabĂ©e, accorder correctement le participe passĂ© dans la phrase Il nous a quittĂ©s » ? N’ayez crainte, voici de quoi Ă©clairer votre lanterne. ORTHOGRAPHE ChrysanthĂšme Le nom de cette fleur automnale, utilisĂ©e pour orner les tombes Ă  la Toussaint, a pour racine les mots grecs khrusos, or », et anthemon, fleur ». Avec son y » et
 Consonnes finales muettes d’oĂč viennent-elles, Ă  quoi servent-elles ? suite Voici la suite de notre premier billet sur les consonnes finales muettes, Ă  l’origine de nombreuses fautes d’orthographe. Rien d’étonnant Ă  cela, puisqu’on ne les entend pas. De plus, elles n’ont pas toujours Ă©tĂ© là
 Si certaines dĂ©coulent directement de la racine latine, d’autres ont Ă©tĂ© ajoutĂ©es plus tard, par relatinisation ». Et si, pour y voir un peu plus clair, l’on se penchait sur l’histoire de cinq noms Ă  la terminaison particuliĂšrement
 discrĂšte » ? choix D’origine picarde, le nom choix s’est d’abord Ă©crit quois, cois puis chois ! Son sens a Ă©galement Ă©voluĂ©. En ancien français, choisir, d’origine germanique, signifiait distinguer par la
 Doubles consonnes d’oĂč viennent-elles, Ă  quoi servent-elles ? fin Jamais deux sans trois ! Voici le dernier volet de notre sĂ©rie sur les doubles consonnes sept nouveaux mots qui doublent leur d », leur g » ou encore leur n ». Et pour vous aider Ă  les mĂ©moriser, on vous explique, Ă©tymologie Ă  l’appui, la raison de ce doublement. addition GĂ©nĂ©ralement, les mots commençant par ad- ne prennent qu’un d » adapter, aduler, adhĂ©sion, adoption
 Mais alors, d’oĂč viennent les deux d » du nom addition ? Du verbe latin addere ajouter, lui-mĂȘme composĂ© de la prĂ©position latine ad et du verbe dare donner. Bien sĂ»r, tous les mots de la mĂȘme famille qu’addition prennent deux
 L’évolution de formidable de redoutable » Ă  merveilleux » partie 2 Nous poursuivrons notre analyse du mot formidable, lequel a connu, au fil du temps, une importante Ă©volution sĂ©mantique. En effet, l’adjectif est passĂ© d’un sens nĂ©gatif Ă  un sens positif. Avant, Ă©tait formidable » ce que l’on craignait, aujourd’hui est formidable » ce que l’on apprĂ©cie. Comment en est-on arrivĂ© Ă  un tel Ă©cart de sens ? AprĂšs avoir analysĂ© le sens premier en s’appuyant sur un album de Tintin, nous nous penchons sur l’acception actuelle, Ă  travers les chansons de Charles Aznavour et de Stromae ! For me, formidable Quand, en 1964, Charles Aznavour chante For me, Formidable, le mot est bien compris au sens
 L’évolution de formidable de redoutable » Ă  merveilleux » partie 1 Au fil du temps, le sens de certains mots de la langue française Ă©volue. Certains passent mĂȘme d’un sens nĂ©gatif Ă  un sens positif. C’est le cas de formidable, champion du grand Ă©cart sĂ©mantique ! Avant, Ă©tait formidable » ce que l’on craignait, aujourd’hui est formidable » ce que l’on apprĂ©cie. Comment en est-on arrivĂ© Ă  un tel glissement de sens ? RĂ©ponse avec Tintin partie 1 puis Charles Aznavour et Stromae partie 2 ! Quiconque relit d’un Ɠil attentif la bande dessinĂ©e de HergĂ© Les Sept Boules de cristal est frappĂ© par l’emploi de l’adjectif formidable. À plusieurs reprises, le mot est prononcĂ© par le capitaine Haddock dans un
 AdultĂšre, biscuit, Lucifer
 Vrai-faux sur l’origine des mots 3e partie L’étymologie a beau ĂȘtre est la recherche du vrai» du grec etumos, vrai », et logos, recherche », des idĂ©es reçues circulent sur l’origine d’un certain nombre de mots. Certes, il y a des glissements de sens qui s’opĂšrent au fil du temps, causant de grands Ă©carts Ă©tymologiques ou des affaiblissements c’est le cas, par exemple, des adjectifs aimable », Ă©tonnĂ© », gĂ©nial » . Mais, la plupart du temps, des mots de formes ou de sonoritĂ©s proches nous mettent sur la mauvaise voie. Pour retrouver notre chemin, voici un nouveau volet de notre vrai-faux sur l’origine des mots » ! Étymologiquement, l’adultĂšre est commis par des
 EspĂšce, glu, qualité  Ces noms fĂ©minins qui n’en ont pas l’air ! Poursuivons notre sĂ©rie sur les fĂ©minins difficiles. AprĂšs les adjectifs comme bĂ©nit, inclus et tabou qui changent bien de forme en changeant de genre, intĂ©ressons-nous Ă  ces noms Ă  la fĂ©minitĂ© discrĂšte », soit parce qu’ils ne prennent pas de e » final et ce n’est pas l’envie d’en ajouter un qui nous manque !, soit parce qu’on s’obstine Ă  les masculiniser. Voici quelques-uns de ces trublions trublionnes » n’existe pas !, Ă©tymologies et exemples Ă  l’appui. espĂšce Il ne vous viendrait pas Ă  l’idĂ©e de dire que le panda est un espĂšce en voie de disparition, n’est-ce pas ? Alors pourquoi persistons-nous Ă  faire d’espĂšce un
 BĂ©nit, inclus, tabou
 Quel est le fĂ©minin de ces adjectifs ? La journĂ©e du 8 mars a fait des droits des femmes une cause internationale. Et si nous aussi, au Projet Voltaire, mettions le fĂ©minin Ă  l’honneur ? Commençons par quelques adjectifs courants qui sont cause de nombreuses erreurs dĂšs qu’il s’agit de changer leur genre. Faut-il ajouter un e » final ou peut-on s’en passer ? Doit-on aller jusqu’à modifier leur terminaison ? Voici de quoi apaiser vos hĂ©sitations ! bĂ©nit —> bĂ©nite Le verbe bĂ©nir a deux participes passĂ©s et adjectifs bĂ©ni et bĂ©nit, qui, au fĂ©minin, donnent bĂ©nie et bĂ©nite. Comment choisir entre les deux ? Avec un t », bĂ©nite se dit de certaines choses
 Inexorable, inexpugnable, inextinguible les adjectifs en inex » Les adjectifs en inex » ne sont pas des rigolos. ComposĂ©s des prĂ©fixes in- nĂ©gation et ex- hors, ils expriment tous une forme d’échec, d’impuissance ou de fatalitĂ©. Heureusement, avec cette petite mise au point, vous n’aurez plus peur de vous mesurer Ă  eux, d’en saisir le sens exact, et de les employer Ă  bon escient. INEXHAUSTIBLE PlutĂŽt que de dire que quelque chose est inĂ©puisable », pourquoi ne pas employer son Ă©quivalent littĂ©raire inexhaustible ? On reconnaĂźt dans cet adjectif le verbe latin exhaurire, vider, Ă©puiser », qui a donnĂ© exhaustif ». S’il existait dĂ©jĂ  en moyen français sous la forme inexhaust, il a certainement Ă©té  Petit traducteur des chansons de notre enfance 2/2 Voici le second volet de notre article consacrĂ© aux chansons de notre enfance et Ă  leurs mots Ă©nigmatiques. Reconnaissons-le, nous les fredonnions sans toujours bien en comprendre le sens ! Et pour cause la plupart d’entre elles, Ă  l’origine des marches militaires, datent du XVIIIe siĂšcle et contiennent des termes d’ancien français qui ont depuis disparu ou dont le sens a Ă©voluĂ©. Mais il est encore temps de corriger le tir Ă  l’aide de ces nouvelles dĂ©finitions Ă  transmettre aux jeunes gĂ©nĂ©rations. GuĂ©rets Mon beau sapin, roi des forĂȘts, que j’aime ta verdure. Quand par l’hiver, bois et guĂ©rets sont
 Petit traducteur des chansons de notre enfance 1/2 Elles nous ont fait rire et danser, elles ont inspirĂ© nos plus beaux dessins, elles nous ont aidĂ©s Ă  trouver le sommeil ce sont
 les chansons de notre enfance ! À l’époque, nous apprenions sagement les paroles sans toujours bien les comprendre. Et pour cause la plupart d’entre elles, Ă  l’origine des marches militaires, datent du XVIIIe siĂšcle et contiennent des mots d’ancien français qui ont depuis disparu ou dont le sens a Ă©voluĂ©. Parce qu’il n’est jamais trop tard, voici la liste non exhaustive des principaux mots qui nous ont Ă©chappĂ©. Blonde AuprĂšs de ma blonde, Qu’il fait bon,

Lesmots, ces gouttes de silence à travers le silence. Un thé au Sahara - Paul Bowles. Les mots conduisent à tout. Entendu dans une interview à la RTBF radio le 20/01/08 - Alain
La grammaire â–ș Les mots invariables â–ș vous ĂȘtes ici Grammaire » Les mots invariablesLes conjonctions de coordination et de subordinationSommaire DĂ©finition Les conjonctions de coordination Les conjonctions de subordination Les conjonctions simples et composĂ©es Remarques Sa phrase pleine, claire, longue pourtant et perpĂ©tuellement enchaĂźnĂ©e de l’une Ă  l’autre par des conjonctions, n’avait pas encore tout Ă  fait secouĂ© le joug du latinisme.Charles-Augustin Sainte-Beuve, Port-Royal, 1842DĂ©finition La conjonction est un mot invariable du discours qui sert Ă  relier deux mots ou groupes de mots Cette mince et pĂąle et fine Juliette Anatole France ; deux ou plusieurs propositions Plus je le frĂ©quente et plus je l’ conjonctions se divisent en deux grands groupes les conjonctions de coordination et les conjonctions de subordination.→ À lire Ă©galement Emploi de quelques conjonctions de coordination Les conjonctions de coordination sont celles qui relient des mots, des groupes de mots, des propositions ou des phrases mais, ou, et, donc, or, ni, car. Elles peuvent marquer l’union et, l’opposition mais, pourtant, l’alternative ou la nĂ©gation ni, ou, la consĂ©quence donc, la conclusion ainsi, enfin.Les conjonctions de coordination se placent entre les Ă©lĂ©ments qu’elles sont chargĂ©es d’unir, ou parfois devant chacun de ses Ă©lĂ©ments ou plusieurs d’entre eux. Elles n’ont pas de fonction Ă  l’intĂ©rieur de la phrase ou de la proposition parce qu’elles sont de purs liens.đŸŽČ Testez vos connaissances ! → Exercice Ă  trous Les conjonctions de conjonctions de subordinationLes conjonctions de subordination sont celles qui introduisent une proposition subordonnĂ©e conjonctive. Elles Ă©tablissent une dĂ©pendance entre les Ă©lĂ©ments qu’elles conjonctions de subordination peuvent avoir des formes simples que, quand, comme, quoique, si, lorsque, etc. ou une forme composĂ©e alors que, pour que, dĂšs que, tandis que, etc. On pourrait les appeler locutions conjonctives de la liste des principales locutions conjonctives de subordination Ă  cause que emploi vieilli, Ă  ce que, Ă  condition que, afin que, ainsi que, alors que, Ă  mesure que, Ă  moins que, aprĂšs que, Ă  proportion que, Ă  telle enseigne que, attendu que, au cas que oĂč, au fur et Ă  mesure que, au lieu que, aussi bien que, aussitĂŽt que, autant que, avant que, bien que, cependant que, comme quoi, d’autant plus que, d’autant que, de ce que, de crainte que, de façon que, de maniĂšre que, de mĂȘme que, de peur que, depuis que, de sorte que, dĂšs que, durant que, en cas que, encore que, en sorte que, jusqu’à ce que, loin que, lors mĂȘme que, malgrĂ© que, non moins que, non plus que, outre que, parce que, pendant que, plutĂŽt que, pour que, pourvu que, quand mĂȘme, sans que, selon que, si ce n’est que, si peu que, si tant est que, sitĂŽt que, suivant que, tandis que, tant que, vu que, conjonctions simples et composĂ©esCertains grammairiens divisent les conjonctions en simples et composĂ©es.● Les conjonctions simples sont celles qui s’expriment en un seul mot mais, donc, aussi, ou, etc. ● Les conjonctions composĂ©es sont celles qui se forment de plusieurs mots Ă  moins que, soit que, parce que, par consĂ©quent, simples les plus usitĂ©esConjonctions composĂ©es les plus usitĂ©esAinsiCarCependantCommeDoncSiEtQuandNiOuOrPuisQuePourtantLorsqueNĂ©anmoinsToutefoisSinonMaisSoitEnfinPuisqueAu resteAu surplusAinsi queÀ moins queBien queTandis queAussitĂŽt queDe peur quePar consĂ©quentC’est-Ă -direD’ailleursVu queEn outreAu contraireDe plusDe maniĂšre queDe sorte queParce queAlors queRemarques● Si, devant un adjectif ou un adverbe, est lui-mĂȘme adverbe. Exemples Il est si grand. Ne parlez pas si fort. Dans tout autre cas, si est une conjonction qui introduit soit une condition Ă  laquelle correspond une consĂ©quence dans la principale, soit une simple supposition ou Ă©ventualitĂ©. Exemple Si je suis triste, je me trouve grotesque. AndrĂ© Gide● On Ă©crit parce que en deux mots quand la conjonction signifie attendu que. Exemple Parce que vous Ă©tiez jeune, faut-il que vous soyez lĂ©ger ? Par ce que s’écrit en trois mots quand la conjonction signifie par la chose que. Exemple Par ce que vous m’avez dit, j’ai pu juger.● On Ă©crit quoique en un mot quand la conjonction signifie par la chose que. Elle introduit une proposition circonstancielle d’opposition ou de concession suivi normalement du subjonctif. Exemple Quoique les avares soient riches, ils ne sont pas heureux. Quoi que s’écrit en deux mots quand la conjonction signifie quelque chose que. Exemple Quoi que vous entrepreniez, vous ne rĂ©ussirez pas.● Distinguez quand, conjonction, de quant, prĂ©position. La premiĂšre signifie lorsque, Ă  quelle Ă©poque. Exemple Je partirai quand il fera beau. La deuxiĂšme quant est toujours suivie de la prĂ©position Ă , et signifie Ă  l’égard de. Exemple Quant Ă  mes parents, je les aime et les mots invariables L’adverbe Les interjections 🔮 Les conjonctions de coordination et de subordination Les prĂ©positionsArticles connexes Emploi de quelques conjonctions. Exercice Ă  trous Les conjonctions de coordination. Liste des leçons de grammaire. Autres leçons de grammaire Le groupe nominal. – Les mots invariables. – Les fonctions dans la phrase simple. – Les complĂ©ments circonstanciels. – Les propositions subordonnĂ©es. Savez-vous employer correctement les interjections ? Savez-vous former correctement les adverbes ? Autres pages Ă  consulter Leçons de conjugaison. – Leçons de vocabulaire. – Leçons d’orthographe. – Leçons d’expression de livresRecherche sur le site Tendezl’oreille : dans le podcast Les Mots des autres, Courrier international explore chaque mois une thĂ©matique d’actualitĂ© Ă  travers le prisme des langues Ă©trangĂšres et de leur traduction. Courrier international. PubliĂ© le 11 mai 2021 Ă  15h21 Lecture 9 min. Courrier international. Quelques infos sur Sartre Ă  partir de ItinĂ©raires littĂ©raires, XX°s, 2, Hatier – Jean-Paul Sartre 1905 – 1980 – orphelin de pĂšre > enfance avec sa mĂšre chez son grand-pĂšre maternel Charles Schweitzer – brillantes Ă©tudes – liĂ© Ă  Simone de Beauvoir Ă©crivaine engagĂ©e, connue pour son essai fĂ©ministe, Le DeuxiĂšme sexe – Philosophe, il publie des traitĂ©s, comme L’Etre et le nĂ©ant, dans lesquels il dĂ©veloppe et illustre ses thĂ©ories. Il est notamment le chef de file du courant existentialiste français. – Ecrivain, son Ɠuvre est trĂšs variĂ©e romans Les Chemins de la libertĂ©, théùtre Huis clos, essais sur Baudelaire et Jean Genet, articles pour la revue Les temps modernes – AttachĂ© au parti communiste et aux mouvements d’extrĂȘme gauche, il considĂšre comme nĂ©cessaire l’engagement politique de la littĂ©rature. – Sartre est un virtuose du langage, il sait jouer avec les procĂ©dĂ©s d’écriture, les ruptures de ton, la richesse du vocabulaire
 Les Mots de Sartre Autobiographie RĂ©cit de l’enfance de Sartre de 1905 Ă  1917 Il y raconte comment son grand-pĂšre a favorisĂ© sa vocation littĂ©raire, en imposant une idĂ©ologie. A travers son exemple, Sartre cherche Ă  dĂ©noncer les manipulations des adultes sur les enfants. Dans la seconde partie Ă©crire », il cherche Ă  dĂ©mystifier la littĂ©rature. Dans la premiĂšre partie, lire » il multiplie les anecdotes et les souvenirs. Vocabulaire Spadassine adjectif construit Ă  partir du nom spadassin » qui dĂ©signe un tueur Ă  gages ou un amateur de duels Ă  l’épĂ©e. S’accoter = s’appuyer contre un support Contemporain qui vit Ă  la mĂȘme Ă©poque que lui Mes pairs = ceux qui occupent le mĂȘme rang que moi Un gringalet = garçon frĂȘle, de constitution fragile Feignait imparfait de feindre faisait semblant BenĂȘt garçon d’une simplicitĂ© naĂŻve Orgueil estime excessive de soi, qui porte Ă  se placer au-dessus des autres Solliciter ici prier quelqu’un de consentir Ă  faire quelque chose Quelles sont les deux parties de ce paragraphe ? Donnez un titre Ă  chacune. – du dĂ©but Ă  n’intĂ©ressait personne » confrontation solitaire Ă  la rĂ©alitĂ© – de Ma mĂšre » Ă  la fin la rĂ©action de sa mĂšre et le regard critique du narrateur Quel est le lien entre ce texte et le titre du parcours ? – dans ce passage autobiographique, Sartre 59 ans au moment de l’écriture porte un regard critique et prend du recul en se souvenant du Sartre qu’il Ă©tait quand il avait huit ans. Cela correspond bien au thĂšme soi-mĂȘme comme un autre, car mĂȘme si l’on dit que dans une autobiographie auteur = narrateur = personnage, en rĂ©alitĂ© la personne a changĂ© entre son enfance et l’ñge adulte. Soi-mĂȘme en tant qu’identitĂ©, Sartre adulte, se souvient et observe avec un regard d’adulte l’autre Sartre, le petit garçon qu’il a Ă©tĂ©. – D’autre part, Sartre enfant vivait deux vies une rĂ©elle et une imaginaire. Soi-mĂȘme, c’est-Ă -dire Sartre rĂ©el le gringalet », passait beaucoup de temps Ă  s’imaginer comme un autre musculature athlĂ©tique ». Quel regard Sartre Ă©crivain porte-t-il sur Sartre enfant ? Son regard est particuliĂšrement ironique. Il se moque avec humour de son envie de jouer avec les autres, de son dĂ©calage entre ses rĂȘves et la rĂ©alitĂ©, du regard portĂ© par sa mĂšre sur lui. ProblĂ©matiques possibles Quel regard Sartre Ă©crivain porte-t-il sur Sartre enfant ? Ou Quelle est cette autre vĂ©ritĂ© qu’il prĂ©sente ici ? On peut montrer que dans ce texte Sartre adulte porte un regard ironique sur l’enfant qu’il Ă©tait. Enfant, sa confrontation au rĂ©el lui fait prendre conscience de sa solitude et de sa diffĂ©rence. Adulte, il porte un regard d’existentialiste sur ce souvenir. Les autres l’empĂȘchent d’exister en tant qu’ĂȘtre constituĂ© par ses actes et son moi intĂ©rieur. Pour les autres, il est transparent pour les autres enfants ou chosifiĂ© par sa mĂšre. Vous pouvez lire le tableau ci-dessous ou Ă©couter l’explication InterprĂ©tation Citation Analyse Annonce d’un nouvel Ă©lĂ©ment par rapport Ă  ce qui prĂ©cĂšde. Sartre vient d’avouer qu’il menait deux vies. A la fois petit-fils du cĂ©lĂšbre Charles Schweitzer et hĂ©ros d’aventures imaginaires créées Ă  partir des lectures de Michel Strogoff et de Pardaillan Ce passage va nous faire dĂ©couvrir l’autre vĂ©ritĂ© ici annoncĂ©e. Il y avait une autre vĂ©ritĂ© » Adj indĂ©fini autre » Sartre s’appuie sur une anecdote dont il prĂ©cise les circonstances lieu, personnages Ă©poque donnĂ©e plus loin, quand il a huit ans sur les terrasses du Luxembourg, des enfants jouaient » CC de lieu Verbes Ă  l’imparfait Cette anecdote permet de comprendre sa relation aux autres. Opposition entre la proximitĂ© physique et l’indiffĂ©rence. Pour les autres, il n’existe pas. je m’approchais d’eux, ils me frĂŽlaient sans me voir, je les regardais
 » SĂ©rie de propositions juxtaposĂ©es Ă  l’impft, tps du passĂ© et itĂ©ratif actions habituelles, rĂ©pĂ©tĂ©es Formule nĂ©gative sans
 » Alternance de pronoms 1Ăšre / 3Ăšme personnes Par cette expression, il se rabaisse. Mais il permet aussi au lecteur de s’imaginer l’enfant suppliant des yeux pour obtenir l’attention des autres avec des yeux de pauvre » ComplĂ©ment du nom Ă©tonnant, dans le sens de suppliant Sartre exprime ici l’envie qu’il ressentait pour ces enfants du parc. Son exagĂ©ration peut faire sourire. comme ils Ă©taient forts et rapides ! comme ils Ă©taient beaux ! » ces hĂ©ros de chair et d’os » Deux exclamations avec 3 adjectifs valorisants ExagĂ©ration CĂŽtoyer ces enfants le ramĂšne Ă  la rĂ©alitĂ© par opposition au Sartre inventĂ© par son imaginaire musculature, adresse et par les illusions de sa famille intelligence et savoir mon intelligence prodigieuse, mon savoir universel, ma musculature athlĂ©tique, mon adresse spadassine » EnumĂ©ration de qualitĂ©s mises en valeur par des adjectifs mĂ©lioratifs L’attitude de Sartre enfant statique est dĂ©calĂ©e par rapport Ă  celle des autres, dynamique des hĂ©ros » rapides » qui jouaient » je m’accotais Ă  un arbre, j’attendais. » Verbes dĂ©signant des actions statiques L’auteur rend la scĂšne plus vivante. Avance, Pardaillan, c’est toi qui feras le prisonnier » Insertion d’un discours direct Le lecteur peut croire d’abord qu’un des enfants se dĂ©cide Ă  lui parler, en raison de l’expression choisie sur un mot ».et de l’emploi du discours direct les paroles semblent rĂ©elles. Mais le verbe au conditionnel passĂ© nous fait comprendre que l’action ne s’est pas rĂ©alisĂ©e. Sartre est restĂ© seul. Sur un mot du chef de la bande, brutalement jetĂ© 
 j’aurais abandonnĂ© mes privilĂšges Verbe au conditionnel passĂ© > irrĂ©el du passĂ© action non rĂ©alisĂ©e mais choix de ne pas exprimer la condition par si » au dĂ©but Sartre montre qu’il Ă©tait prĂȘt Ă  tout accepter pour partager leurs jeux et faire partie de leur bande. > le lecteur peut avoir pitiĂ© de l’enfant esseulĂ© mais encore une fois les exagĂ©rations sur les rĂŽles Ă©numĂ©rĂ©s font sourire. MĂȘme un rĂŽle muet m’eĂ»t comblĂ© ; j’aurais acceptĂ© de faire un blessĂ© sur une civiĂšre, un mort. » Succession de conditionnels passĂ©s eĂ»t comblĂ©, aurais acceptĂ© » EnumĂ©ration de rĂŽles La vĂ©ritĂ© c’est qu’il n’existe pas pour les autres. Sa confrontation aux autres lui fait prendre conscience avec Ă©tonnement je n’en revenais pas » de ce qu’il est vraiment un gringalet qui n’intĂ©ressait personne ». j’avais rencontrĂ© mes vrais juges, mes contemporains, mes pairs, et leur indiffĂ©rence me condamnait. Je n’en revenais pas de me dĂ©couvrir par eux ni merveille ni mĂ©duse, un gringalet qui n’intĂ©ressait personne. » Rythme ternaire pour Ă©voquer les autres enfants Opposition entre lui et les autres par les pronoms me, je, eux ou adjectifs possessifs mes, leur Sartre Ă©voque la rĂ©action de sa mĂšre. Elle associe l’indiffĂ©rence des autres enfants Ă  la taille de son fils. Sartre rapporte les paroles de sa mĂšre, sans doute entendues souvent, pour dĂ©fendre son fils. Ma mĂšre cachait mal son indignation cette grande et belle femme s’arran-geait fort bien de ma courte taille, elle n’y voyait rien que de naturel les Schweitzer sont grands et les Sartre petits, je tenais de mon pĂšre, voilĂ  tout. » Opposition d’adjectifs grande / courte » grands / petits » elle n’y voyait » Ă  petits » discours indirect libre Sartre enfant apparait comme chosifiĂ©. L’amour de sa mĂšre ne lui permet donc pas non plus d’exister en tant que personne. Elle aimait que je fusse, Ă  huit ans, restĂ© portatif et d’un maniement aisĂ© mon format rĂ©duit passait Ă  ses yeux pour un premier Ăąge prolongĂ© » Vocabulaire employĂ© pour des objets > chosification de l’enfant Le comportement exagĂ©rĂ© de la mĂšre apparait comme Ă©touffant. elle poussait l’amour jusqu’à » et pour me sauver » + feignait » Vocabulaire dĂ©signant le comportement extrĂȘme de la mĂšre Sa mĂšre le pousse Ă  rĂ©agir Qu’est-ce que tu attends, gros benĂȘt ? Demande-leur s’ils veulent jouer avec toi.» Discours direct avec interrogation puis impĂ©ratif et apostrophe dĂ©gradante Sartre explique son refus il ne veut pas prendre le risque d’ĂȘtre rabaissĂ© en jouant un rĂŽle minable. Il laisse implicite les liens cause/consĂ©quence ainsi que les conditions si j’avais demandĂ© Ă  jouer avec eux, j’aurais acceptĂ© les besognes les plus basses, c’est pourquoi ma fiertĂ© me pousse Ă  ne rien demander. C’est certainement Sartre adulte qui a conscience de cette fiertĂ© et des raisons qui l’empĂȘchent d’aller vers les autres. L’enfant se sent juste isolĂ© et diffĂ©rent des autres. Je secouais la tĂȘte j’aurais acceptĂ© les besognes les plus basses, je mettais mon orgueil Ă  ne pas les solliciter. Suite de propositions juxtaposĂ©es ; implicite 9 10+. 1 solution pour : FILTRAGE A TRAVERS DES FILS DE FER TRES SERRES - mots flĂ©chĂ©s et mots croisĂ©s. Solution. Lettres. Options. FILTRAGE A TRAVERS DES FILS français arabe allemand anglais espagnol français hĂ©breu italien japonais nĂ©erlandais polonais portugais roumain russe suĂ©dois turc ukrainien chinois anglais Synonymes arabe allemand anglais espagnol français hĂ©breu italien japonais nĂ©erlandais polonais portugais roumain russe suĂ©dois turc ukrainien chinois ukrainien Ces exemples peuvent contenir des mots vulgaires liĂ©s Ă  votre recherche Ces exemples peuvent contenir des mots familiers liĂ©s Ă  votre recherche password inputs password entries password entry Nombre maximal de tentatives aprĂšs 3 mauvaises entrĂ©es de mot de passe, l'application est fermĂ©e. Maximum number of retries after 3 wrong Password inputs, the application is closed. J'ai besoin d'un enregistreur de frappe capable de suivre les entrĂ©es de mot de passe Internet sur Mon Mac. I need a keylogger that can track internet password inputs on My Mac. DĂ©lai forcĂ© entre les entrĂ©es de mot de passe 2 secondes cela rend pratiquement impossible l'attaque automatisĂ©e des forces brutes pour ouvrir la base de donnĂ©es. Forced delay between Password inputs 2 seconds this makes it virtually impossible for automatized brute-force attacks to open the database. Enregistrement de tous les appuis sur les touches du clavier, entrĂ©es de mot de passe, raccourcis, hotkeys. Mini Key Log Keylogger Records all keystrokes, password inputs, shortcuts and hotkeys. Si vous souhaitez suivre les entrĂ©es de mot de passe Internet sur votre Mac, le meilleur enregistreur de frappe au Mac est votre meilleur choix! 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Beaucoup d'utilisateurs d'iPhone sont tous trop familiers avec l'incidence d'ĂȘtre bloquĂ© de leur propre iPhone parce que l'iPhone a Ă©tĂ© bloquĂ© suite Ă  de multiples entrĂ©es de mot de passe incorrectes. Many iPhone users are all too familiar with the incidence of being locked out of their own iPhone because they forgot the right password for each lock. En principe, toutes les donnĂ©es peuvent ĂȘtre consultĂ©es par des tiers, par exemple les entrĂ©es de mot de passe, les donnĂ©es personnelles, les entrĂ©es dans les formulaires et les champs, etc. In principle, all data can be viewed by third parties, password entries, personal data, entries in forms and fields, etc. Beaucoup d'utilisateurs d'iPhone sont tous trop familiers avec l'incidence d'ĂȘtre bloquĂ© de leur propre iPhone parce que l'iPhone a Ă©tĂ© bloquĂ© suite Ă  de multiples entrĂ©es de mot de passe incorrectes. Many iPhone users are all too familiar with the incidence of being locked out of their own iPhone because the iPhone became disabled after being triggered by multiple incorrect passcode entries. Les entrĂ©es de mot de passe sont cryptĂ©es et uniquement peuvent ĂȘtre obtenues en exĂ©cutant le programme d'installation de SQL Server interactivement pour gĂ©nĂ©rer un nouveau The password entries are encrypted, and can only be obtained by running SQL Server setup interactively to generate a file. DĂ©compte d'EntrĂ©es de Mot de Passe - la clĂ© USB Crypto Drive enregistre le dĂ©compte des tentatives Ă©chouĂ©es. Par exemple, si la clĂ© USB Crypto Drive est retirĂ©e aprĂšs 2 tentatives Ă©chouĂ©es puis rĂ©insĂ©rĂ©e, la clĂ© reprendra Ă  la 3Ăšme tentative Password Entry Count - The Crypto Drive records the failed entry count. if the Crypto is removed after 2 failed attempts and reinserted, the drive will resume with the 3rd attempt Aucun rĂ©sultat pour cette recherche. RĂ©sultats 15. Exacts 15. Temps Ă©coulĂ© 109 ms. Documents Solutions entreprise Conjugaison Synonymes Correcteur Aide & A propos de Reverso Mots frĂ©quents 1-300, 301-600, 601-900Expressions courtes frĂ©quentes 1-400, 401-800, 801-1200Expressions longues frĂ©quentes 1-400, 401-800, 801-1200
Motde passe : Rester connecté. 1. Entre tes données Enregistrement. Nom de joueur : Mot de passe : Confirmer mot de passe : Adresse e-mail : J'accepte les Termes et Conditions. Vous pouvez trouver notre politique de confidentialité ici. Je souhaite recevoir des emails concernant les actualités, les offres et les évÚnements du jeu, mais
français arabe allemand anglais espagnol français hĂ©breu italien japonais nĂ©erlandais polonais portugais roumain russe suĂ©dois turc ukrainien chinois anglais Synonymes arabe allemand anglais espagnol français hĂ©breu italien japonais nĂ©erlandais polonais portugais roumain russe suĂ©dois turc ukrainien chinois ukrainien Ces exemples peuvent contenir des mots vulgaires liĂ©s Ă  votre recherche Ces exemples peuvent contenir des mots familiers liĂ©s Ă  votre recherche password inputs password entries password entry Nombre maximal de tentatives aprĂšs 3 mauvaises entrĂ©es de mot de passe, l'application est fermĂ©e. Maximum number of retries after 3 wrong Password inputs, the application is closed. J'ai besoin d'un enregistreur de frappe capable de suivre les entrĂ©es de mot de passe Internet sur Mon Mac. I need a keylogger that can track internet password inputs on My Mac. 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ï»żLesfables de La Fontaine. Fiche de prĂ©paration (sĂ©quence) pour les niveaux de CM1 et CM2. L'objectif de cette sĂ©quence est "Socle Commun de Connaissances, de CompĂ©tences et de Culture. Langages pour penser et communiquer : - Adapter sa lecture et la moduler en fonction de la nature et de la difficultĂ© du texte. - Pour construire ou
1Les mots que nous employons en tant qu’intervenants sociaux sont essentiels que ce soit entre nous, collĂšgues ou pairs, avec des interlocuteurs qui ont une autre culture professionnelle notamment les Ă©lus et enfin avec les personnes dans la relation d’aide. 2Les Ă©changes entre ces diffĂ©rents acteurs ne sont pas toujours trĂšs clairs ni constructifs on assiste Ă  des dialogues de sourds » ou Ă  des monologues, souvent parce que nous ne prenons pas le temps de dĂ©finir prĂ©cisĂ©ment et concrĂštement ce que recouvrent pour chacun de nous certaines notions. Autrement dit, si le langage est potentiellement crĂ©ateur de possibles, il est souvent source d’impossible ou d’impasse, que ce soit dans la communication ou dans l’action. 3Le temps passĂ© Ă  l’explicitation du point de vue de chacun est nĂ©cessaire afin d’envisager une communication qui fonctionne et donc une action pertinente. Ce temps de la parole Ă©changĂ©e est garante d’une langue qui bouge et qui est vivante. 4En tant que formatrice et assistante sociale [1], je me suis rendu compte qu’il est essentiel de consacrer du temps Ă  la dĂ©finition des mots qui nous Ă©clairent dans notre intervention et dans la transmission du mĂ©tier. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si en 1990 j’ai dĂ©marrĂ© des Ă©tudes en sciences du langage puis Ă  partir de 1993 co-animĂ© un atelier d’écriture. 5Plus tard, j’ai eu la chance de bĂ©nĂ©ficier d’une formation Ă  l’approche centrĂ©e sur le DĂ©veloppement du pouvoir d’agir DPA qui m’a conduite Ă  interroger quelques Ă©vidences sur le sens des jargon professionnel Ă  clarifier6Nous proposons de nous intĂ©resser aux mots venus du terrain et nous nous appuyons sur l’exemple de la notion de posture ». Si celle-ci culmine dans l’usage oral en cours, qu’en est-il du positionnement » ? On peut remarquer que ces deux termes sont rĂ©guliĂšrement pris l’un pour l’autre dans les discours professionnels. On peut se demander s’il existe une diffĂ©rence entre eux d’autant qu’ils sont souvent mis cĂŽte Ă  cĂŽte dans nos paroles. 7Notons que la notion de posture » est apparue plus tardivement que celle de positionnement professionnel », mais qu’elle a envahi littĂ©ralement le jargon du champ social sujet du positionnement8Premier Ă©clairage de cette notion avec la dĂ©finition de C. de Robertis le positionnement est la maniĂšre dont le travailleur social se situe en tension Ă  l’intĂ©rieur des pĂŽles constitutifs de son intervention le cadre lĂ©gislatif des politiques publiques,l’institution employeur, ses missions,l’usager,les valeurs, la dĂ©ontologie professionnelle» De Robertis, 2008, p. 9.DeuxiĂšme Ă©clairage avec la dĂ©finition de Rachel Chamla le positionnement professionnel est un processus de construction qui permet de se positionner mais aussi d’ĂȘtre positionnĂ© dans un environnement dĂ©fini » Chamla, 2010, p 70. Le positionnement apparaĂźt comme un cadre professionnel de rĂ©fĂ©rence pour l’intervenant Ă  la recherche d’un choix entre des forces en tension, convergentes ou divergentes. Le professionnel est tenu de se situer par rapport Ă  un cadre institutionnel, des missions, des politiques publiques, un cadre dĂ©ontologique et Ă©thique, enfin vis-Ă -vis de l’usager. C’est un processus de rĂ©flexion qui conduit Ă  une prise de dĂ©cision dans une situation particuliĂšre et qui rĂ©pond Ă  la question Que dois-je faire dans cette situation ? ». Mais celle-ci est souvent posĂ©e par le professionnel de cette maniĂšre Qu’est ce qui est attendu de moi en tant que travailleur social ? », en privilĂ©giant davantage le point de vue institutionnel que celui de l’ de la posture9Premier Ă©clairage issu de la dĂ©finition de Jacques Ardoino 
 au sens de position. Il faut y entendre le systĂšme d’attitudes et de regards vis-Ă -vis des partenaires, des situations, des objets dans le cadre des recherches ou des pratiques sociales. » citĂ© par Chamla, 2010, p. 72. 10DeuxiĂšme Ă©clairage de Maela Paul La posture dĂ©finit la maniĂšre de s’acquitter de sa fonction ou de tenir son poste. C’est nĂ©cessairement un choix personnel relevant de l’éthique. La posture d’accompagnement suppose ajustement et adaptation Ă  la singularitĂ© de chacun, accueilli en tant que personne. Elle suppose une compĂ©tence Ă  passer d’un registre Ă  un autre. Posture et fonction dĂ©finissent une maniĂšre d’ĂȘtre et de faire dialectiquement liĂ©e. Par la fonction se transmettent les visĂ©es institutionnelles. Par la posture s’incarnent les valeurs d’un professionnel en relation Ă  autrui » Paul, 2004, p. 153. 11Nous retiendrons que la posture se manifeste dans sa relation individuelle Ă  l’autre. On parle de posture d’alliance, de posture d’accompagnement dans l’intervention sociale. 12La posture relĂšverait davantage d’une attitude, d’une conduite Ă  tenir guidĂ©e par des valeurs, que d’une position Ă  occuper ou d’une prise de dĂ©cision dans une situation donnĂ©e. Elle renverrait davantage au soi professionnel » et mĂȘme au soi personnel » Chamla, 2010, p. 64 en phase avec son histoire et son implication, alors que le positionnement se rĂ©fĂšre Ă  d’autres composantes en interaction et en tension au-delĂ  du soi ».Le changement de posture13Dans l’intervention sociale, la posture est souvent liĂ©e au regard posĂ© sur l’usager et Ă  l’attitude qui en dĂ©coule. Or, en tant qu’intervenant, nous avons tendance Ă  voir l’autre au travers de ses carences, de ce qui ne va pas et assez logiquement nous sommes amenĂ©s Ă  rĂ©pondre aux manques. D’ailleurs, nous pourrions dire que nous sommes les spĂ©cialistes de la rĂ©ponse, ce phĂ©nomĂšne qui s’intensifie avec l’augmentation des dispositifs que nous utilisons et qui proposent un listing de solutions en fonction des problĂ©matiques sociales. De son cĂŽtĂ©, l’approche centrĂ©e sur le DPA favorise un changement de regard du fait d’une plus grande prise en compte du point de vue de la personne. L’intervenant va s’appuyer sur la dĂ©finition du problĂšme exprimĂ© par celle-ci c’est-Ă -dire la façon dont elle parle concrĂštement du problĂšme. L’intervenant est expert mais il reconnaĂźt la personne Ă©galement comme un expert elle a une expĂ©rience d’usage. Il va Ă©galement intĂ©grer ses enjeux, c’est-Ă -dire ce qui est important pour elle. S’il veut aider » cette personne, il va lui falloir travailler Ă  partir de comment elle voit son problĂšme et faire avec ses enjeux, mĂȘme si par ailleurs la dĂ©finition du problĂšme par l’intervenant est autre et que ses propres enjeux sont diffĂ©rents. Le changement de posture permet d’amĂ©liorer sa pratique professionnelle, de bouger les lignes et les limites, de changer de lunettes » 
 14L’approche centrĂ©e sur le DPA conduit Ă  un changement de posture nĂ©cessaire Ă  la relation d’aide. Elle nous aide Ă  Ă©couter les mots des gens, ce qu’ils nous disent et que nous n’entendons pas toujours car nous procĂ©dons en permanence Ă  une traduction en langage technique, qui de ce fait nous Ă©loigne de la rĂ©alitĂ© vĂ©cue des personnes. Ces mots ne sont pas les nĂŽtres mais donnent la possibilitĂ© de partir de lĂ  oĂč en sont les gens et de les accompagner lĂ  oĂč ils souhaitent aller. 15Si le regard posĂ© sur les autres change et que notre posture s’en trouve dĂ©calĂ©e, ces autres vont bouger et changer eux-mĂȘmes de posture. De ce dĂ©veloppement sur la posture, nous voici entraĂźnĂ©s Ă  repenser notre mots que nous disons16Des termes qui Ă©taient usitĂ©s il y a quelques annĂ©es sont aujourd’hui dĂ©passĂ©s. D’autres, Ă  force d’ĂȘtre utilisĂ©s Ă  toutes les sauces se vident peu Ă  peu de leur de modes17Il y a des phĂ©nomĂšnes de mode par rapport au vocabulaire de l’intervention sociale. Ainsi, les termes d’inadaptation » ou d’inadaptĂ© social » ont pratiquement disparu. Il en va de mĂȘme pour le client » transformĂ© en usager » et aussi pour la gardienne » devenue assistante maternelle ». Dans cette lignĂ©e, l’insertion » est en phase d’ĂȘtre remplacĂ©e par l’inclusion » sous l’influence des politiques sociales europĂ©ennes 
 Certains mots sont usĂ©s Ă  force d’avoir trop servi. Ils sonnent creux. Citons par exemple les notions de participation », projet », acteur », aide », dĂ©veloppe ment », citoyennetĂ© », autonomie » 
 On sait qu’ils sont tendance », Ă  la mode, incontournables. Il suffit de les placer au bon moment et au bon endroit et on est assurĂ© de l’effet. Mais attention, ces mots-lĂ  fatiguent l’auditoire Ă  la longue, donc il s’agit de passer aux suivants. Par exemple, le dĂ©veloppement durable » qui, Ă  peine dĂ©barquĂ©, nous paraĂźt dĂ©jĂ  s’épuiser. Avant lui, il y avait eu l’aide au dĂ©veloppement » et dans un autre registre le dĂ©veloppement personnel ». 18Les apprenants en formation paraissent particuliĂšrement consommateurs de ces formules toutes faites, par exemple dĂ©velopper une approche globale de la personne », rendre les personnes autonomes », crĂ©er du lien social » 
 Dans ses vidĂ©os, Franck Lepage joue de façon humoristique et ironique sur la construction de discours plaquĂ©s Ă  partir du tirage au sort d’un ensemble de mots qu’il intĂšgre les uns aprĂšs les autres dans n’importe quel ordre. Il montre ainsi que ce qui compte dans le paraĂźtre, ce n’est pas le sens des mots mais leur prĂ©sence. Par exemple, le seul fait d’utiliser le mot solidaritĂ© » montre que je suis solidaire, que je porte cette valeur. 19Un autre point important les dĂ©gĂąts causĂ©s par certaines formules. Par exemple l’usager est au centre du dispositif ». Version cadre territorial ambitieux » entendu lors d’une journĂ©e d’étude, cela donne bien sĂ»r, les usagers sont au cƓur de nos interventions, bien sĂ»r nous travaillons au bĂ©nĂ©fice des gens ». 20Plus on rĂ©pĂšte cette litanie et plus la rĂ©alitĂ© est souvent contraire, c’est-Ă -dire que l’usager est Ă  la pĂ©riphĂ©rie et que l’on pense Ă  lui en dernier. Comme le dirait Deleuze 1991, ce sont des gros concepts » comme il existe des gros mots qui crĂ©ent la confusion21Dans l’intervention, le terme Ă©valuation » dĂ©finit deux Ă©tapes du processus d’aide. La premiĂšre est nommĂ©e diagnostic » ou Ă©valuation sociale » ou Ă©valuation diagnostique », la seconde est appelĂ©e Ă©valuation » au sens de bilan ». Pour nombre de travailleurs sociaux, l’évaluation permet de regarder de façon plus prĂ©cise une situation. Cela dit, si on se rĂ©fĂšre Ă  l’étymologie de ces mots, diagnostiquer » c’est voir Ă  travers alors qu’évaluer c’est donner de la valeur. En mĂ©thodologie de projet, l’évaluation est bien cette phase qui permet d’apprĂ©cier l’évolution de la situation. Elle s’élabore notamment en fonction des objectifs fixĂ©s. 22Par consĂ©quent, il me paraĂźt plus adĂ©quat d’employer diagnostic » pour caractĂ©riser le recueil des donnĂ©es et leur analyse et de conserver le terme Ă©valuation » pour montrer les changements de l’action et de l’intervention. Cette deuxiĂšme dĂ©finition de l’évaluation me paraĂźt intĂ©ressante car elle est largement partagĂ©e par d’autres acteurs de l’intervention sociale et des politiques sociales en gĂ©nĂ©ral. 23Toujours concernant les mots que nous utilisons essentiellement entre nous, il y a ceux qui nous servent Ă  dĂ©signer les personnes qui bĂ©nĂ©ficient de notre aide. Et lĂ , ce n’est pas trĂšs rĂ©jouissant non mots qui obligent24Nous contribuons Ă  imposer une identitĂ© Ă  l’autre chaque fois que nous le dĂ©signons par un aspect qui le caractĂ©rise. La nomination de l’autre par une catĂ©gorie tend Ă  l’enfermer dans une position figĂ©e Ă  l’exemple du Rmiste. La personne est rĂ©duite Ă  une caractĂ©ristique administrative qui lui confĂšre un statut reconnu mais sans reconnaissance. Cette caractĂ©ristique insiste sur les carences. De la mĂȘme façon, quand les gens autour de nous utilisent le terme de cas sociaux » ou cas soc’ », ils dĂ©signent des individus bien diffĂ©rents d’eux. Il existe une frontiĂšre entre le cas soc’ » et les autres. Cette frontiĂšre est Ă©tanche. La formule c’est un cas » donne la tonalitĂ© de l’apprĂ©ciation portĂ©e sur l’autre. La mĂȘme logique existe dans la phrase il est cotorep », pour nommer une personne en situation de handicap. 25L’effet produit est proche de la mĂ©tonymie qui est une figure de style par laquelle la partie nomme le tout. Par ce procĂ©dĂ©, on insiste sur un point qui exclut et catĂ©gorise les personnes. Une tendance existe Ă©galement Ă  s’approprier les gens les miens, ils sont comme ci ou comme ça » ou mes dossiers » ; de la mĂȘme maniĂšre qu’une mĂšre fusionne avec son enfant comme dans il m’a encore fait une rhino ». Si nous signalons que les gens nous appartiennent au travers de nos paroles, qu’en est-il de la place que nous leur laissons en tant que sujets ? 26Selon le terme que l’on utilise pour nommer les personnes que nous rencontrons dans le cadre professionnel, leur place n’est pas la mĂȘme. Sujet », personne », client », usager », patient », assurĂ© », allocataire », bĂ©nĂ©ficiaire », habitant », public » 
 Certaines nominations catĂ©gorisent plus que d’autres et font rentrer les personnes dans des cases prĂ© construites, certainement utiles d’un point de vue administratif et gestionnaire mais beaucoup moins dans une dimension de prise en compte de leur complexitĂ©. On voit bien le danger de la mise en abyme du sujet vers une segmentation de son unitĂ©, une parcellisation de sa situation. Les personnes sont apprĂ©hendĂ©es du cĂŽtĂ© d’un aspect de ce qu’elles sont vis-Ă -vis du service concernĂ© SĂ©cu, Caisse d’allocations familiales, hĂŽpital 
 mais pas dans un ensemble indivisible qui constitue leur humanitĂ©. 27Il me semble important dans la mesure du possible d’utiliser le terme de personnes » qui renvoie Ă  la complexitĂ©. L’individu est anonyme, la personne personnalise, marque la diffĂ©rence et la ressemblance vis-Ă -vis de l’autre personne. Un individu ressemble Ă  un autre individu, une personne est toujours diffĂ©rente d’une autre personne. Elle a la possibilitĂ© de se nommer, de parler Ă  la premiĂšre personne, de se parler en elle-mĂȘme. L’individu dĂ©signe l’ĂȘtre humain en gĂ©nĂ©ral, la personne dĂ©signe l’ĂȘtre humain en particulier dans son intimitĂ©, dans son identitĂ© et sa culture. 28 Personne » vient du latin persona qui dĂ©signe le masque que portaient les comĂ©diens au théùtre grec. Le masque permet de reprĂ©senter un autre personnage que celui qui le porte. D’oĂč l’idĂ©e qu’une personne est multiple elle a plusieurs facettes. Une personne est complexe et apprĂ©hendĂ©e dans sa globalitĂ©. L’autre idĂ©e est que chaque masque raconte une histoire particuliĂšre. Chaque personne est une aventure. Enfin, elle Ă©volue, elle change. Une personne est un soi en devenir l’ipsĂ©itĂ© de RicƓur une identitĂ© en devenir. 29A cĂŽtĂ© des mots qui dominent, il y a ceux qui mots qui excluent30Au sujet de l’exclusion, J. Maisondieu 2010 explique que la dĂ©finition du problĂšme conditionne les solutions Ă  apporter. Or, Le problĂšme est mal posĂ© au dĂ©part ; il est posĂ© par les inclus. Ce n’est pas l’exclu qui s’est exclu mais l’exclu qui est exclu. Il n’est pas auteur de son exclusion mais il la subit. On insiste trop sur l’histoire de la personne pour expliquer son exclusion ; l’exclu est rendu responsable de ce qui lui arrive. 31L’auteur suggĂšre que dans la recherche en sciences sociales on ne se concentre pas uniquement sur les exclus mais Ă©galement sur les inclus d’oĂč vient le mots Ă  interroger et Ă  inventer32Les multiples discours du champ social se brouillent. Les Ă©carts de discours sont de plus en plus marquĂ©s. La profession parle la langue du terrain rĂ©servĂ©e aux intervenants du fait de la complexitĂ© accrue des procĂ©dures, des organisations, des poli tiques sociales et des dispositifs. 33Et que dire des usagers qui se perdent dans le dĂ©dale des sigles derriĂšre lesquels souvent nous nous abritons, nous les experts de la langue administrative ? Les centres de formation sont les VRP » des rĂ©formes. Ils se sont appropriĂ©s le langage des rĂ©fĂ©rentiels, pour autant ont-ils rĂ©ussi la communication autour de ce nouveau langage auprĂšs des sites qualifiants ? Il semblerait que cela ne soit pas tout Ă  fait le cas. Enfin, les Ă©tudiants ou apprenants qui se forment ont tendance Ă  utiliser un discours plaquĂ© qu’ils ont du mal Ă  s’approprier et mĂȘme Ă  interroger. Ils se trouvent pris dans un entre-deux, partagĂ©s entre les mots » qui visent le diplĂŽme d’Etat et ceux qui sont utiles en stage ou dans la pratique. Il y a donc du pain sur la planche » si l’on veut parler Ă  peu prĂšs le mĂȘme langage. 34 Les concepts ne nous attendent pas tout faits, comme des corps cĂ©lestes. Il n’y a pas de ciel pour les concepts. Ils doivent ĂȘtre inventĂ©s, fabriquĂ©s ou plutĂŽt créés, et ne seraient rien sans la signature de ceux qui les crĂ©ent » Deleuze et Guattari, 1991, p. 11. En reprenant cette idĂ©e de construire ensemble les mots qui peuvent nous servir Ă  nous comprendre et comme le suggĂšre P. RicƓur 1990, nous pourrions commencer par nous questionner Ă  leur sujet et interroger les Ă©vidences. 35Que faire face Ă  nos excĂšs langagiers ? Une maniĂšre de rĂ©agir aux abus de langage est de s’en moquer publiquement. Je me souviens de cette intervenante prenant la parole lors d’une journĂ©e d’étude rassemblant une bonne centaine de personnes et expliquant le jeu auquel elle se livre dans ce genre d’assemblĂ©e repĂ©rer les rĂ©pĂ©titions de mots. Et la voilĂ  qui comptabilise le nombre de fois que l’on a ?utilisĂ© tel ou tel mot et de se demander quel sens la surreprĂ©sentation de certains mots revĂȘt. Il est temps d’activer nos capacitĂ©s crĂ©atives, de dĂ©couvrir le plaisir de la langue et peut-ĂȘtre de dialoguer enfin. Notes [1] J’ai travaillĂ© jusqu’en 2008 dans le cadre du Plan dĂ©partemental du Gard au sein d’une artothĂšque.
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